La chronique des marchés de Vontobel au 23 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Nasdaq -0,45%, SPX -0,28%, Dow -0,39%, Russell -0,88%, SOX -2,12%, Eurostoxx +0,01%, SMI +0,22%.

Wall-Street clôture en légère baisse, s’inquiétant encore et toujours des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Le New York Times révèle que la Maison Blanche envisagerait d'ajouter à la liste noire, qui exclut Huawei du marché américain, le nom de 5 autres entreprises chinoises, spécialisées dans la vidéo-surveillance. La Chine est le leader mondial de ce secteur avec des groupes comme Hangzhou Hikvision Digital Technology et Zhejiang Dahua Technology, dont les cours de Bourse ont plongé respectivement de 5,5% et de 5,9% hier à la Bourse de Shenzhen, après ces informations. L'administration Trump soupçonnerait les réseaux de vidéo-surveillance, notamment ceux équipés de la reconnaissance faciale, d'être utilisés à des fins d'espionnage. Les Etats-Unis réprouvent aussi le rôle de ces groupes technologiques dans la répression que mène le régime chinois contre la minorité musulmane ouïghoure du Xinjiang, selon le 'NYT'. Si la liste noire s'allonge à d'autres entreprises chinoises, les marchés craignent que Washington ne déclenche une véritable «guerre froide technologique» avec Pékin, qui pourrait avoir des effets dévastateurs sur le secteur dans les deux pays, et au-delà. Les analystes s'interrogent notamment sur de possibles représailles chinoises contre Apple, dont les smartphones seraient vulnérables à un boycott (voire une interdiction) en Chine. Dans une note, Goldman Sachs estime ainsi qu'une interdiction de vente des iPhones en Chine (un marché dominé par Huawei et où Apple est numéro 5) entraînerait une baisse d’environ 29% du bénéfice du groupe. Le titre de la firme à la pomme recule de 2% hier.

Un autre sujet intéresse le marché: la publication des «Minutes» de la dernière réunion de la Fed qui confirme que la banque centrale américaine se montrera «patiente» dans sa politique monétaire «pendant un certain temps», laissant planer le suspense sur une possible baisse des taux, à laquelle les marchés croient dur comme fer. Notons que, pas une seule fois, l’expression «baisse de taux» n’est mentionnée dans les minutes. Le marché n’obtient donc pas ce qu’il voulait. Etonnamment, les Fed Funds, qui prévoyaient 69% de probabilités d’une baisse de taux en décembre, en prévoient ce matin 72%...

Les principaux indices (Dow, S&P500, Nasdaq Composite), reculent légèrement. En revanche ça se gâte à nouveau chez les semi-conducteurs, l’indice SOX revenant dangereusement près de sa moyenne mobile à 200 jours. C’est Qualcomm qui lui fait mal, qui abandonne 10,9% sur la séance après la décision d'un juge fédéral américain déclarant le fabricant de puces coupable d’abus de position dominante dans les puces pour smartphones, dont il est le leader mondial. Le groupe va faire appel de cette décision de justice, qui entend forcer Qualcomm à renégocier tous ses contrats en lui interdisant de forcer ses clients à signer des contrats exclusifs. Par ailleurs, la juge exige que le groupe accorde des licences sur des brevets essentiels à des fabricants de puces concurrents. Le secteur de la vente au détail boit aussi la tasse, impacté par les mauvais résultats de Lowe’s (LOW -11,84%) et Nordstrom (JWN -9,27%). La courbe des taux s’aplatit à nouveau et pénalise les banques. Il faut par ailleurs mentionner Tesla, qui abandonne 6% sur la séance. Citigroup a ramené son objectif de cours de 238 à 195 dollars sur le dossier. La banque justifie sa décision par une demande molle pour les voitures électriques de Tesla, ainsi que des inquiétude sur la situation financière du groupe, malgré la levée récente de 2,4 milliards de dollars sur le marché.

On s’étonne des Fed Funds, qui semblent faire fi des minutes de la Fed. On s’étonne aussi de la volatilité, l’indice VIX baissant hier de 1,3% à 14,75. Il serait très étonnant qu’il ne rebondisse pas aujourd’hui. Le pétrole rend du terrain, dans la crainte d'une guerre commerciale de grande ampleur qui pèserait sur la croissance et donc, sur la demande de brut. Le WTI Light Crude à 61 dollars le baril ce matin. Le dollar est recherché, l’indice Dollar Index DXY à 98,20. La paire euro/dollar revient à 1,1137. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans baisse légèrement, à 2,37%, indiquant un certain retour d’appétit pour les valeurs dites «refuges». L’or est inchangé à 1274 dollars l’once.

Aujourd’hui est un jour important sur le vieux continent, qui marque le début des élections européennes. Les résultats seront connus dimanche soir. En Inde, le parti de Narendra Modi mène largement dans le cadre des législatives, selon les premières tendances. En termes de statistiques économiques, aux Etats-Unis nous suivrons les demandes hebdomadaires d’allocations chômage, l’indice Markit PMI pour le mois de mai et les ventes de maisons neuves. En Zone Euro, l’indice PMI manufacturier et des services sera également publié, à 10h. En Allemagne, le PIB au premier trimestre a été publié ce matin à +0,4% de trimestre en trimestre, comme attendu. A 10h, l’indice IFO, du climat des affaires, sera dévoilé.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont sous pression, la guerre commerciale fait de plus en plus mal au sentiment du marché et ce dernier se propage à l’Europe, qui ouvre en recul d’environ 1%. Le future SPX n’est pas en reste, il abandonne 20 points.

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