La chronique des marchés de Vontobel au 9 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq -1,67%, SPX -1,56%, Dow -1,19%, Russell -1,68%, SOX -3,12%, Eurostoxx -1,11%, SMI -1,15%.

Wall Street semble bien fragile ces jours, l’indice S&P500 (SPX) ne parvenant pas à se satisfaire des propos encourageants de Jerome Powell, le patron de la Fed, qui indique que la Réserve Fédérale annoncera prochainement des mesures pour améliorer la liquidité du système bancaire et soulager le marché du repo, qui reste bien tendu depuis quelques semaines. Ce genre de discours constitue d’ordinaire de la douce musique aux oreilles des marchés d’actions. Las, le marché n’en peut plus de l’évolution de la guerre commerciale entre Washington et Pékin. Les discussions doivent reprendre demain et on se demande de plus en plus dans les salles de marché si les protagonistes ont réellement envie de conclure un accord. Hier c’est, une fois est coutume, Donald Trump qui jette de l’huile sur le feu en sanctionnant des entreprises chinoises liées aux répressions contre les minorités du nord-ouest du pays. Pékin réplique, a-t-elle le choix? On peut aussi penser que Donald Trump, qui s’enlise chaque jour un peu plus  dans son affaire de destitution, tente de détourner l’attention du plus grand nombre car, hier il attaque également sur le front de l’affaire ukrainienne en refusant de coopérer avec le Congrès, arguant que cette affaire ne serait pas légitime. Saupoudrez tout cela d’un peu de flou total lié au Brexit et vous y êtes, c’est un brouillard assez épais qui se dresse devant le marché, qui exècre l’incertitude. Résultat? Le SPX pique du nez dans la dernière heure de trading et termine sa séance au plus bas du jour. Les volumes d’échanges restent limités, on revient par ailleurs dans les obligations gouvernementales, le rendement de l’emprunt US à 10 ans baissant à 1,53%. Le Crédit se porte légèrement mieux et le ratio put/call rebondit, les intervenants achetant à nouveau de la protection, ce qui suggère que le SPX pourrait rebondir aujourd’hui, mais toujours dans un contexte de «dead cat bounce». La clôture d’hier n’est pas jolie, à 2893,06, le niveau des 2900  n’a pas tenu et le prochain support se situe à 2885. S’il ne tient pas, ensuite le marché regardera 2735, ce qui nous amène au Vix, l’indice de la volatilité du SPX décollant de 13,55% hier à 20,28. Patience, à partir de 26 on peut racheter le marché. En termes de secteurs, les titres de l’immobilier surperforment alors que l’on délaisse les pharmas, intéressant. Le secteur des semi-conducteurs souffre particulièrement, les entreprises du secteur seront affectées de plein fouet par l'interdiction de vendre des composants aux sociétés chinoises placées sur la liste noire de Washington. Et bien entendu, les valeurs chinoises et liées à la Chine sont délaissées. L’or n’est pas particulièrement recherché, l’once reculant même légèrement en-dessous de 1500 dollars. Le pétrole revient à son niveau de lundi, le WTI Light Crude à 52,48 dollars le baril.

Le fait que le marché n’ait pas réagi positivement au discours de Jerome Powell laisse songeur. Depuis plusieurs mois maintenant, les principaux banquiers centraux de la planète sont sur le pont et injectent de nouvelles liquidités dans le système. C’est ce phénomène qui a permis aux indices d’actions de monter depuis mars 2009. On se disait jusqu’à hier que, tant que le marché recevra sa dose quotidienne, les risques de baisse ne sont pas importants. Hier laisse donc songeur, à digérer et à suivre de très près, ce d’autant plus que la saison des résultats de sociétés US au troisième trimestre débute demain, avec les résultats de Delta Airlines.

Aux Etats-Unis seront publiés l'étude JOLTS sur les ouvertures de postes (14h30) et les stocks pétroliers hebdomadaires (16h30), avant une nouvelle allocution de Jerome Powell (17h00). Hier soir, l'EIA a relevé ses prévisions de production de pétrole aux Etats-Unis en 2019.

Un jury de Philadelphie condamne Johnson & Johnson à 8 milliards de dollars de réparations en faveur d'un plaignant accusant l'antipsychotique Risperdal d'avoir fait pousser sa poitrine. Twitter a présenté ses excuses après avoir utilisé à des fins publicitaires des numéros de téléphone et des adresses e-mail qui ne devaient servir qu'à sécuriser des comptes. Selon Bloomberg, Credit Suisse songerait à revenir dans la banque privée aux États-Unis. Nissan a officiellement nommé Makoto Uchida pour remplacer Hiroto Saikawa au poste de directeur général, mission dans laquelle il sera épaulé par Ashwani Gupta, deux choix a priori favorables à l'Alliance avec Renault et Mitsubishi. Boeing n'a livré que 63 appareils au cours du troisième trimestre, contre 190 un an plus tôt, à cause des déboires du 737Max, toujours cloué au sol. GAM Holding aurait mis un terme à ses discussions avec des repreneurs, notamment Assicurazioni Generali, a appris Bloomberg, mais le groupe suisse a démenti peu après avoir tenu de telles négociations. United States Steel va lancer un plan d'économies. L'Arabie Saoudite pourrait introduire 1 à 2% d'Aramco d'ici la fin de l'année sur son marché domestique. Les autorités réglementaires européennes et allemandes pourraient empêcher Juerg Zeltner de siéger au conseil de surveillance de Deutsche Bank sauf s'il démissionne de son poste chez KBL.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont partagés, Tokyo recule de 0,61% à la cloche, Hong-Kong de 0,62% et Shanghai progresse de 0,32%. Les futures européens indiquent une ouverture en très légère baisse alors que le future SPX progresse de 1 points. Les minutes de la dernière réunion de la Fed seront publiées à 20h, c’est important.

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