«Incroyable de voir où va l’une des plus anciennes démocraties du monde. Le Parti conservateur est devenu un parti populiste», s’étonne l’eurodéputé allemand Bernd Lange.
Les Européens restaient mardi «gravement préoccupés» par l’approbation lundi soir au Parlement britannique du projet de loi de Boris Johnson revenant en partie sur les engagements pris dans le cadre du Brexit.
«L’UE reste gravement préoccupée par la violation du droit international que représente ce projet de loi», a réagi une source européenne, qui appelle à ce que les parties du texte jugées illégales soient supprimées.
Contactée par l’AFP, la Commission européenne n’a pas souhaité réagir. Le négociateur en chef pour le Brexit, Michel Barnier, qui ne s’est pas non plus exprimé, doit faire le point sur la situation mercredi avec les Etats membres.
«Incroyable de voir où va l’une des plus anciennes démocraties du monde. Le Parti conservateur est devenu un parti populiste», a réagi auprès de l’AFP l’eurodéputé allemand Bernd Lange (S&D, gauche), membre du groupe de coordination sur le Royaume-Uni au Parlement européen.
«Le Royaume-Uni est en train de jouer sa réputation internationale», a souligné le Luxembourgeois Christophe Hansen (PPE, droite), contacté par l’AFP. «J’ai du mal à comprendre comment on peut signer et voter un accord pour essayer de le rompre seulement quelques mois plus tard», a-t-il ajouté.
Le projet de Boris Johnson, qui viole le droit international de l’aveu même du gouvernement britannique, a franchi lundi un premier obstacle au Parlement britannique malgré la fronde d’une partie du camp conservateur, en étant approuvé par 340 votes pour et 263 contre.
La suite du cheminement parlementaire de ce projet de loi sur le marché intérieur, qui contredit certaines parties de l’accord de retrait de l’UE signé par le Premier ministre britannique il y a moins d’un an, s’annonce cependant plus incertaine.
Le texte remet en cause des dispositions douanières pour l’Irlande du Nord destinées notamment à éviter le rétablissement d’une frontière physique entre la République d’Irlande, membre de l’UE, et la province britannique.
Les Européens ont donné à Londres jusqu’à la fin du mois pour retirer les dispositions controversées, au risque d’une action en justice.
Dans une lettre envoyée au ministre d’Etat britannique Michael Gove, dont l’AFP a pris connaissance mardi, le vice-président de la Commission européenne réitère cet ultimatum.
«Nous demandons au gouvernement britannique de retirer d’urgence ces mesures du projet de loi. Cela devrait être fait avant la fin du mois afin de pouvoir rétablir la confiance», insiste-t-il.
Dans ce contexte, Européens et Britanniques tentent toujours de négocier un accord sur leur future relation commerciale. Mais les dernières discussions n’ont permis aucune percée majeure.
Les deux parties ont affirmé qu’un accord devait être conclu en octobre pour éviter un «no deal» qui se traduirait par des droits de douane entre le Royaume-Uni et le bloc européen et risquerait d’aggraver la crise provoquée par le coronavirus.