Bienvenue au quatrième trimestre de la joyeuse année boursière 2022. On va essayer de faire ça vite, autant arracher le sparadrap  d’un coup sec: le mois de septembre voit l’indice S&P500 (SPX) reculer de 9,3%, le Nasdaq100 (NDX) abandonner 10,5% et le Stoxx Europe 600 6,6%. L’indice SMI recule un peu moins, avec un repli de 5,73%. Sur le trimestre, les indices réalisent des performances négatives autour des 5%. C’est le troisième trimestre consécutif de baisse pour les indices SPX et NDX, ce dernier n’avait plus vécu cela depuis 20 ans et le dégonflement au ralenti de la bulle dot.com, qui avait duré trois ans. Le SPX réalise son pire mois depuis mars 2020 (la grande chute du covid -35%).

Vendredi le marché ne trouve rien à quoi s’accrocher pour repartir vers le nord. Le sentiment des investisseurs approche lentement mais surement de son plus bas historique (à garder en tête), les statistiques macro-économiques du jour sont décevantes, le marché reste donc tenu en respect par la peur d’une Fed encore et toujours agressive. Ajoutez à cela l’ombre de Liz Truss qui plane sur la logique des investisseurs du monde entier, saupoudrez le tout avec un peu de Crédit Suisse, dont les CDS (Credit Default Swaps) s’envolent à des niveaux inquiétants et vous obtenez le contraire parfait d’un happy Friday.

Le SPX clôture à son plus bas du jour, effarouché par le rebond de fin de séance des taux obligataires. Le 10 ans US traite ce matin à 3,77%, le 2 ans à 4,19%, le spread 2 / 10 ans $ -42 points de base. Le SPX casse 3600 points à la cloche, on regarde désormais le niveau de 3500, sachant que l’indice est survendu. Les volumes d’échanges augmentent, normal c’est la fin du trimestre, 12,5 milliards de titres sont traités au NYSE. Au chapitre des secteurs, seul l’immobilier parvient à tirer son épingle du jeu vendredi, le podium des perdants du jour du SPX se composant des utilities, de la technologie et de la consommation discrétionnaire. Le marché est aussi tendu par les résultats décevants de Nike (NKE -12,8%). Après, lorsque vous avez Apple, Amazon et Microsoft qui reculent, il est compliqué pour les indices de réaliser une belle clôture, tellement leur pondération y est élevée. Notez la volatilité, qui recule dans ce marché baissier c’est rare, le VIX perd 0,79% mais se maintient à un niveau élevé de 31,62. Le mot «capitulation» commence à faire le tour des salles de marchés, on mentionne le niveau de 3500 points sur le SPX mais le scepticisme reste important, la Fed a bien cassé le sentiment général, et pendant ce temps-là Warren Buffet doit s’amuser comme un petit fou…

Les statistiques macro-économiques du jour sont donc décevantes. L’indicateur favori de la Fed sur l’inflation, le PCE (Personal Consumption Expenditure) montre que l’inflation globale et l'inflation sous-jacente ont surpris à la hausse en août. L'indice PMI de Chicago tombe en territoire de contraction et à son plus bas niveau depuis juin 2020 alors que le sentiment des consommateurs de l’université du Michigan s'établit à 58,6, pire que prévu. En bref, les prix continuent de grimper alors que l’activité économique semble aller encore moins bien, le rêve quoi… D’ailleurs la numéro deux de la Fed, Lael Brainard, donne un discours vendredi. Les taureaux écoutent avec espoir, Madame Brainard est considérée comme plutôt colombe. Et paf la déception! «Il faudra du temps pour que le plein effet du resserrement des conditions financières se fasse sentir dans les différents secteurs et pour que l'inflation diminue», «La politique monétaire devra être restrictive pendant un certain temps». Et voilà… En parallèle, on observe un retour graduel dans le marché des actions des investisseurs institutionnels, qui achètent aux petits porteurs déprimés des actions à bon compte, c’est à suivre.

Les cadres supérieurs de Credit Suisse passent le week-end à assurer aux grands clients, aux contreparties et aux investisseurs que les positions de liquidité et de capital de la banque sont saines, selon le FT. Cette action intervient après la flambée vendredi des prix des contrats CDS liés à la dette de la banque. La Banque d’Angleterre (BoE) est en contact avec les autorités suisses sur la situation de la banque, selon le Telegraph.

