Les bourses mondiales évoluent dans le rouge lundi après l’annonce de nouveaux droits de douane qui seront imposés par Donald Trump aux principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, propulsant le dollar mais aussi l’or, qui a grimpé jusqu’à un nouveau record.
En Europe, la Bourse de Paris a terminé en baisse de 1,20%, Francfort a perdu 1,40%, Londres 1,04% et Milan 0,69%. A Zurich, le SMI a cédé 0,40%.
Samedi, le président américain a mis à exécution sa menace de s’en prendre aux trois principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, en annonçant qu’il imposerait à partir de mardi 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, et 10% supplémentaires à ceux déjà existants sur les produits chinois.
Cependant, M. Trump a suspendu lundi l’application de cette taxe sur le Mexique, après un échange «amical» avec son homologue mexicaine au cours duquel Claudia Sheinbaum a promis de déployer 10’000 soldats supplémentaires à la frontière.
Cette pause a permis à Wall Street de tempérer ses pertes. Vers 16H45 GMT, le Dow Jones était stable (-0,08%), l’indice Nasdaq reculait de 0,91% et l’indice élargi S&P 500 cédait 0,52%.
Les marchés restent «sous le coup des déclarations et des décisions de Donald Trump sur la guerre commerciale», a relevé Frédéric Rozier, gérant de portefeuilles chez Mirabaud interrogé par l’AFP.
Kathleen Brooks, analyste de XTB, a souligné un «changement majeur de la politique commerciale mondiale».
La menace pèse également sur l’Union européenne. Plusieurs dirigeants ont réagi lundi: le président français Emmanuel Macron a assuré que l’Europe «devra se faire respecter et donc réagir», tandis que le Premier ministre polonais Donald Tusk a jugé les guerres commerciales «inutiles et totalement stupides».
Toutefois, «la complexité de la chaîne d’approvisionnement mondiale pourrait limiter les conséquences des droits de douane», a signalé Kathleen Brooks.
Sur le marché obligataire, une détente des taux s’opère, les investisseurs se détournant des marchés actions pour les obligations perçues comme plus sûres.
«L’or et les bons du trésor font office de valeurs refuges», a expliqué Frédéric Rozier.
Car «si la montée du protectionnisme alimente les pressions inflationnistes, elle jette également une ombre sur les prévisions de croissance économique», a averti Ricardo Evangelista, analyste d’ActivTrades. Par conséquent, «les bons du Trésor deviennent plus attrayants, entraînant une baisse des rendements».
Vers 16H45, le taux de l’emprunt américain à dix ans atteignait 4,51%, contre 4,54% vendredi. Le taux à dix ans allemand s’établissait quant à lui à 2,39% contre 2,45% vendredi.
Nouveau record de l’or, le dollar brille
L’or a été propulsé lundi à un nouveau sommet historique, à plus de 2.830 dollars l’once.
L’annonce des nouveaux droits de douane sur les produits du Canada, de Chine et du Mexique et les possibles taxes sur l’Union européenne (UE) a aussi provoqué un bond du dollar.
La «politique commerciale de l’administration américaine devrait entraîner une hausse de l’inflation dans la première économie mondiale, obligeant la banque centrale (américaine) à maintenir les taux d’intérêt à un niveau élevé pendant plus longtemps», a expliqué Ricardo Evangelista.
Vers 16H45 GMT, le billet vert prenait 0,45%, à 1,0316 dollar pour un euro.
L’automobile et les semi-conducteurs plongent
Les valeurs du secteur automobile, l’un des plus ciblés par mesures américaines, reculent fortement, même si la suspension d’un mois des droits de douane américains sur le Mexique a offert un peu de répit aux sociétés dont les usines de production se trouvent dans ce pays.
A Paris, Stellantis a terminé en baisse de 4,48% et Renault de 0,54%. En Allemagne, Mercedes a cédé 2,90%, Volkswagen 4,10%, Porsche 3,50% et Daimler 2,95%.
Le secteur des semi-conducteurs, dont l’automobile est un grand consommateur, souffre encore de l’effet DeepSeek, et des «menaces chinoises à la domination de l’intelligente artificielle» (IA), a indiqué Kathleen Brooks.
Le géant du secteur Nvidia perdait 2,49% à New York, à 16H45 GMT.
Les «crypto» dans le rouge
Les cryptomonnaies, actifs risqués par excellence, flanchent, pâtissant de l’aversion pour le risque des investisseurs qui liquident pour combler leurs pertes sur d’autres marchés en difficulté.
Vers 16H45 GMT, le bitcoin cédait 2,48% à 98.924 dollars.
Le pétrole stable
Côté pétrole, vers 16H45 GMT, le WTI américain prenait 0,13% à 72,63 dollars, et le Brent de la mer du Nord glissait de 0,07% à 75,61 dollars.