Gonet: l'actualité des marchés au 29 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,88%, S&P 500 +1,97%, Nasdaq +2,05%, Russell 2000 +3,17%, SOX +1,22%, Eurostoxx +0,20%, SMI +0,93%.

On peut retourner la hausse de Wall Street d’hier dans tous les sens, force est de constater qu’elle est due à… la Banque D’Angleterre!

Hier la BoE sort du bois et annonce qu’elle va acheter des obligations d’Etat britanniques à longue échéance «à l’échelle nécessaire». Il faut dire que la maison Angleterre brûle depuis l’annonce du nouveau budget, qui a fait s’effondrer la livre sterling ainsi que le marché des Gilts, la banque centrale de Sa Majesté tente donc de sauver son marché obligataire. Et ça marche! Du moins jusqu’à ce matin 7h30, moment où l’Allemagne, cette petite taquine, publie son indice des prix à la consommation en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui décolle nettement plus haut que prévu et met la pression sur le Bund allemand à 10 ans. Le chiffre national sort à 14h, ne nous emballons donc pas, mais les rendements repartent quelque peu à la hausse, la BoE devra peut-être remettre une couche de soutien aux Gilts, nous verrons bien.

Quoi qu’il en soit, hier les rendements obligataires chutent tout autour du globe, le 10 ans US ne fait pas exception et revient de 4,01% à 3,70% en fin de soirée hier, pour revenir ce matin à 3,83%. Ce repli est le plus marqué depuis celui historique de mars 2009, qui avait coïncidé avec le plus beau et long rebond du marché des actions qu’il m’ait été donné de vivre.

Des rendements obligataires en chute libre, ce n’est pas tous les jours que le marché des actions vit cela, c’est un peu comme si on me servait un match des Boston Celtics à l’Arena de Genève, et toute la cote de célébrer l’événement. L’indice S&P500 (SPX), qui évoluait rappelons-le en territoire survendu, ne se fait pas prier et décolle de plus de 2%, il met un terme à six séances consécutives de baisse et récupère son niveau de 3700 points à la cloche, rien de bien impressionnant du côté technique mais on prend. Les volumes d’échanges sont décents avec 10,8 milliards de titres traités sur le NYSE, la volatilité se prend les pieds dans le tapis, l’indice VIX perd 6,6%, il clôture à 30,18 après avoir atteint 34,88 en séance, la résistance de 35 semble en place. Le marché étant à nouveau en mode «risk on», on se sépare du dollar, principale valeur refuge au monde, j’y reviens un peu plus bas. Le désamour du marché pour le billet vert provoque un regain d’affection pour les matières premières, l’or, le pétrole, l’argent, le blé et j’en passe rebondissent de concert. L’once de métal jaune revient à 1646 dollars, ceci dit elle montre déjà des signes d’essoufflement ce matin, le support de 1600 – 1598 dollars reste d’actualité. Vers le haut, il faudrait que la relique barbare casse 1664 dollars pour considérer une tendance haussière à nouveau. Le pétrole réalise un rebond impressionnant, le baril de WTI Light Crude passe de 77 dollars à 81,37 dollars ce matin.

Au chapitre des secteurs, les 11 compartiments du SPX terminent leur journée dans le vert avec sur le banc d’infamie la tech, qui grimpe de 0,92%, c’est la pire performance du jour, il faut dire que Apple recule de 1,3% à la suite d'un rapport selon lequel la société envisage de ne pas augmenter la production de l'iPhone 14. L’énergie pète la forme, les services de communication et la consommation discrétionnaire également. La pression acheteuse est générale, 488 actions du S&P500 montent hier, le marché est aussi aidé par de nouveaux signaux de ralentissement de la croissance économique avec l’annonce de la première baisse mensuelle du prix des logements aux Etats-Unis depuis des années. C’est une mauvaise nouvelle pour l’économie et donc de la musique aux oreilles du joyeux royaume des actions, qui aime à penser que ce genre d’info pourrait inciter la Fed à ralentir le rythme de ses hausses de taux d’intérêts.

La livre sterling vit une journée folle hier, elle la débute au bord du précipice en revenant titiller des niveaux inquiétants et se posant à 1,0541 contre dollar en tout début d’après-midi. À cet instant, on est de plus en plus convaincu dans les salles de marchés que la parité n’est qu’une question de jours. C’est probablement ce que l’on se dit également à la Banque d’Angleterre, qui publie alors l’annonce que l’on sait. Le Câble se met alors en mode «Space-X» et atteint 1,0916 en début de notre soirée. 3,5% de hausse sur une demi-journée pour une monnaie, c’est littéralement énorme. Ce matin on se calme un peu, retour à 1,0787, on respire tout de même mieux dans les salles de marchés mais, et il y a un mais, si l’on se penche sur l’évolution de la livre ces dernières années, on se souvient qu’elle évoluait à plus de 2 dollars en 2007 juste avant la crise financière, à 1,50 dollars le soir du référendum du Brexit et qu’elle flirte désormais dangereusement avec la parité. Au-delà de toute considération fondamentale, voire d’indicateurs internes de marchés, les cambistes vont faire évoluer cette paire en fonction de la crédibilité retrouvée, ou non, du gouvernement Truss, vieux de trois semaines. Autant dire que c’est mal parti et que le marché a tendance à taper sur les faibles, à taper fort, à suivre de près donc.