L'OPEP+ envisagera de réduire sa production de brut de plus d'un million de barils par jour lorsqu'elle se réunira en personne à Vienne mercredi, selon les délégués. L'alliance est confrontée à des appels de plus en plus nombreux à mettre fin à la chute des prix du pétrole en réduisant davantage la production. Une réduction plus importante que prévu refléterait les inquiétudes liées au ralentissement de la croissance mondiale.

Le nouveau Dark Vador de la finance britannique, Kwasi Kwarteng, parle à environ 25 députés conservateurs pour tenter de les rassurer sur le fait que ses réductions d'impôts peuvent relancer l'économie, indique l’agence Bloomberg. On dit que le chancelier reconnaît l'ampleur du malaise et reste confiant qu'il peut les convaincre qu'il a raison. Liz Truss, en bonne camarade, annonce que la réduction du taux le plus élevé de l'impôt sur le revenu est le seul fait de Kwarteng (bonjour l’ambiance au bureau…), mais qu'elle se tiendra à cette décision. Ce matin Kwarteng annonce renoncer à son projet de réductions d’impôts pour les hauts revenus, les rendements obligataires des bons du Trésor britannique reculent et la livre se reprend, elle bondit à 1,1281 contre le dollar, avant de se calmer et traiter en ce moment à 1,1192, le marché est loin d’être convaincu, à suivre de près.

Volodymyr Zelenskiy annonce que la ville de Lyman a été «entièrement nettoyée» des forces russes, un jour après que Vladimir Poutine ait affirmé avoir annexé la région. Des blogueurs militaires pro-Kremlin critiquent le commandement de ses forces armées pour ne pas avoir tiré les leçons de ses erreurs à Kharkiv. Gazprom suspend ses livraisons de gaz naturel à l'Italie, aggravant la crise énergétique en Europe. Le pape François lance un appel direct à Vladimir Poutine pour qu'il «mette fin à cette spirale de violence et de mort». C'est la première fois qu'il évoque publiquement le rôle du dirigeant russe.

En ce lundi matin ensoleillé à Genève, les investisseurs espèrent tourner la page sur un mois de septembre brutal avec un calendrier chargé. La liste des orateurs de la Réserve fédérale est longue, mais on s'attend généralement à ce que les banquiers centraux réitèrent l'objectif de ne pas revenir prématurément sur la politique monétaire restrictive et les taux d'intérêt plus élevés. Le calendrier économique est marqué par le rapport sur l'emploi de septembre en fin de semaine. Ce rapport revêt une importance particulière, la Fed réagira probablement à une détérioration du marché de l’emploi, le cas échéant.

Au menu macro-économique du jour ,la seconde lecture des indices PMI manufacturiers de septembre pour les principales économies est attendue aujourd'hui (notamment 10h00 pour la zone euro et 15h45 pour les Etats-Unis, où l'équivalent ISM sera aussi publié à 16h00).  Ce matin, l'indice Tankan japonais de confiance des industriels s'est dégradé de 10 à 8 points.

Richemont: UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 131 à 135 francs. Schindler: Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 180 à 165 francs. TotalEnergies: Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 63 à 65 euros. Elon Musk présente l'ambitieux robot humanoïde de Tesla. Le constructeur automobile annonce par ailleurs avoir livré 343’830 véhicules au troisième trimestre, contre 357’938 prévus, mais cela reste un record. Sony va lancer une Playstation dédiée à la réalité virtuelle. ABB fait coter Accelleron (filiale turbocompresseurs) aujourd'hui à Zurich. Les régulateurs antitrust de l'UE fixent la date limite du 8 novembre pour la décision concernant Microsoft et Activision. Mobileye, filiale d'Intel, dépose une demande de cotation en bourse. Roche nomme Matt Sause à la tête de sa division Diagnostics.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 1,07% à la cloche alors que Hong Kong se replie de 0,96%. Séoul a congé et Shanghai nous abandonne toute la semaine, pour sa Golden Week. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en repli de 1,1%. L’or est de retour pile sur sa résistance de 1664 dollars par once tandis que le pétrole a retrouvé des couleurs, le baril de WTI Light Crude évolue à 81,81 dollars.