Brics: le Brésil se rapproche de la Chine

AWP

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Les dirigeants du Brésil, de la Chine, de l’Inde, de la Russie et de l’Afrique du Sud se sont réunis jeudi matin à Brasilia. Ils devraient à nouveau fustiger le protectionnisme.

Réunis jeudi à Brasilia, les dirigeants des cinq pays des Brics devraient condamner de nouveau le protectionnisme à l’issue d’un Sommet marquant un net rapprochement entre le Brésil de Jair Bolsonaro et la Chine.

Dans un contexte de guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, le communiqué final, attendu à la mi-journée, pourrait donner le ton des batailles à venir.

Après avoir tenu des rencontres bilatérales et participé à un Forum d’investisseurs mercredi, les dirigeants du Brésil, de la Chine, de l’Inde, de la Russie et de l’Afrique du Sud se sont réunis jeudi matin au Palais Itamaraty pour peaufiner ce texte.

Mercredi soir, lors du forum qui a attiré 500 chefs d’entreprises des cinq pays, le président chinois Xi Jinping a affirmé que «le protectionnisme et l’intimidation ont porté atteinte au commerce international et aux investissements, plombant l’économie mondiale», une référence implicite aux Etats-Unis.

Le président russe Vladimir Poutine avait déclaré pour sa part que les Brics étaient «conscients du fait que la situation de l’économie mondiale demeurait instable et complexe».

Revirement brésilien

Hôte pour la première fois d’un grand sommet international, Jair Bolsonaro a dû jouer les équilibristes, entre son souci de rapprochement avec la Chine, premier partenaire commercial du Brésil, et celui de ne pas froisser son principal allié sur la scène internationale, les Etats-Unis.

«Je n’entre pas dans cette guerre commerciale. Le Brésil fait du commerce avec tout le monde», a affirmé le président d’extrême droite à des journalistes, jeudi matin, avant de se rendre à la réunion avec ses homologues des Brics.

Fervent admirateur du président américain Donald Trump, avec qui il est totalement aligné, Jair Bolsonaro a changé radicalement de position à l’égard de la Chine depuis son arrivée au pouvoir en janvier.

L’an dernier, lors de sa campagne électorale, il s’était attiré les foudres de Pékin en accusant la Chine de vouloir «acheter le Brésil».

Mais le pragmatisme a pris le dessus et le gouvernement brésilien a vite compris qu’il était vital de préserver les relations avec le géant asiatique, débouché de près de 28% de ses exportations, notamment de soja, de viande et de minerai de fer.

Mercredi, les deux pays ont annoncé une série d’accords commerciaux et de promotion des investissements chinois au Brésil. Le ministre de l’Economie Paulo Guedes a de son côté évoqué «des discussions avec la Chine sur la possibilité d’une zone de libre-échange».

Pékin a déjà investi ou promis d’investir 102 milliards de dollars au Brésil de 2007 à 2018, d’abord dans les matières premières, puis l’industrie, la finance, l’énergie et les infrastructures, selon le Conseil des entreprises Brésil-Chine.

Le 5G en ligne de mire

Le président Bolsonaro a déclaré mercredi que la Chine faisait «de plus en plus partie de l’avenir» du Brésil, tout en affichant sa volonté «non seulement d’augmenter, mais aussi de diversifier» les relations commerciales avec Pékin.

Xi Jinping a évoqué pour sa part un «avenir prometteur» pour des relations commerciales entre la Chine et le Brésil, fondée sur «une confiance mutuelle accrue».

Les deux dirigeants s’étaient déjà rencontrés il y a trois semaines à Pékin et le président Bolsonaro avait invité la Chine à participer à des enchères pétrolières début octobre, promettant «une mer d’opportunités».

Les enchères, boudées par l’ensemble des majors, ont été un échec, mais deux groupes chinois se sont associés à la compagnie publique Petrobras pour exploiter les deux blocs les plus importants ayant trouvé preneur.

Mais cette lune de miel avec la Chine sera plus que jamais mise à l’épreuve l’an prochain par le choix crucial de l’opérateur des réseaux de 5G.

Si le Brésil choisit Huawei, cela représentera un terrible affront pour l’administration Trump, qui milite dans le monde entier auprès de ses alliés pour qu’ils fassent comme elle et empêchent le groupe chinois de participer à la construction de ces réseaux de téléphonie mobile à très haut débit.

En juillet, le vice-président brésilien Hamilton Mourao avait déjà annoncé la couleur en affirmant qu’il n’y aurait «aucun veto à Huawei au Brésil».

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