Les entreprises pourront dès ce jeudi solliciter auprès des banques des crédits cautionnés par la Confédération. Le passage au chômage partiel sera facilité.
Aide aux chômeurs et aux entreprises, restriction des exportations de matériel de protection: le Conseil fédéral a annoncé mercredi un nouveau catalogue de mesures face à l’épidémie de COVID-19, dont les cas augmentent mais n’explosent pas. La population est appelée à persévérer dans le suivi des recommandations.
Les nouvelles mesures en soutien des chômeurs et des salariés pour limiter les effets de la crise du coronavirus sur l’économie coûteront quelque 600 millions de francs de plus chaque mois à l’assurance-chômage.
«Nous sommes conscients que nous n’avons pas réglé toutes les questions. Mais l’aide est là et nous travaillons pour qu’elle arrive le plus rapidement possible», a déclaré le ministre de l’économie Guy Parmelin mercredi devant la presse.
Les chômeurs ne devront plus produire la preuve de leurs recherches tant que l’ordonnance sur le COVID-19 sera en vigueur. Ils devront poursuivre leurs efforts, mais ne devront remettre ces preuves qu’au plus tard un mois après l’expiration des mesures de lutte.
Pour éviter que certains n’arrivent en fin de droit durant la crise, tous les ayants droit bénéficieront au maximum de 120 indemnités journalières supplémentaires.
Le passage au chômage partiel sera facilité. Le délai de préavis pour requérir l’indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail est supprimé. Quant à la durée durant laquelle le chômage partiel peut être accordé, elle passe-passe de trois à six mois.
Le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) a enregistré 484’000 demandes de chômage partiel, ce qui représente 9,5% des employés.
M. Parmelin a encore justifié le maintien de l’activité des industries. Les entreprises qui peuvent travailler doivent le faire, a-t-il dit. «Il est indispensable d’éviter une rupture de certaines chaînes de production essentielles pour le pays et d’assurer les bases pour retrouver une activité normale quand le risque aura disparu.»
Les entreprises pourront dès jeudi solliciter auprès des banques des crédits cautionnés par la Confédération. Le Conseil fédéral a adopté l’ordonnance visant à aider les PME en matière de liquidités.
Si la situation ne s’améliore pas d’ici au 19 avril, le Conseil fédéral continuera sur sa lancée même si les finances fédérales vont en souffrir, a assuré le grand argentier Ueli Maurer. Un montant de 20 milliards de francs d’aide est prévu pour le programme gouvernemental.
Les entreprises concernées pourront solliciter auprès de leur banque des crédits de transition à hauteur de 10% maximum de leur chiffre d’affaires annuel, jusqu’à un montant maximum de 20 millions de francs. Pour ce faire, elles devront répondre à certains critères minimaux, et déclarer notamment qu’elles subissent de substantielles pertes de chiffre d’affaires en raison de la pandémie de coronavirus.
Les crédits seront versés rapidement et de manière non bureaucratique jusqu’à un montant de 500’000 francs. Ils seront garantis à 100% par la Confédération et leur taux d’intérêt sera nul. Au-delà, le taux sera de 0,5%.
Les banques pourront compter sur le soutien de la Banque nationale suisse (BNS). Celle-ci leur offrira des facilités de refinancement qui leur permettront de ne pas entamer leur solidité. Afin de protéger l’économie suisse, la banque centrale va également renforcer ses interventions sur les marchés monétaires, a annoncé son président Thomas Jordan.
Alors que des livraisons de matériel de protection en provenance de pays de l’Union européenne restent bloquées, notamment en France et Allemagne, le Conseil fédéral a décidé que ce genre d’exportations (masques, gants, lunettes et blouses) sera désormais soumis à autorisation. L’objectif est d’éviter une pénurie en la matière.
La nouvelle règle vaut dès jeudi. Une exception est prévue pour les pays de l’UE et de l’AELE. «Il s’agit d’une simple mesure de précaution en coordination avec l’UE», a assuré Guy Parmelin.
Sur le front de la propagation de la maladie, la barre des 10’000 cas positifs était pratiquement atteinte mercredi, avec un bilan de 103 morts selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), de 150 d’après un décompte de Keystone-ATS basé sur les annonces des cantons.
Selon le ministre de la santé Alain Berset, le pays s’approche du sommet de la courbe, mais il faut maintenir la discipline. «Ce n’est pas un 100 mètres, c’est un marathon», a-t-il lancé.