Allemagne: deux écologistes et un libéral aux ministères-clés

AWP

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Les titulaires des trois portefeuilles-clés du futur gouvernement sont tous des novices à ce niveau de responsabilité.

Une femme pour mener la diplomatie allemande, un écologiste écrivain à la tête d’un «super» ministère du Climat, un libéral orthodoxe aux Finances: les titulaires des trois portefeuilles-clés du futur gouvernement sont tous des novices à ce niveau de responsabilité.

Le social-démocrate Olaf Scholz doit être officiellement élu mercredi par les députés pour remplacer Angela Merkel à la chancellerie et avec lui les membres de son équipe gouvernementale hétéroclite, allant du centre gauche à la droite libérale en passant par les Verts.

Voici les nouveaux visages attendus aux principaux ministères:

Annalena Baerbock, fermeté avec la Chine

Ancienne championne de trampoline, la candidate malheureuse des Verts à la chancellerie, Annalena Baerbock, va devenir la première femme à la tête du ministère allemand des Affaires étrangères.

Malgré le score historiquement élevé des Verts aux législatives de septembre, cette juriste spécialiste de droit international, âgée de 40 ans, a reconnu avoir fait «des erreurs» durant la campagne qui ont coûté cher à son camp.

Primes défiscalisées non déclarées au Bundestag, curriculum vitae légèrement «gonflé» avant une dévastatrice polémique autour de passages plagiés d’un livre programmatique, Annalena Baerbock a déçu les espoirs de ceux qui rêvaient déjà d’une chancelière écologiste.

Co-présidente des Verts avec Robert Habeck depuis janvier 2018, députée au Bundestag depuis huit ans, cette mère de deux fillettes est diplômée de la prestigieuse London School of Economics.

Annalena Baerbock a promis une politique plus ferme que sous l’ère Merkel à l’égard des régimes autoritaires comme la Chine et la Russie. «A la longue, un silence éloquent n’est pas une forme de diplomatie, même si certains l’ont vu ainsi ces dernières années», a-t-elle lancé la semaine dernière.

Christian Lindner, grand argentier inflexible

Dirigeant du Parti libéral-démocrate (FDP) arrivé troisième lors du scrutin du 26 septembre, Christian Lindner, 42 ans, va s’installer au puissant ministère Finances de la première économie européenne.

Omniprésent dans les médias et les talkshows, il se voit reprocher par ses détracteurs d’avoir instauré un «culte de la personnalité» au sein d’une formation qu’il dirige depuis huit ans et qu’il a sortie de la crise.

Adhérent du FDP dès l’âge de 16 ans, cet amateur de bolides sportifs est élu pour la première fois député en 2009 alors qu’il a du mal à s’imposer auprès des instances de son parti et qu’on le surnomme «Bambi».

En 2017, il rompt les négociations pour former un gouvernement de coalition avec les conservateurs et les Verts sous l’égide d’Angela Merkel. Sous sa direction, le FDP s’est radicalisé, flirtant par moments avec l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), notamment dans la contestation des restrictions anti-Covid.

Opposé à toute hausse d’impôts, notamment pour les plus fortunés, Christian Lindner est également un partisan de l’austérité budgétaire.

Robert Habeck, un philosophe écrivain au Climat

A la tête d’un grand ministère regroupant Economie et Protection du climat, l’écologiste Robert Habeck sera l’un des hommes forts du prochain gouvernement.

Il veut mettre en oeuvre le programme de mesures contre le réchauffement climatique ficelées par les partenaires de la nouvelle coalition, notamment la sortie du charbon dès 2030.

Ce quinquagénaire parfois qualifié de «vert pâle» a définitivement scellé la victoire des «realos», l’aile centriste des Verts moins radicale que les «fundis», en décrochant la co-présidence des Grünen il y a près de quatre ans.

Elu pour la première fois député du Bundestag le 26 septembre, il est considéré comme le «penseur» des Verts.

Pragmatique et réputé pour ses talents d’orateur, il est entré en politique sur le tard il y a une vingtaine d’années, et a forgé son expérience politique au niveau régional en tant que ministre de l’Environnement de la région rurale du Schleswig-Holstein.

Auparavant ce diplômé en Philosophie, père de quatre garçons adultes, était un écrivain à succès grâce aux romans co-signés avec sa femme.

Les Allemands apprécient le style décontracté de ce quinquagénaire qui se laisse filmer en train de repasser lui-même sa chemise --au sol, faute de table à repasser-- avant un rassemblement des Verts.

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