USA: le taux à 2 ans au-dessus du 10 ans, une rareté

AWP

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Ce n’est que la troisième fois en 21 ans, la première depuis 2019, que se produit une telle «inversion».

Le rendement moyen des emprunts d’Etat américains à 2 ans est passé brièvement au-dessus du taux à 10 ans mardi, une rareté que beaucoup d’investisseurs et économistes voient comme annonciatrice d’une récession aux Etats-Unis à moyen terme.

Ce n’est que la troisième fois en 21 ans, la première depuis 2019, que se produit une telle «inversion». Le taux d’intérêt à 10 ans est le plus souvent supérieur au rendement à 2 ans car s’engager sur une durée plus longue présente davantage de risques.

Ce phénomène est très suivi par les marchés, en particulier depuis que les travaux de l’économiste canadien Campbell Harvey ont soulevé, en 1986, l’hypothèse qu’il était annonciateur d’une récession.

Le chercheur avait cependant comparé, lui, le taux à 3 mois à celui à 10 ans, lesquels sont actuellement très loin d’une inversion.

Les huit dernières récessions que les Etats-Unis ont connues ont toutes été précédées d’une inversion de la courbe des taux. Cette dernière est établie en reliant, sur un graphique, tous les taux des échéances les plus courtes (quelques mois) aux plus longues (30 ans).

Avec l’inversion, au lieu de monter, la courbe descend, signe que les taux courts sont plus élevés que les taux longs.

Lundi, le taux à 5 ans était passé au-dessus du rendement à 30 ans pour la première fois depuis 2006. Mardi, le rapport entre les deux est redevenu positif avant de se stabiliser autour de zéro.

«Le compte à rebours de la récession a commencé», a réagi, dans une note, Edward Moya, analyste d’Oanda, «mais la croissance devrait encore être soutenue au moins durant les prochains trimestres».

La théorie veut qu’avec cette inversion, le marché signale qu’il est moins confiant dans la croissance économique à long terme qu’à court terme. Il envisage ainsi une récession à moyen terme, qui contraindrait la Banque centrale américaine (Fed) à baisser ses taux.

«Cela pourrait prendre de huit mois à deux ans» avant que l’économie américaine ne connaisse effectivement une récession, «c’est vraiment très long», a soulevé Tom Cahill, de Ventura Wealth Management.

En outre, le fait que l’inversion n’ait duré que quelques secondes tend à relativiser sa portée, estime l’analyste. «Si c’était pendant un mois...»

«Il y a encore de la marge pour que les marchés montent d’ici à une récession, si la Fed (Banque centrale américaine) fait faire un atterrissage forcé à l’économie», tempère Tom Cahill.

«Ce qui peut prévenir une récession après une inversion», a avancé Chris Low, économiste en chef du cabinet FHN Financial, «c’est un changement de trajectoire de la Fed, qui ne relève pas ses taux autant que prévu ou les baisse après les avoir relevés».

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