Gonet: l'actualité des marchés au 6 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

5 minutes de lecture

Nasdaq -0,37%, Dow +0,29%, SPX +0,07%, Russell -0,31%, SOX +0,61%, Eurostoxx +1,99%, SMI +1,26%.

Wall Street convoque Victor Hugo. Dans le rôle principal, les volumes d’échanges, littéralement misérables. 8,4 milliards de titres s’échangent sur le NYSE, la journée d’hier est la plus calme de l’année alors qu’il s’en passe des choses dans ce marché. La grande rotation vers les blue-chips, les paquebots de la cote, se poursuit. Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si l’activité est si calme hier, tous les secteurs spéculatifs souffrent, les robinhooders ne sont pas de sortie, probablement en train de prendre lentement mais surement conscience que l’argent, ça va ça vient, et là ça ne vient plus du tout. Dans ce contexte, le vénérable Dow Jones s’offre un nouveau record historique à la cloche. Rappelons ici que cela ne veut quasiment rien dire car cet indice n’est pas pondéré en fonction de la capitalisation boursière de ses membres. En l’occurrence, United Health, qui traite à plus de 400 dollars par action, pèse nettement plus lourd dans le Dow qu’Apple, qui cote 128 dollars. On le mentionne donc plutôt par politesse. Son petit frère, le S&P500 (SPX), bien plus représentatif lui, termine la séance tout juste au-dessus de son point d’équilibre, porté par les secteurs de l’énergie, des materials et financier. Le Nasdaq100 (NDX) n’y arrive plus. Le principal représentant des valeurs technologiques termine sa séance quasiment au plus bas du jour, recule de 0,3% à la cloche et s’approche de sa moyenne mobile à 50 jours, à suivre de près. À ce propos, je vous invite à regarder les graphiques des indices NYFANG et SOX. Le premier nous montre que les mastodontes technologiques américains sont en train de casser à la baisse, le second nous dit que les titres de semi-conducteurs ne sont pas loin de faire de même.

Et dans ce contexte de rotation intense, il y en a un qui fait son chemin, discrètement, depuis plus de 13 semaines, c’est l’indice des Transports (TRAN). Depuis plus de 13 semaines donc, le TRAN réalise une performance hebdomadaire positive. Cette semaine il a déjà posté trois records historiques en clôture. Cela faisait 122 ans qu’il n’avait pas réalisé une telle performance. On dit de cet indice qu’il est un indicateur avancé. On dit aussi que cette performance pourrait bénéficier aux valeurs industrielles, qui performent fort bien depuis quelques temps. On le constate chaque jour un peu mieux, le marché est en train de rééquilibrer les pondérations dans les portefeuilles. Hier, comme indiqué plus haut, les secteurs les plus en vue sont l’énergie et les matériaux de base, ce qui confirme l'appétit toujours marqué pour les dossiers cycliques et les secteurs peu valorisés. Secteurs qui sont par conséquent moins bon marché qu'avant, à force de grimper. Mais il reste de la marge pour rééquilibrer le grand décalage de performances en faveur des valeurs de croissance qui a sévi pendant plusieurs années.

Le rendement de l’emprunt US à 10 ans monte à 1,62% en séance hier, avant de se replier à 1,57%, le niveau de ce matin, suite à la publication des chiffres ADP de l’emploi privé aux Etats-Unis, qui manquent les attentes significativement en avril. Rappelons que le très important rapport sur l’emploi (Nonfarm Payrolls) sera publié demain en début d’après-midi. La volatilité du marché bouge peu, le VIX (volatilité du SPX) recule de 1,7% à 19,15. Le pétrole recule légèrement malgré les inventaires hebdomadaires qui montrent un net recul des stocks, le baril de WTI Light Crude traite ce matin à 65,75 dollars. L’or tente une échappée à nouveau, l’once revient à 1791 dollars. Quant au billet vert, il choisit le statu quo et traite à 91,26 (DXY) et 1,20 figure (paire eur/usd).

Parlons un peu de matières premières, qui pètent la forme comme rarement. L’or gagne 4% sur un an, ce qui relève du quasi ridicule vis-à-vis du bois de construction, qui progresse lui de 347% sur la période, durant laquelle le pétrole et le maïs ont plus que doublé, le cuivre les talonnant de près. Le coton et le sucre gagnent 60%, le blé 50%. Il semble de plus en plus évident que le thème de l’inflation va évoluer, alors que les banquiers centraux le minimisent dans leurs discours.

Et dans ce contexte, les responsables de la Fed, tels le guet de la cathédrale de Lausanne, cherchent à rassurer les investisseurs. Charles Evans, de la Fed de Chicago, indique que ses perspectives se sont améliorées au cours des derniers mois, mais que l'économie a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'atteindre les objectifs de la Fed. Il s'attend à une hausse de l'inflation mais ne sera pas inquiet à moins que les statistiques de l'inflation et les rendements du Trésor à long terme ne soient beaucoup plus élevés. Michelle Bowman (board de la Fed) déclare que la croissance pourrait être plus rapide que les projections de la Fed, ne reconnaissant qu'un faible risque de dépassement persistant de l'inflation. Le gouverneur de Boston, Eric  Rosengren, affirme qu'il se concentre sur les résultats inflationnistes réels et que l'impact sur les prix des gains pétroliers, de la demande refoulée et des retards d'expédition sera probablement transitoire. Loreta Mester, patronne de la Fed de Cleveland, estime que d’importantes créations d’emplois étaient attendues cette année, mais elle préconise la patience dans la politique monétaire, car il est peu probable que les marchés du travail et les perturbations de l'offre entraînent des pressions durables sur les prix. Le vice-président de la Fed, Richard Clarida, déclare à CNBC que les États-Unis sont encore loin de leurs objectifs et qu'il ne considère pas la surchauffe comme un scénario de référence. Dormez bonnes gens…

