La chronique des marchés de Vontobel au 4 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Dow +0,47%, S&P 500 +0,80%, Nasdaq +1,12%, Russell 2000 +0,45%, Sox +1,71%, Eurostoxx +0,12%, SMI +0,03%.

Wall Street passe par tous les états d‘âme. Les trente premières minutes de trading se déroulent dans le calme, jusqu’à 16h, moment de la publication de l’indice ISM Non Manufacturier pour le mois de septembre. Et devinez quoi? Le chiffre n’est vraiment pas beau à voir. Ô, les optimistes diront qu’il ressort au-dessus de 50, ce qui indique une économie en expansion. Certes. Le problème c’est que le marché attendait 55, que le chiffre précédent se situait à 56,4 et que le résultat d’hier est à 52,6. La direction de cet indice semble assez claire. Gros vent de tempête sur les marchés donc, l’indice S&P500 (SPX) chutant brutalement de 2891 à 2855 points en quelques minutes. Et très vite, les intervenants se tournent vers la Fed en se disant que cette dernière va à nouveau jouer son rôle de pompier de service le 30 octobre, date de sa prochaine réunion. Du coup les Fed Funds se mettent à prévoir 90% de probabilités d’une baisse de taux de 25 points de base à cette date… et le marché retrouve le sourire. Les actions reprennent l’ascenseur aussi rapidement qu’elles avaient chuté et le SPX se permet même de clôturer dans le vert, au plus haut de sa séance. Les 11 secteurs de l’indice terminent la journée dans le vert, portés notamment par l’énergie et la tech alors que les financières restent en retrait. La volatilité recule de 7%, l’indice VIX à 19,12. Le pétrole fait du surplace, le WTI Light Crude à 52,63 dollars le baril. Et le dollar s’affaiblit à nouveau, pénalisé par la faiblesse des statistiques économiques du jour. La paire euro/dollar à 1,0975 ce matin. Regardez bien le dollar/suisse qui traite à 0,9992. A parité on peut tenter un short.

Tout va-t-il donc mieux dans le meilleur des mondes? Clairement non. Certes les indices se sont retournés en séance mais le Russell2000 reste en retrait, le rendement de l’emprunt US à 10 ans continue de baisser, ce matin à 1,53%, ce qui indique que de nombreux intervenants recherchent de la protection, le marché obligataire reste tendu, les spreads ne se resserrent pas et le marché se repose sur de l’espoir, la Fed en l’occurence. Non, la hausse d’hier est probablement un phénomène de «dead cat bounce» provoqué par le ratio put/call, qui est fortement monté en début de semaine et a déclenché in fine des couvertures de positions à découvert (short). De plus, aujourd’hui sera publiée la très importante statistiques des créations d’emplois aux Etats-Unis au mois de septembre. Attention à une nouvelle déception… Et ce n’est pas tout, dès la semaine prochaine débute la saison des résultats de sociétés aux Etats-Unis pour le troisième trimestre. Les attentes du marché sont probablement trop optimistes. Prenez JP Morgan par exemple. La firme New-Yorkaise s’attend à une contraction des bénéfices de 4%, ce qui amènerait le SPX à un P/E ratio (Price / Earnings, le rapport cours en bourse vis-à-vis des bénéfices réalisés et/ou estimés) de 19. C’est cher. Enfin, l’hebdomadaire Barron’s note que les paris contre le marché augmentent rapidement à Wall Street. En clair, un nombre croissant d’investisseurs vendent la bourse américaine à découvert (short), dans l’espoir de la racheter plus bas et d’empocher la différence. Le journaliste pense que cela est un signe avant-coureur de marché baissier (bear market).

Tous les regards se tournent aujourd'hui vers les chiffres de l'emploi américain du mois de septembre, qui seront présentés à 14h30. Les économistes attendent en moyenne 145'000 créations d'emploi et 3,7% de taux de chômage, pour une rémunération horaire en hausse de 0,3%. Le patron de la Fed, Jerome Powell, doit prononcer l'allocution d'ouverture d'un événement organisé à Washington à 20h00, mais rien ne dit qu'il entrera dans le détail de la politique monétaire de l'institution.

HP Inc va supprimer sur trois ans entre 7000 et 9000 emplois, jusqu'à 16% de ses effectifs, ce qui coûtera environ 1 milliards de dollars, pour faire face au ralentissement du marché des imprimantes. Apple n'a pas l'intention de lancer sa propre cryptomonnaie, selon son patron Tim Cook, qui plaide par ailleurs pour que l'OCDE tranche la question de l'imposition des multinationales. Facebook a lancé un service de messagerie pour partager des photos avec ses amis proches, dont l'annonce a envoyé Snap au tapis. Partners Group a levé l'équivalent de 371 millions de francs suisses en lançant son fonds PG Global Income Fund sur la bourse de Sydney.

Cette nuit et ce matin en Asie, les marchés traitent dans le rouge à l’exception de Tokyo, qui gagne 0,29% à la cloche, malgré la poursuite de la hausse du yen (une valeur refuge) qui traite à 106,77 contre dollar. La saison des résultats de sociétés débute également la semaine prochaine. À Hong-Kong, l’indice Hang-Seng est sous pression et abandonne 1,44%. A noter un article du Financial Times (FT) qui indique que ce marché est désormais bon marché et que les mauvaises nouvelles sont dans les prix. Shanghai est toujours fermée.  En Europe, les indices ouvrent en légère hausse de 0,2%, un effet de rattrapage de la performance d’hier soir à Wall Street. L’épisode 1548 du Brexit n’as pas donné grand-chose, l’Union Européenne renvoyant Boris Johnson à sa copie en lui demandant de la réécrire plus en détails. Ne le dites à personne mais il parait que le premier ministre britannique a un plan B… Le Cable reste imperturbable, qui traite à 1,2345 dollar. Le future SPX recule de 6 points, ça ne sent pas la franche sérénité dans ce marché. Tout le monde sur le pont à 14h30 pour le chiffre de l’emploi, n’oubliez pas votre gilet.

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