Et puis il y a le dollar, le roi dollar plutôt, qui ne cesse de monter depuis des lustres et est devenu le plus fameux «crowded trade» depuis longtemps. Le billet vert profite de son rôle de valeur refuge. Il est aussi recherché car la Fed est en avance dans le cycle de hausses de taux par rapport à la Banque Centrale Européenne. Si l’on observe son comportement passé, on constate qu’il a grimpé en flèche sur une poignée de périodes, du quasiment jamais vu en un peu moins de 50 ans. Sur des périodes de 10, 20, 50, 100 et 200 jours, le greenback a bondi de près de 9%. Cette tendance haussière est extrêmement inhabituelle, elle est en fait tellement rare qu’elle ne s’est produite que six fois depuis 1975. Si l’on observe l’évolution de la monnaie après ces six occurrences, on constate que 12 mois plus tard le dollar a baissé dans 5 des 6 épisodes. Après 3 mois en revanche, il était en hausse dans 5 des 6 épisodes. On peut en conclure que la tendance haussière du dollar devrait toucher à sa fin mais pas tout de suite, pour autant que l’histoire se répète. Ajoutons que le positionnement actuel sur les contrats à terme et la panique observée sur le marché des options suggèrent de forts vents contraires à venir pour le billet vert.

L'administration Biden est alarmée par les turbulences du marché déclenchées par le programme économique du Royaume-Uni et encourage l'équipe de la première ministre Liz Truss à réduire les réductions d'impôts prévues. Les responsables du Trésor craignent des retombées potentielles sur l'économie en général, selon l’agence Bloomberg. La réduction des impôts et l'augmentation des dépenses ne vont pas refroidir l'inflation ou «vous mettre dans de bonnes dispositions pour une croissance économique à plus long terme», déclare la secrétaire au commerce Gina Raimondo. Le même type d'agitation continue de couver au sein du parti conservateur de Truss. Robert Largan se fait l'écho des critiques de Simon Hoare à l'égard de Kwasi Kwarteng, en déclarant que le chancelier avait fait une erreur en réduisant le taux d'imposition maximal. En privé, d'autres députés sont encore plus mordants, l'un d'entre eux affirmant que les législateurs discutent ouvertement de l'avenir de Kwarteng et de l'opportunité de le faire partir.

Le chef de la Fed de Chicago, Charles Evans, déclare que la fourchette cible actuelle du FOMC est «loin d'être assez restrictive». Il ajoute que la volatilité du marché n'est pas un frein suffisant pour faire dévier la Fed de sa trajectoire actuelle.

L'ouragan Ian touche terre dans le sud-ouest de la Floride hier vers 15 heures, heure locale, avec des vents de 240 km/heure. Il menace de devenir l'une des tempêtes les plus coûteuses à frapper les États-Unis, causant potentiellement 67 milliards de dollars de dégâts. Plus d'un million de personnes sont déjà privées d'électricité et 90% de la zone de production d'agrumes de la Floride est menacée.

Au menu macro-économique du jour, trois rendez-vous:  la première estimation de l'inflation allemande de septembre à 14h00, puis à 14h30 la lecture finale du PIB américain du deuxième trimestre et les inscriptions hebdomadaires au chômage.

Netflix bondit de 9,3%, le titre est relevé de de neutre à surpondérer chez Atlantic Equities; leur analyse détaillée des initiatives soutenues par la publicité indique une opportunité importante qui n'est pas reflétée dans les estimations du consensus. Boeing gagne 4,6%, China Airlines a finalisé la commande de 24 Boeing 787 Dreamliners; l'accord comprend une commande ferme de 16 avions 787-9 et des options pour huit jets supplémentaires. Givaudan: Citigroup passe de neutre à achat en visant 3300 francs. Goldman Sachs reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 3100 à 2700 francs. Volkswagen fixe à 82,50 euros, en haut de fourchette, le prix de l'IPO de Porsche, qui devient la plus grosse opération de ce type en Europe depuis 2011. Philip Morris ne prévoit pas de baisser son offre de Swedish Match. Berkshire Hathaway se renforce encore dans Occidental Petroleum. Merck accorde à Sinopharm les droits de distribution de son médicament COVID-19 en Chine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse modérée. Tokyo monte de 0,95% à la cloche, Hong Kong recule de 0,65%, Shanghai traite à l’équilibre et Séoul grappille 0,08%. Le future SPX rend 35 points et l’Europe ouvre en repli de 0,5%.

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