L’été se fait désirer comme rarement ce qui n’empêche guère Wall Street de siroter un fort agréable cocktail hier, à base de statistiques macro plutôt faibles, de semi-conducteurs en pleine forme et d’un zeste de Tesla dont l’action charge comme rarement.
Les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) postent de nouveaux records historiques à la cloche, dans une séance écourtée par l’approche de la fête nationale américaine. Les Etats-Unis célèbrent leur indépendance ce jeudi 4 juillet, Wall Street restera fermée pour l’occasion, tout un chacun ayant fui Downtown Manhattan pour se rendre dans les Hamptons. Les gains du jour se matérialisent après que de nouvelles données sur le marché du travail confortent la conviction des investisseurs que la Réserve fédérale pourrait commencer à réduire les taux d'intérêt lors de sa réunion de septembre. L'emploi dans le secteur privé a augmenté de 150’000 postes en juin, contre une hausse de 157’000 en mai, selon le rapport national sur l'emploi ADP, marquant ainsi un troisième mois consécutif de ralentissement de la création d'emplois. Dans le même temps, le nombre d'Américains ayant déposé une première demande d'allocations de chômage au cours de la semaine qui s'est achevée le 29 juin a légèrement augmenté, passant de 234’000 la semaine précédente à 238’000. C'est le scénario «Boucle d'or», le marché du travail semble se refroidir juste assez pour que la première économie du monde ne se dirige pas vers une récession, tout en contribuant à réduire un peu l'inflation. Des données publiées également hier indiquent que l'activité du secteur américain des services a ralenti de manière inattendue en juin.
Et voilà, pendant que tout un chacun dans les chaumières financières se concentre sur le pataquès politique en France, la coupe d’Europe de football et Nick Cannon (l’ex-mari de Mariah Carey qui fait l’objet d’un article de fonds absolument passionnant que vous trouverez sur le site d’un quotidien orange suisse-romand, quoique vaudois). Pendant que tout un chacun regarde ailleurs donc, le SPX vient de s’offrir 6 séances de hausse sur les 7 dernières. Hier tout semble simple pour les taureaux, les rendements obligataires reculent après la macro du jour, le 10 ans US recule de 4,44% à 4,36%, il teste désormais ses moyennes mobiles à 100 et 200 jours, le marché des Fed Funds prévoit désormais 72% de probabilités d’une première baisse de 25 points de base par la Fed le 18 septembre, puis 74% de chances d’une rebelote le 18 décembre. Le dollar en prend acte et rentre dans le rang, le Dollar Index (DXY) traite à 105.33 et teste sa 50 jours hier, elle évolue à 105,14. La paire EUR/USD évolue à 1,0792, énorme bagarre technique en cours dans la zone 1,0781 – 1,0795, où convergent les 50, 100 et 200 jours, sortie par le haut pour l’euro dès lundi?
Dans la foulée d’un nouvel et énième espoir de détente monétaire, le secteur des semi-conducteurs se rappelle au bon souvenir des taureaux et décolle de près de 2%, porté notamment par Nvidia, Taiwan Semiconductor et Broadcom. Pour sa part Tesla se prend pour Chuck Norris et gagne encore 6,5% hier, ce qui la met en hausse de 24,5% en trois séances, la propulse en territoire fortement suracheté et lui permet surtout de sortir par le haut de son canal baissier entamé fin 2021. La société a annoncé en début de semaine que les livraisons de véhicules ont diminué pour un deuxième trimestre consécutif, mais pas autant que les analystes le prévoyaient. Cette hausse est proprement vertigineuse, je me suis amusé à vérifier la volatilité implicite du titre, qui se situe à 63,8, niveau plutôt élevé, par exemple celle de Nestlé est à 16,2. Cette chronique n’ayant pas pour vocation de prodiguer de conseils, je m’arrête là mais n’en pense pas moins.
En parlant de volatilité, le VIX reste faible à 12,09 tandis que le ratio put/call se casse la figure et chute à 0,51, la veille il évoluait à 0,70. 0,51, c’est son plus bas niveau depuis mars et un support important, à suivre de près, le niveau du PCR indique déjà un niveau d’environ 2 de tension sur les parquets de trading.
En Europe la séance boursière de ce mercredi permet un rebond marqué de la plupart des indices, CAC40 compris. Le marché obligataire semble de plus en plus confiant qu’aucune majorité absolue n’émergera à l’Assemblée Nationale dimanche prochain, le spread entre le 10 ans OAT recule à 66 points de base.
Le Royaume-Uni vote aujourd'hui et les travaillistes sont en passe de remporter une large victoire. Le dernier sondage composite de Bloomberg donne au parti de Keir Starmer une avance de 20 points sur les conservateurs, avant le début du scrutin à 7 heures du matin (heure locale). Selon la modélisation de YouGov, le Labour remporterait 431 sièges pour une majorité parlementaire de 212, dépassant ainsi la victoire écrasante de Tony Blair en 1997.
Joe Biden obtient le soutien des principaux gouverneurs démocrates à l'issue d'une réunion de crise à la Maison-Blanche. Il déclare que «personne ne me pousse vers la sortie» et que «je suis là pour gagner», selon l’agence Bloomberg. L'avance de Donald Trump est passée à 6 points dans deux sondages. Et Kamala Harris connaît une résurgence surprise, les sondages indiquant qu’elle fait mieux que Biden face à Trump.
La dernière vente d'obligations de la France avant le second tour des législatives de ce dimanche montrera comment les investisseurs font face à l'incertitude politique. Le Trésor cherche à lever jusqu'à 10,5 milliards d'euros à partir de quatre obligations, avec des échéances allant jusqu'à 40 ans.
Les responsables de la Fed attendaient des preuves supplémentaires du ralentissement de l'inflation et étaient divisés sur la durée du maintien des taux à un niveau élevé, selon les minutes de leur réunion du mois de juin. Austan Goolsbee déclare à la BBC que les décideurs politiques ont besoin de «beaucoup» de données supplémentaires avant de réduire les taux.
Les actifs des fonds monétaires atteignent un nouveau record de 6,15 billions de dollars, les taux d'intérêt à court terme devant manifestement rester élevés aux yeux des investisseurs y plaçant leur argent.
Rien à se mettre sous la dent au menu macro-économique du jour.
KKR rachète Varsity Brands à Bain Capital pour 4,75 milliards de dollars. AbbVie réduit ses prévisions de bénéfices pour 2024. Ozempic et Wegovy (deux médicaments de Novo Nordisk) sont liés à un risque d'affection oculaire cécitante, selon une étude. Roche interrompt l'essai d'une formulation combinée pour le traitement du cancer du poumon non à petites cellules. L'Allemagne bloque la vente d'une turbine à gaz de Volkswagen à la Chine. La faiblesse de la demande européenne de pièces automobiles pèse sur les résultats du deuxième trimestre de Continental. Le Conseil d'Etat des Pays-Bas rejette les objections contre l'expansion du siège social d'ASML. BYD Company ouvre sa première usine de véhicules électriques en Thaïlande. Vontobel relève agressivement son objectif de cours sur Schindler, de 230 francs à 300 francs, le titre pourrait prendre l’ascenseur.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, à part Shanghai qui boude et perd 0,73%. Tokyo gagne 0,82% à la cloche et poste un nouveau record historique, Hong Kong grappille 0,13%, Séoul prend 1,11% et le Nifty50 monte de 0,2%. Le future SPX est quasiment inchangé et l’Europe ouvre en légère progression.
Pas de Wall Street donc en ce jeudi 4 juillet, tout cela va tout de même être très calme Thérèse…