BNS: la Suisse a tourné la page d’une politique expansionniste

AWP

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La normalisation des taux des banques centrales à l’échelle mondiale «semble en cours», mais il faut s’attendre à ce que les taux demeurent bas sur le moyen terme, estime le vice-président Fritz Zurbrügg.

«La Suisse et d’autres pays ont tourné la page de la politique macroprudentielle expansionniste au cours des derniers mois», affirme le vice-président de la direction générale de la Banque nationale suisse (BNS) Fritz Zurbrügg. «Certains ont en fait entamé un resserrement de leur politique macroprudentielle».

La raison de ce changement est une situation économique très différente par rapport à celle qui prévalait au début de la pandémie, qui a infligé un choc «sans précédent», justifiant des mesures «d’une ampleur inédite», explique mardi le banquier central dans un discours au Centre international d’études monétaires et bancaires (CIMB) à Genève. «Les conditions qui ont mené à cette politique macroprudentielle accommodante ont disparu», résume-t-il.

La normalisation des taux des banques centrales à l’échelle mondiale «semble en cours», sur fond de forte hausse du taux d’inflation. Néanmoins, il faut s’attendre à ce que les taux demeurent bas sur le moyen terme, estime le Zurichois. La croissance des taux d’intérêt est «freinée par des facteurs structurels tels que la démographie, les inégalités et le niveau élevé de la demande d’actifs sûrs», sur lesquels la politique monétaire n’a pas prise.

Marché hypothécaire vulnérable

La vulnérabilité du marché hypothécaire et de l’immobilier résidentiel s’est accrue avec la pandémie, or ces secteurs sont d’une grande importance pour le système bancaire helvétique. Veiller à la résilience de ce dernier est indispensable «en raison de la part du secteur bancaire dans l’économie, y compris en comparaison avec d’autres pays, et du rôle dominant joué par un nombre réduit d’établissements».

Actuellement, nombre d’indicateurs reflètent «une surévaluation croissante sur le marché de l’immobilier résidentiel», relève le vice-président. La BNS estime que les prix des appartements sont actuellement surévalués de 10% à 35% en Suisse, un ordre de grandeur «plus élevé qu’au début de la pandémie» signale le dirigeant sortant.

A cela s’ajoute «une hausse des risques liés au dépassement de la capacité financière des emprunteurs», mesurés par la progression des ratios prêt/revenus des prêts hypothécaires nouvellement accordés, note le responsable.

Le volant anticyclique sectoriel de fonds propres a été relevé et fixé à un niveau supérieur à celui d’avant la pandémie, en l’occurrence à 2,5%, soit au maximum règlementaire.

L’idée est que les banques doivent «accroître progressivement leurs fonds propres, renforçant ainsi leur résilience, à mesure que les risques cycliques se développent sur le marché du crédit», explique M. Zurbrügg. Une meilleure dotation en fonds propres permet en effet aux instituts de crédit de mieux absorber les chocs en période de crise, car des fonds peuvent alors être libérés pour continuer à octroyer des prêts ou absorber les éventuelles pertes.

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