Le coronavirus et ses effets inattendus ! La pandémie fait chuter le nombre de naissances aux États-Unis à son plus bas niveau depuis 1979. En 2020, le taux de natalité a chuté de 4% pour atteindre 3,6 millions, soit le niveau le plus bas depuis plus de 40 ans. Vivement une bonne grosse panne d’électricité à New York…

Super Thursday: Une série d'élections au Royaume-Uni permettra aujourd’hui de tester le soutien à Boris Johnson et de déterminer qui gouvernera l'Écosse et Londres. En Écosse, la perspective d'un nouveau référendum sur l'indépendance est dans la balance. Les élections se dérouleront sur fond de drame dans la Manche, après que le Premier ministre a dépêché deux patrouilleurs de la marine pour protéger Jersey. Les pêcheurs français menacent de bloquer l'île pour protester contre les licences de pêche.

Les États-Unis soutiendront une proposition visant à renoncer aux protections de la propriété intellectuelle pour les vaccins. L'Inde signale un nombre record de nouveaux cas quotidiens et aussi de décès. Les fabricants locaux de médicaments ont prévenu qu'un blocage des vols cargo en provenance de Chine pourrait nuire à la fabrication de vaccins. Les travailleurs britanniques retournent au bureau alors que les restrictions sont progressivement levées. Le Canada pourrait autoriser les gens à prendre deux vaccins différents. Tokyo pourrait prolonger l'état d'urgence lié au virus, selon le journal Jiji.

Pression du G-7 sur la Chine. Violations présumées des droits de l'homme, railleries à l'égard de Taïwan, incursions dans le cyberespace : les ministres des affaires étrangères du groupe ont exposé les raisons pour lesquelles ils sont mécontents de Pékin et lui demandent de respecter les règles mondiales. Cette démarche suscitera probablement une contre-attaque furieuse. Le G-7 s’attaque également à la Russie, notamment à son utilisation de la désinformation, et renouvelle ses appels à enquêter sur l'empoisonnement d'Alexey Navalny.

Sacré Warren ! plus fort que le système informatique du Nasdaq ! les actions Berkshire Hathaway ont du mal à coter parce qu'elles sont trop chères. Le Wall Street Journal révèle que le Nasdaq a dû momentanément cesser, hier, la diffusion des cours en temps réels sur plusieurs plateformes parce que le prix atteint par l'action, 424’840 dollars à la cloche, approche des limites capacitaires de son système informatique. Les calculateurs de l'opérateur boursier sont limités par le format numérique compact qu'ils utilisent pour communiquer les prix. Le WSJ explique que cette limite est précisément de 429’426,7295 dollars. Elle est donc très proche (à peine plus de 1%), mais le Nasdaq devrait, d'ici la fin du mois, mettre à niveau ses systèmes pour éviter l'impasse. Il ne pourra pas compter sur Warren Buffett, qui n'a pas du tout l'intention de procéder à un split…

Les ventes de détail de mars en zone euro (11h00) permettront de patienter jusqu'à la décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux (13h00) et à une série de statistiques américaines: étude Challenger sur les licenciements d'avril (13h30), productivité et nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires (14h30).

Les résultats du premier trimestre de Société Générale sont en nette amélioration, en particulier le bénéfice net, à 814 millions d’euros, alors que l'établissement était déficitaire l'année dernière. Les activités de marché ont connu leur meilleur trimestre depuis 2017, un point positif avant la présentation de l'avenir de cette division dans quelques jours. Zalando relève une nouvelle fois ses prévisions pour l'exercice 2021, tout en annonçant le lancement d'un programme de rachat d'actions. Les actions des groupes de vaccins chahutées après les commentaires de l'administration Biden sur une éventuelle suppression temporaire des brevets pendant les pandémies. Moderna finit en baisse de 6,2% et BioNTech de 3,5%. Syngenta dépose une offre à 17,30 euros par action sur l'entreprise agrochimique italienne Sicit. Deutsche Bank lève 1,25 milliard d’euros pour renforcer ses fonds propres. AB InBev réalise un bénéfice net au premier trimestre, les ventes dépassant les attentes, Doukeris nouveau CEO. Le bénéfice net d'UniCredit au premier trimestre dépasse les estimations. Le revenu net d'intérêts d'ING au premier trimestre dépasse les estimations. ArcelorMittal: l'Ebitda du premier trimestre dépasse les estimations. VW relève ses perspectives pour l'ensemble de l'année après que la reprise du marché a stimulé la demande.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse. Tokyo est de retour et gagne 1,8% à la cloche, Hong Kong progresse de 0,43%, Shanghai est aussi rentrée de vacances et recule très légèrement, de 0,07% alors que Séoul s’adjuge 1%. Le future SPX et son alter ego européen traitent à l’équilibre, on reprend son souffle dans les salles de marché en prévision du rapport américain sur l’emploi de demain.

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