USA: le rendement du T-bond à 10 ans dépasse 5%, une première depuis 2007

AWP

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Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a atteint 5,018% vers 11h40, poussé notamment par la perspective que la Fed maintienne ses taux directeurs élevés pour longtemps, afin de lutter contre l’inflation.

Le taux d’intérêt de l’emprunt des Etats-Unis arrivant à échéance dans dix ans a dépassé lundi le seuil des 5%, une première depuis novembre 2007, au début de la crise financière des subprimes.

Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a atteint 5,018% vers 11H40 (09H40 GMT), poussé notamment par la perspective que la banque centrale américaine (Fed) maintienne ses taux directeurs élevés pour longtemps, afin de lutter contre l’inflation.

Une heure après l’ouverture de Wall Street vers 14H30 GMT, ils se repliaient toutefois à 4,89%.

Depuis une semaine, les rendements obligataires américains ont accéléré leur course, frôlant ou touchant brièvement après clôture, le seuil des 5%, du jamais vu depuis 16 ans.

Plusieurs facteurs entrent en jeu. D’abord, des chiffres économiques américains meilleurs que prévu font craindre que la Fed laisse des taux d’intérêt élevés plus longtemps. Les risques géopolitiques au Proche-Orient pèsent également.

Ces taux d’intérêt que rapportent les obligations ou les emprunts d’Etat évoluent en sens inverse du prix de ces titres.

Quand les obligations sont recherchées, leur prix monte mais leur rendement baisse. En revanche, quand elles sont boudés ou orientées à la vente, leur prix baisse mais leur rendement grimpe.

Plus haut plus longtemps

La semaine dernière, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine avait jugé l’inflation américaine toujours «trop élevée» et n’avait pas exclu un relèvement supplémentaire de ses taux directeurs, son principal outil pour lutter contre la hausse des prix.

Dans un rapport publié vendredi, la Fed a aussi estimé qu’»une escalade des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient» ou «une aggravation d’autres tensions géopolitiques pourraient réduire l’activité économique et stimuler l’inflation à l’échelle mondiale», ravivant la nervosité du marché obligataire.

Compte tenu de la solidité actuelle de l’économie, la Fed répète depuis plusieurs mois qu’une baisse de ses taux n’est pas d’actualité et qu’il faudra probablement les maintenir à des niveaux élevés pour un moment, afin de s’assurer que les pressions inflationnistes ne refassent pas surface.

«La hausse des taux longs tient en partie à la résilience de l’économie américaine et au fait que la Fed, même si elle joue la carte de la prudence, continue de souligner le besoin éventuel d’un durcissement supplémentaire de la politique monétaire», résume Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche de LBP AM.

Quel impact?

La montée des taux obligataires a tendance à handicaper les marchés actions, car des crédits plus chers assombrissent les perspectives de profits des entreprises qui ont besoin d’emprunter pour croître et investir.

Cependant, les analystes ne s’expliquent pas complètement la poussée de fièvre récente du marché obligataire.

L’augmentation des montants empruntés par le Trésor américain est un des facteurs qui peut expliquer la hausse des rendements, d’autant plus que l’accélération de l’offre de dette se conjugue à un ralentissement de la demande.

Le Trésor américain vient d’annoncer un déficit budgétaire abyssal de presque 1.700 milliards de dollars pour l’exercice 2022-2023, creusé notamment par l’augmentation du service de la dette, conséquence de la hausse des taux d’intérêt. Cela implique davantage d’émissions d’emprunts pour financer ce déficit.

La Fed est par ailleurs engagée dans un programme dit de resserrement quantitatif, ce qui signifie qu’elle cherche à réduire la taille de son portefeuille de bons du Trésor, jugé trop volumineux.

Pour le consommateur, des taux obligataires plus hauts renchérissent le coût des crédits immobiliers dont la demande est au plus bas depuis presque 30 ans aux Etats-Unis.

La hausse des taux immobiliers --qui atteint autour de 8% pour un crédit à 30 ans-- a fait tomber les reventes de maisons et appartements, en septembre, à leur plus bas niveau depuis 13 ans.

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