Slack, nouvelle licorne à entrer à Wall Street

AWP

2 minutes de lecture

Le spécialiste de la messagerie d’entreprises fait ses débuts via une opération inhabituelle de cotation directe. Les investisseurs apprécient.

Le spécialiste de la messagerie d’entreprises Slack a bondi jeudi pour ses débuts à Wall Street à travers une opération inhabituelle de cotation directe, dernier exemple en date de l’appétit vorace des géants technologiques américains valant plusieurs milliards de dollars pour la Bourse cette année.

Le titre a clôturé sa première séance à 38,62 dollars après avoir été introduit à 38,5 dollars vers 16H00 GMT.

C’est bien au-dessus des anticipations de Wall Street, et près de 50% supérieur au «prix de référence» de 26 dollars fixé la veille par le New York Stock Exchange à titre indicatif.

Cette première clôture de son histoire à Wall Street conférait à Slack une valorisation boursière supérieure à 20 milliards de dollars, soit la troisième entrée en Bourse de l’année en termes de capitalisation boursière derrière Uber et Lyft.

«Il y a eu beaucoup de publicité autour des débuts de Slack, le démarrage en trombe n’est donc pas une surprise», ont réagi les analystes de Briefing. Le titre a également pu profiter d’une séance de forte progression à la Bourse de New York, l’indice S&P 500 ayant même atteint un record.

L’entrée en Bourse de Slack sous le symbole «WORK» a revêtu un caractère particulier par sa procédure inhabituelle appelée la «cotation directe».

Contrairement à une «Initial Public Offering» (IPO) classique, la détermination du prix d’introduction en Bourse est le fruit d’une confrontation entre l’offre et la demande de titres Slack directement sur le marché.

Cette procédure est moins chère qu’une entrée en Bourse classique car elle permet d’éviter à l’entreprise de verser de lourds frais aux banques d’investissement pilotant les IPO classiques, de la recherche d’investisseurs à la détermination d’un prix avant la cotation.

Pas de nouvelles actions

Elle permet, par ailleurs, d’arriver sur les marchés sans avoir à lever de capitaux frais, et donc d’émettre de nouvelles actions, évitant ainsi de diluer la part du capital détenue par les actionnaires. En parallèle, elle offre à ces actionnaires la possibilité de vendre leurs participations s’ils le souhaitent.

Mais cela peut aussi signifier une entrée en Bourse moins bien ficelée, et donc de potentiels ratés le Jour-J. Cet écueil semblait évité pour le moment, à l’instar d’une autre entrée en Bourse de ce type l’an dernier: Spotify.

«Ce chemin a historiquement été suivi par des entreprises beaucoup plus petites, avec comme stratégie de réduire leurs coûts» d’introduction, rappellent les analystes de Pitchbook.

Avant cette entrée en Bourse très attendue de Slack, une bannière violette agrémentée des couleurs bleu, vert, jaune et rouge, les couleurs de l’entreprise, avait été déployée sur la façade du New York Stock Exchange (NYSE), comme le veut la tradition lors des grosses entrées en Bourse sur cette place boursière au sud de Manhattan.

Le PDG de l’entreprise, Stewart Butterfield, a, en outre, sonné symboliquement à 13H30 GMT la cloche qui marque l’ouverture des échanges boursiers.

«C’est un grand jour, et un moment particulièrement joyeux pour permettre aux équipes de profiter du lourd travail effectué», avait affirmé le dirigeant quelques minutes auparavant, interrogé sur la chaîne américaine CNBC. Ce patron a également anticipé une marginalisation de l’e-mail classique à horizon de cinq à sept ans au sein des entreprises, au profit de Slack, qui propose un système de communication plus large.

Cette entrée en Bourse de Slack survient après l’arrivée remarquée cette année de nombreuses entreprises technologiques milliardaires, d’Uber à Zoom Video en passant par Pinterest. Ces entreprises ont toutefois suivi la voie classique pour s’introduire en Bourse, en levant notamment des capitaux.

Ces groupes ont largement participé au mouvement massif de levées de fonds lors des introductions en Bourse cette année à Wall Street. Au total, 34,5 milliards de dollars ont été levés depuis le début de l’année, en hausse de 14% par rapport à l’an dernier à la même période, année déjà la plus prolifique en terme de levées de fonds depuis 2000, selon Dealogic.

A lire aussi...