Le taux de l’emprunt allemand de référence repasse en positif

AWP

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A 10h35 le rendement obligataire du Bund évoluait juste au-dessus du seuil de zéro (+0,009%) franchi peu de temps après l’ouverture du marché.

Le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne est repassé mercredi en territoire positif pour la première fois depuis mai 2019, alors que les marchés anticipent un durcissement monétaire à venir sur fond d’inflation persistante en zone euro.

A 09H35 GMT le rendement obligataire du Bund, qui fait référence sur le marché de la dette, évoluait juste au-dessus du seuil de zéro (+0,009%) franchi peu de temps après l’ouverture du marché à 07H00 GMT.

Ce passage dans le vert n’était plus arrivé depuis un assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne en 2019 face à une crainte de récession.

«C’est le résultat de taux d’inflation toujours élevés», de «l’anticipation par le marché d’une augmentation rapide et brutale des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine» et d’une «politique monétaire moins expansive de la Banque centrale européenne», commente Oliver Eichmann, spécialiste des taux chez DWS.

C’est une étape symbolique signalant que les marchés tablent sur une hausse à venir en zone euro des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne, restés à des niveaux historiquement très bas toutes ces dernières années. Ce qui a permis de soutenir l’activité économique.

Réveil de l’inflation

Au plus bas, le rendement du Bund était descendu jusqu’à -0,86% en clôture le 9 mars 2020, selon les données de Bloomberg.

Or, l’inflation s’est réveillée en 2021 en zone euro, surtout en Allemagne, notamment en raison de la hausse des prix de l’énergie et de pénuries de certains composants industriels. La crainte grandit aujourd’hui que ce soit un phénomène plus durable que prévu au départ, ce qui forcerait la Banque centrale européenne à resserrer les vannes du crédit.

Ce contexte explique que les taux d’emprunt des obligations allemandes soient repartis depuis plusieurs mois à la hausse.

«En prenant l’évolution durant l’année 2021 comme référence, alors le rendement du Bund à 10 ans pourrait monter jusqu’à 0,30% cette année», en attirant à nouveau les investisseurs orientés vers le long terme, estime Elmar Völker, analyste à la banque LBBW.

Cela signifie aussi que le gouvernement devra dorénavant payer à nouveau s’il emprunte sur une durée de 10 ans. Pendant trois ans, Berlin a reçu de l’argent d’investisseurs qui voulaient investir en toute sécurité leur argent dans des obligations d’État réputées sans risque.

Le retour en territoire positif des taux d’emprunt de la dette allemande exerce également «une pression à moyen terme - à la hausse - sur les autres emprunts d’État européens» comme l’Italie ou la Grèce, aux économies plus fragiles donc offrant un profil de risque plus élevé, selon Andreas Lipkow, analyste chez Comdirect.

Si un investisseur peut à nouveau obtenir des rendements positifs sur des obligations allemandes, «il ne sera plus disposé à accepter le faible niveau de rendement des autres obligations d’État», argumente-t-il.

BCE encore hésitante

La BCE est cependant encore loin d’avoir sonné la fin de sa politique monétaire expansive.

Elle a fait un premier pas en décembre vers la sortie de son mode de crise, en décidant de la réduction progressive de ses achats obligataires dans le cadre du programme d’achat d’urgence pandémique (PEPP) fort de 1.850 milliards d’euros de rachats de dette

Mais elle souhaite maintenir de bonnes conditions de financement pour ne pas léser l’économie, ce qui reste un frein à l’augmentation globale des rendements des obligations.

Il faudra attendre la fin des rachats nets d’actifs pour voir la première hausse des taux d’intérêt se produire, selon le scénario de la BCE, qui se distingue ainsi de l’action plus volontariste face à l’inflation de la Réserve fédérale américaine, qui compte relever ses taux dès cette année.

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