Au fur et à mesure que l’impact sur la croissance se fait sentir, les regards se tournent vers les pays qui disposent de marges budgétaires.
Relance budgétaire, baisse des taux, mesures ciblées pour les entreprises ou les ménages: face à la contamination de l’économie par le coronavirus, les gouvernements et banques centrales du monde entier administrent divers remèdes.
Baisses d’impôt ou augmentation de la dépense, c’est un instrument classique en cas de crise. L’Italie, le pays le plus touché jusqu’à présent par l’épidémie au sein de l’UE, a cassé mercredi sa tirelire et annoncé 25 milliards d’euros pour lutter contre l’épidémie. Une somme identique au fonds de réponse au coronavirus présenté la veille par Bruxelles pour l’ensemble de l’Union européenne.
Au fur et à mesure que l’impact sur la croissance se fait sentir, les regards se tournent vers les pays qui disposent de marges budgétaires. Pour l’instant, Berlin a destiné 12,8 milliards d’euros sur quatre ans à des investissements d’infrastructure, et la chancelière Angela Merkel laisse désormais entendre que la réponse à la crise passera avant le dogme de la rigueur budgétaire.
Le gouvernement britannique dépensera 30 milliards de livres. Aux Etats-Unis, le Congrès a validé un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars mais les marchés trépignent en attendant un vaste programme de soutien à l’économie et aux ménages promis par le président Donald Trump. Le Canada a débloqué 1 milliard de dollars canadiens (640 millions d’euros).
En Asie, Singapour a dévoilé des aides financières pour 4,2 milliards d’euros, et la Corée du Sud envisage un coup de pouce budgétaire supplémentaire de 10 milliards de dollars.
La Chine, l’épicentre du coronavirus qui y a provoqué la mort de plus de 3.100 personnes, a promis une série de nouvelles mesures dont une baisse des impôts.
Les banques centrales, omniprésentes pendant la crise de 2009, sont sur le pont.
La semaine dernière, la Fed a pris une mesure comme elle n’en avait plus décidée depuis lors: elle a abaissé d’un seul coup de 50 points de base ses taux d’intérêts. Elle a été suivie par celle du Canada qui a également baissé ses taux de 0,5 point, et la Banque d’Angleterre a embrayé.
Toutes les banques centrales ne disposent toutefois pas de la même marge de manoeuvre. La BCE ou la Banque nationale suisse (BNS) appliquent déjà des taux zéro voire négatifs et ne peuvent les abaisser beaucoup plus. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, doit annoncer son arsenal jeudi.
La banque centrale chinoise (PBOC) a débloqué fin février des extensions ou des renouvellements de prêts aux entreprises. La banque d’Angleterre, précisant que son action était «concertée» avec celle du gouvernement, va assouplir la règlementation financière afin que les banques puissent financer l’économie réelle.
Différents pays ont annoncé des mesures pour soutenir les entreprises notamment dans les secteurs les plus frappés comme le tourisme. En Suède, par exemple, le gouvernement veut étendre une mesure permettant de réduire le temps de travail et le salaire des employés tout en évitant les licenciements.
Rome va ainsi utiliser son enveloppe pour aider les emprunteurs italiens, notamment à travers la suspension du paiement de certaines échéances de prêts immobiliers et bancaires.
Le Japon a débloqué une enveloppe de 13,4 milliards d’euros pour accorder des prêts sans intérêt aux petites et moyennes entreprises.
Le soutien peut aussi se manifester via des systèmes d’indemnisation pour les salariés en quarantaine. En Espagne, ces derniers seront considérés comme étant en arrêt maladie. En France, les salariés obligés de garder leurs enfants en raison des fermetures de crèches et d’écoles peuvent également être soutenus financièrement.
Jusqu’ici, les Etats et les banques centrales dégainent leurs annonces en ordre dispersé, là où les économistes appellent de leurs voeux une meilleure coordination.
«Nous avons besoin d’une réponse coordonnée par-delà les frontières, que ce soit sur les mesures de confinement et sur la relance économique», dit Charlie Netherton, responsable de l’activité de conseil aux clients de Marsh Risk Consulting.
Mais au final, «pour être franc, aucune relance budgétaire ou monétaire ne peut avoir le même impact qu’un vaccin contre le COVID-19», rappelle la banque ING.