Brexit: Boris Johnson pose ses conditions, l’UE les rejette

AWP

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«L’accord de retrait a été rejeté trois fois (...) Ses termes sont inacceptables pour ce parlement et ce pays», a assuré le nouveau premier ministre britannique, réclamant «l’abolition du filet de sécurité» irlandais.

Le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson a posé jeudi ses conditions pour un nouvel accord de sortie de l’Union européenne, des demandes jugées «inacceptables» par le négociateur de l’UE Michel Barnier.

«L’accord de retrait a été rejeté trois fois. (...) Ses termes sont inacceptables pour ce parlement et ce pays», a déclaré pour sa part M. Johnson lors de sa première allocution devant les députés britanniques, au lendemain de sa prise de fonction.

Le dirigeant conservateur a en particulier réclamé «l’abolition» du «filet de sécurité» irlandais, destiné à éviter le retour de contrôles à la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et sa voisine la République d’Irlande, agitant sinon la menace d’une sortie sans accord.

«Inacceptable», a rétorqué le négociateur de l’UE Michel Barnier, usant ostensiblement du même vocabulaire que Boris Johnson. Une «absence d’accord ne sera jamais le choix de l’UE mais nous devons tous être prêts pour tous les scénarios», a-t-il ajouté.

Priorité aux préparatifs du «no deal»

Les dirigeants de l’UE ont toujours répété qu’ils ne rouvriraient pas l’accord de divorce conclu en novembre avec Theresa May, contrainte à la démission après le rejet de ce texte par les députés britanniques. Ils se montrent en revanche ouverts à modifier la déclaration politique jointe à l’accord de retrait, qui jette les bases de la future relation entre le Royaume-Uni et l’UE après le Brexit.

«Je préférerais que nous sortions de l’UE avec un accord», a assuré Boris Johnson, même s’il a annoncé avoir demandé à Michael Gove, son bras droit au gouvernement, de faire de la préparation du «no deal», synonyme entre autres de retour des contrôles aux frontières, une «priorité absolue».

Quoi qu’il arrive, il a promis de faire sortir son pays de l’UE d’ici au 31 octobre, pour faire du Royaume-Uni «l’endroit le plus génial au monde», balayant les prédictions pessimistes en cas de «no deal».

«Nos enfants et petits-enfants vivront plus longtemps, plus heureux, en meilleure santé et plus riches,» a-t-il affirmé. Il a aussi garanti que les ressortissants de l’UE installés au Royaume-Uni pourraient rester dans le pays.

Virage à droite

Il n’a pas encore posé ses valises à Downing Street, où il devrait emménager avec sa compagne de 31 ans, Carrie Symonds, mais à peine arrivé au pouvoir, Boris Johnson a annoncé la couleur en se débarrassant d’une très large partie de l’équipe de Theresa May, et en nommant aux postes clés de fervents «Brexiters» comme Dominic Raab, 45 ans, qui a hérité de la diplomatie, Priti Patel, 47 ans, nouvelle ministre de l’Intérieur, ou Jacob Rees-Mogg, 50 ans, chargé des relations avec le Parlement.

Le chef du Labour, principal parti d’opposition, Jeremy Corbyn, a dénoncé un «gouvernement de droite dure» et prévenu que son parti s’opposerait à tout accord de Brexit qui ne protège pas l’emploi, les droits des travailleurs et l’environnement.

Il a appelé à une manifestation jeudi soir pour demander la tenue d’élections législatives anticipées, estimant que M. Johnson, élu par les seuls militants conservateurs, ne représente pas l’ensemble des Britanniques.

L’éventualité d’un tel scrutin est cependant peu probable, John Curtice, professeur en politique à l’université de Strathclyde, estimant, dans le Telegraph, que ce serait une «terrible erreur pour les Tories» au vu des sondages, qui leur sont peu favorables.

Outre l’opposition, Boris Johnson devra aussi compter sur la résistance au parlement (où il ne dispose que d’une majorité de deux voix, en comptant les élus de son allié nord-irlandais DUP) d’élus conservateurs favorables au maintien de liens étroits avec l’UE. Ainsi, l’ex-ministre des Finances Philip Hammond a annoncé qu’il était prêt à «tout» pour empêcher un Brexit sans accord.

La Première ministre de l’Ecosse, où une large majorité d’électeurs ont voté contre le départ de l’UE, a elle demandé à Boris Johnson de proposer à sa province une «option alternative» à ses projets de Brexit. Mme Sturgeon, qui dirige aussi le parti nationaliste SNP, a souligné que le Parlement écossais étudierait ces prochains mois des textes de loi permettant l’organisation d’un référendum sur son indépendance.

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