Chute du PIB suisse au premier trimestre, plombé par le coronavirus

AWP

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La baisse spectaculaire du PIB s’explique par une chute de la consommation privée, qui s’est contractée de 3,5%, en raison des mesures de restrictions et de l’incertitude liée à la pandémie.

La pandémie de coronavirus et les restrictions mises en place en mars pour endiguer sa progression ont pesé de tout leur poids sur l’économie suisse au premier trimestre. Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 2,6% sur trois mois, après avoir progressé de 0,3% au dernier partiel 2019, indique mercredi le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco).

L’évolution du PIB entre janvier et mars est bien pire que celle escomptée par les économistes interrogés par AWP, qui s’attendaient à un recul entre -1,2% et -2,5%.

L’ampleur de cette baisse trimestrielle est sans précédant depuis plusieurs décennies. Il faut vraisemblablement remonter au choc pétrolier de 1974 pour retrouver pareille contraction sur trois mois.

Les fermetures d’établissements imposées par le Conseil fédéral ont plombé le secteur des services. Principale victime, l’hôtellerie-restauration a enregistré une dégringolade de plus de 23% de sa valeur ajoutée. Le commerce (-4,4%), les transports et la communication (-5,5%) ont également souffert. Le report d’opérations et de traitements non urgents a lui pénalisé la branche santé (-3,9%).

A l’inverse, l’administration publique (+0,8%) et la finance (+2,3%) ont apporté une contribution positive au PIB suisse en début d’année. Aussi bien les exportations que les importations de services s’affichent en repli, de respectivement -4,4% et -1,2%.

La baisse spectaculaire du PIB s’explique aussi par une chute de la consommation privée, qui s’est contractée de 3,5%, en raison des mesures de restrictions et de l’incertitude liée à la pandémie, affirme le Seco. La fermeture des magasins imposée dès le 17 mars a causé une forte régression des ventes de vêtements ou de meubles, mais également des dépenses liées à la mobilité et à la santé.

Demande intérieure au plus bas

Les investissements dans la construction ont également suivi une pente descendante (-0,4%), moins raide cependant que celle des dépenses pour les biens d’équipement (-4,0%). Les services du ministre de l’économie Guy Parmelin constatent que la demande intérieure s’est tassée de 2,7%, la contraction la plus importante «des dernières décennies».

Le choc subi par les partenaires commerciaux de la Suisse a freiné sensiblement le commerce extérieur, avec un impact pour les branches sensibles à la conjoncture comme l’horlogerie, l’industrie des machines et des métaux (MEM) ou des instruments de précision, énumèrent les experts du Seco.

La valeur ajoutée des industries manufacturières a subi le recul le plus important depuis le choc du franc en 2015, avec un repli de 1,3%. Les exportations de marchandises ont cependant continué à progresser, à hauteur de 3,4%, grâce à l’industrie pharmaceutique et chimique, tandis que les importations accusent un repli de 1,1%.

Dans son communiqué, le Seco précise que les statistiques ont été «révisées en détail» afin d’éviter toute distorsion liée à la pandémie, conformément aux recommandations de l’organe européen Eurostat. Une attention toute particulière a notamment été portée aux chiffres du chômage partiel. Des révisions «importantes» ne sont toutefois pas exclues ultérieurement.

«C’est une correction, oui, mais elle n’est pas majeure», affirme à AWP Valérie Lemaigre. La cheffe économiste de la Banque cantonale de Genève relève une certaine «résilience» de l’économie suisse, tout en soulignant le choc subi par certains secteurs, l’hôtellerie-restauration en premier lieu.

En comparaison, l’impact dans le commerce de détail est moindre, mais les disparités entre petits et grands acteurs sont importantes, considère la spécialiste.

Mme Lemaigre insiste sur le recul du secteur de la santé et des services au personnes, qui représente près de 30% des emplois en Suisse et qui a tiré le PIB vers le bas. «A mon avis, c’est le secteur qui va reprendre le plus rapidement.»

Une période de récession est cependant inévitable, puisque la prochain trimestre bouclera sans l’ombre d’un doute sur un nouveau recul du PIB, constate Valérie Lemaigre.

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