L’institut conjoncturel bâlois réduit drastiquement ses prévisions. Sa précédente estimation était de -2,5%.
BAK Economics révise une nouvelle fois à la baisse sa prévision de croissance de l’économie suisse. A la lumière de l’évolution actuelle et d’un repli de la production helvétique de plus de 10% au 2e trimestre, le produit intérieur brut (PIB) devrait chuter de 5,3% sur l’ensemble de l’année. L’institut bâlois attendait jusqu’alors une baisse de 2,5%.
Alors que la pandémie de coronavirus entraîne un «effondrement de l’économie suisse aux proportions historiques», le BAK relève jeudi que l’évolution dépend dans une large mesure de la poursuite du développement de la situation sanitaire. Dès lors, l’incertitude quant aux prévisions demeure «extraordinairement élevée», observe l’institut de recherches économique bâlois.
Si dans leur scénario de base les prévisionnistes bâlois tablent sur une chute du PIB de 5,3% cette année, ceux-ci ramènent le repli à 3,8% dans l’éventualité d’une levée rapide des mesures de blocage et une reprise économique soutenue par des mesures coordonnées au niveau international. Dans le cas d’une évolution moins favorable de la pandémie, le PIB pourrait dégringoler de 11,9% en 2020.
Dans leur scénario de base, jugé le plus probable, les experts rhénans supposent une normalisation hésitante après la levée progressive des mesures de verrouillage durant le 2e trimestre, conformément aux plans du Conseil fédéral. L’hypothèse repose aussi sur l’absence d’une deuxième vague prononcée de nouvelles infections, ainsi que sur un prolongement des restrictions de voyage et d’événements majeurs jusqu’à fin septembre.
Dans ce cas, l’impact négatif des mesures sur l’économie demeure considérable à court terme, avec notamment un effondrement brutal de la consommation privée et des exportations de services. Celles de biens devraient aussi se réduire de manière significative, tout comme les investissements en équipements. Dans ce contexte, le BAK table aussi sur une hausse des faillites et du chômage.
Une fois le point bas du 2e trimestre atteint, une normalisation est attendue en deuxième partie d’année. Reste que l’effet de rattrapage restera limité du fait de l’augmentation du chômage partiel et du chômage. D’autre part, le climat d’incertitude devrait aussi peser sur la reprise de la consommation et des investissements.
A cela s’ajoute la quasi paralysie des secteurs du tourisme, de la gastronomie et l’absence de manifestations d’importance, lesquels resteront soumis à des restrictions considérables en seconde partie d’année. Evoquant la situation internationale, le BAK observe que certains pays européens et les Etats-Unis auront besoin de plus de temps pour contenir le virus. Dès lors, les impulsions venues de l’étranger resteront hésitantes.
Pour 2021, le BAK anticipe une vigoureuse reprise, le PIB de la Suisse devant alors bondir de 5,6%. Même si ce processus devait se poursuivre l’année suivante, le PIB à fin 2022 demeurera inférieur de 1,3% au niveau qu’il aurait atteint sans la pandémie de nouveau coronavirus.
Selon les calculs des économistes bâlois, la perte de valeur ajoutée devrait se hisser à 81 milliards de francs d’ici la fin 2022.