Cap sur l’Afrique du Sud

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Selon Oliver Bell de T. Rowe Price, les entreprises sud-africaines axées sur la croissance domestique sont à leur point d’inflexion.

Érosion de la base manufacturière, corruption au sein des entreprises étatiques, détérioration des normes éducatives et inégalités économiques; une série de problèmes structurels semblent ébranler les perspectives à moyen terme. Néanmoins, T .Rowe Price reste positif sur ce marché. «La dynamique politique, structurelle et macroéconomique qui anime l'économie sud-africaine est en pleine évolution et une analyse plus approfondie au-delà des gros titres permet de découvrir des poches d'opportunités», estime Oliver Bell, T. gestionnaire de portefeuille actions Moyen-Orient, Afrique et frontier markets chez Rowe Price. En effet, compte tenu qui règne déjà sur ce marché, le potentiel de hausse semble plus élevé qu'il ne l'a été depuis longtemps.

Un mandat clair et rigoureux pour Ramaphosa
permettra d’assurer la continuité des réformes.
Malgré un sentiment général très négatif sur l’Afrique du Sud, pour quelles raisons êtes-vous optimiste sur ses perspectives de croissance?

La croissance annuelle réelle du PIB de l'Afrique du Sud n'a été en moyenne que de 1,5% contre une moyenne mondiale de 3,4% au cours des dix dernières années, alors que le marché financier a accusé un retard par rapport aux marchés émergents. Cette période coïncide avec une décennie de désillusions constantes en matière de normes de gouvernance d'entreprise, de leadership et d’institutions. Moody's a conservé en mars la notation de crédits de l'Afrique du Sud à un niveau élevé et ses perspectives sont stables, ce qui soutient quelque peu le sentiment. Toutefois, le risque d'un déclassement à moyen terme demeure. Les réformes économiques vont de l'établissement d'une politique sûre pour les exploitations minières à l'accroissement de la concurrence dans les terminaux portuaires, en passant par la révision de la structure des réseaux électriques du pays et l'élargissement des options de financement pour les petites entreprises. Pour la première fois depuis des années, de réels progrès dans la lutte anti-corruption au niveau du gouvernement et des entreprises étatiques signifient que de nouveaux dirigeants peuvent potentiellement conduire à une amélioration, encore qu'à partir de bases peu encourageantes.

Quels éléments vous font dire que le pays et ses entreprises sont sur le point d’inflexion?

Les élections nationales de mai remportées par Cyril Ramaphosa, de l’African National Congress (ANC), pourraient donner un nouvel élan aux réformes en cours. Un mandat clair et rigoureux pour Ramaphosa permettra d’assurer la continuité des réformes, renforcer la confiance des entreprises et des consommateurs et attirer les investisseurs étrangers.

Les banques sud-africaines bénéficient d’un cadre institutionnel stable,
étant donné la solidité et la réputation de la banque centrale et de la trésorerie.

Bien que les problèmes structurels de l'économie sud-africaine soient encore présents, des signes d’améliorations se dessinent. Si les dirigeants du pays sont en mesure de mettre en œuvre les réformes proposées, le moment est alors propice pour investir dans certaines des entreprises du pays qui pourraient bénéficier d'un meilleur environnement économique.

Dans ce contexte, quels secteurs favoriser?

L'évolution vers la formalisation de la distribution pharmaceutique s’est avérée favorable à nos participations. Le taux de pénétration reste relativement faible, autour de 45%, mais les acteurs dominants gagnent des parts de marché dans un secteur où les barrières sont élevées. Pour exemple, Clicks et Dis-Chem affichent tous deux d'une taille raisonnable qui leur permet de continuer à gagner des parts dans ce secteur défensif, tout en bénéficiant également du segment de distribution sélective, dont la cosmétique représente une source de revenus diversifiée. Nous avons rencontré le nouveau directeur général de Clicks, société qui se concentre sur l'amélioration de la convivialité pour les clients, la différenciation et la personnalisation. La génération de flux de trésorerie disponibles et les rendements devraient s'améliorer au cours des prochaines années à mesure que les dépenses en capital se normaliseront, nous conservons notre participation et notre conviction dans ce titre.

Maintenez-vous des convictions fortes sur le secteur financier?

Notre conviction dans les banques sud-africaines reste importante. Elles bénéficient d’un cadre institutionnel stable, étant donné la solidité et la réputation de la banque centrale et de la trésorerie. Nedbank, la quatrième plus grande banque d'Afrique du Sud, affiche une croissance relativement forte de son bénéfice, grâce à l’augmentation modérée des marges nettes d'intérêt et une meilleure répartition de l’actif. Elle a également mis en place n programme de rationalisation des coûts à moyen terme qui devrait porter ses fruits au cours des prochains trimestres. Nedbank semble avoir une stratégie claire, un positionnement fort sur le marché et se comporte bien. Nous avons également rencontré la direction d'ABSA (anciennement connue sous le nom de Barclays Africa Group), qui est la plus grande banque de détail du pays. Un nouveau chef de la direction arrivera en janvier 2020. Une amélioration du rendement des capitaux propres cette année et une croissance de l'ordre de 18 à 20 % sont attendus en 2020. Ces facteurs devraient soutenir le titre.

A lire aussi...