Les marchés mondiaux terminent la semaine secoués par les menaces brandies par le président américain d’imposer 50% de droits de douane aux produits de l’Union européenne importés aux Etats-Unis à compter du 1er juin et d’une surtaxe de minimum 25% sur les produits Apple.
«Il est très difficile de traiter avec l’UE, qui a été créée en premier lieu pour profiter des Etats-Unis d’un point de vue commercial. (...) Nos discussions ne vont nulle part. Dans ces conditions, je recommande d’imposer 50% de droits de douane sur l’UE, à compter du 1er juin. Il n’y a pas de droits de douane sur les produits fabriqués aux Etats-Unis», a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social.
La Maison Blanche avait initialement prévu de taxer les produits européens à hauteur de 20%, avant d’annoncer dans la foulée une pause de 90 jours sur les droits de douane au-delà de 10%, le temps de laisser les négociations arriver à leur terme, théoriquement le 8 juillet.
Prises par surprise, les bourses européennes ont terminé en baisse vendredi: la Bourse de Paris a chuté de 1,65%, après avoir perdu brièvement plus de 3% en séance, Francfort a reculé de 1,54% et Milan de 1,94%. Londres n’a perdu que 0,24%, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ayant déjà conclu un accord commercial début mai. A Zurich, le SMI a abandonné 0,58%.
A Wall Street, vers 16H00 GMT, l’indice élargi S&P 500 abandonnait 0,82%, le Nasdaq chutait de 1,09% et le Dow Jones reculait de 0,73%.
Résorber le déficit
«Les droits de douanes, combinés à la politique fiscale soutenue par Donald Trump résument les risques auxquelles l’économie américaine est confrontée», commente Nicolas Sopel, stratégiste de la banque privée Quintet.
La Chambre des représentants américaine a adopté jeudi le mégaprojet de loi budgétaire voulu par Trump, qui espère concrétiser certaines promesses phares de sa campagne comme la prolongation de gigantesques crédits d’impôt de son premier mandat.
Selon différents analystes indépendants, prolonger les crédits d’impôts pourrait accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2000 milliards à 4000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.
«Les droits de douane pour essayer de résorber le déficit américain ne sont toutefois pas la solution. Trump ne pourra pas inverser en quelques mois le fait que les Etats-Unis importent plus qu’ils n’exportent». Pour cela, il faudrait «un retour des chaînes de production» aux Etats-Unis, a poursuivi le stratégiste de Quintet.
Le président américain s’en est par ailleurs pris au groupe technologique Apple (-2,55% à Wall Street, à 196,25 dollars), le menaçant d’imposer «au moins 25%» de droits de douane si l’entreprise ne fabrique pas ses iPhone aux Etats-Unis.
Cela porterait «le prix des iPhone à environ 3.500 dollars, ce qui n’est pas réaliste, et il faudrait cinq à dix ans pour rapatrier la production», a commenté Daniel Ives, analyste pour Wedbush.
Les banques plient
«Les investisseurs anticipent le fait que les droits de douane vont faire plonger les deux zones économiques en récession, en bloquant les échanges commerciaux», a commenté auprès de l’AFP Aurélien Buffault, gérant obligataires de Delubac AM.
Une crainte qui peut faire baisser le secteur bancaire en Bourse, le marché anticipant «une moindre demande de crédit» en cas de trop fort ralentissement de l’économie, commente Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.
A la cote européenne, Société Générale a cédé 2,66%, Crédit agricole 1,96%, BNP Paribas 2,14%, Intesa Sanpaolo 3,49%, Monte dei Paschi di Siena 2,82%, UniCredit 2,97% et Barclays 1,03%.
Valeur refuge
Vendredi, les investisseurs se ruaient vers les obligations, une valeur refuge, qui plus est à l’approche d’un week-end de trois jours aux Etats-Unis, où Wall Street restera fermée lundi.
Le rendement obligataire de l’emprunt allemand sur 10 ans atteignait 2,57% vers 16H00 GMT, contre 2,64% la veille à la clôture et le taux des OAT françaises était à 3,26%, contre 3,32% jeudi, portés par les espoirs de baisses des taux de la Banque centrale européenne (BCE).
Sur le marché des changes, le billet vert reculait de 0,62% par rapport à la monnaie unique, à 1,1351 dollar pour un euro.
L’once d’or bondissait de 2,01% à 3.361 dollars.