BCE: Lagarde exige une «réponse coordonnée» face au coronavirus

AWP

1 minute de lecture

La BCE constate une «considérable aggravation des perspectives de croissance à court terme» en zone euro, déclare sa présidente.

La pandémie de coronavirus, «choc majeur» pour l’économie en zone euro, requiert une «réponse budgétaire ambitieuse et coordonnée», a estimé jeudi la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde.

La BCE constate une «considérable aggravation des perspectives de croissance à court terme» en zone euro, a-t-elle expliqué, tout en renvoyant la balle dans le camp des Etats après la série de mesures de soutien monétaire annoncées par la BCE.

Ils devront à la fois «assumer le défi sanitaire» et «limiter l’impact économique», selon Mme Lagarde.

«En particulier, des garanties sur les crédits sont nécessaires en complément et pour renforcer les mesures de politique monétaire annoncées aujourd’hui», a-t-elle détaillé.

L’entrée ou non de la zone euro en récession «va clairement dépendre de la vitesse, de la force et du caractère coordonné» de la réponse «de tous les acteurs», a insisté Mme Lagarde.

La zone euro fait face à la propagation rapide du nouveau coronavirus, qui bouleverse la vie quotidienne jusqu’au bouclage de régions entières et la fermeture de frontières.

Non seulement la pandémie touche les chaînes d’approvisionnement, «perturbant les plans de production dans le secteur manufacturier», mais «les mesures nécessaires de confinement» affectent bien plus largement l’activité, a souligné Mme Lagarde.

Les experts de la BCE prévoient 0,8% de croissance en 2020 selon les projections publiées jeudi, contre 1,4% attendu en décembre. Mais ces prévisions arrêtées au 24 février «ne sont plus à jour» et ne prennent pas en compte les plus récents développements de la maladie.

«Lenteur et complaisance» des gouvernements

La présidente de la Banque centrale européenne a fustigé «la complaisance et la lenteur» des gouvernements «en particulier en zone euro» face au coronavirus, une critique inhabituellement vive des Etats.

«J’espère fortement que lors de la réunion de l’Eurogroupe lundi», il y aura «une avancée décisive et déterminée» vers «cette réponse budgétaire ambitieuse et collective que nous avons réclamée», a-t-elle déclaré.

«Le choc actuel est sévère, mais pourrait être temporaire si les bonnes mesures sont prises par l’ensemble des acteurs», a-t-elle ajouté, s’inquiétant de ce que l’ensemble de la «réponse budgétaire» des Etats membres de la zone euro ne représente «que le quart d’un pour cent du PIB européen».

Les Européens ont pour le moment réagi en ordre dispersé pour contrer les menaces de récession que fait peser l’épidémie de coronavirus sur l’économie du continent.

En Italie, le gouvernement a débloqué lundi 25 milliards d’euros, et annoncé une série de mesures visant à soulager les entreprises et les ménages, dont une «suspension des cotisations sociales et patronales».

En Allemagne, Angela Merkel s’est dit mercredi pour la première prête à abandonner la sacro-sainte règle du zéro déficit budgétaire, débloquant par ailleurs 12,8 milliards d’euros sur quatre ans pour des projets d’infrastructure, mais a refusé tout plan général de relance, préférant des mesures pour faciliter le recours au chômage partiel dans le pays.

L’Autriche a quant à elle débloqué 100 millions d’euros pour le tourisme et 10 millions pour les PME.

Seule ébauche de réponse coordonnée, l’annonce du déblocage d’une enveloppe de 25 milliards d’euros mardi par la Commission européenne, qui a immédiatement nuancé sa portée, estimant qu’elle n’avait pas «vocation à résoudre tous les problèmes économiques» et qu’il ne s’agissait que de «débloquer l’utilisation de fonds existants».

A lire aussi...