Pendant que l’Europe n’en mène pas large dans l’attente du premier tour des élections législatives en France, les Etats-Unis découvrent ce qu’ils savaient déjà, un président en exercice probablement inapte à assurer un second mandat à la Maison-Blanche, tentons de comprendre ce que tout cela peut avoir comme impact sur le marché.
En Europe, la donne est plutôt simple, si le RN ou le Nouveau Front Populaire obtient une majorité suffisamment large au soir du 7 juillet pour pouvoir gouverner le pays, la réaction des marchés à court terme devrait être assez brutale, avec un euro sous grosse pression, le rendement de la dette française en forte hausse et le CAC40 dans les cordes, accompagné dans une moindre mesure par les indices italiens et espagnols, suivis des autres, tandis que le SMI helvétique pourrait jouer son rôle habituel de valeur refuge, avec un franc encore potentiellement encore plus fort. La première vague émotionnelle passée, les marchés recommenceront à faire ce qu’ils font quasiment toute l’année soit prendre la température du moment de l’autre côté de l’Atlantique, parce qu’on le veuille ou non, c’est encore et toujours Wall Street qui tient la baguette de chef d’orchestre du grand concert financier mondial. Tiens, parlons-en de Wall Street, qui va se réveiller d’ici quelques heures avec une probable sensation de malaise, le débat entre les deux jeunes premiers candidats à la fonction suprême américaine (je ne parle pas ici de titre de MVP de la saison régulière NBA) est passé par là, qui a mis en lumière un Joe Biden livrant une prestation des plus inquiétantes, se trompant dans les chiffres, hésitant et confirmant les pires craintes de ses partisans, il ne semble guère en état de gouverner la premières puissance mondiale quatre ans de plus. L’avancée de facto de Donald Trump dans les sondages n’a pour l’instant aucun impact sur les marchés, j’y reviens. En revanche, ce débat a probablement le mérite de précipiter une réflexion inéluctable, le Wall Street Journal titre ce matin que «les démocrates discutent en privé du remplacement de Biden sur le ticket présidentiel».
Les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) réalisent leur troisième séance consécutive de hausse. La tendance du jour est peu claire, les investisseurs attendent l’important rapport PCE (Personal Consumption Expenditure) sur l’inflation américaine en mai, qui sera publié cet après-midi à 14h30. Le PCE est important à deux titres, c’est l’outil favori de la Fed pour mesurer l’inflation et les économistes prévoient un repli à 2.6% d’année en année, sur la partie cœur. En avril c’était 2,7%. Si les prévisions sont confirmées, ça va commencer à crier «Terre!!!» sur les navires de taureaux, le sacro-saint objectif de 2% de la Réserve Fédérale sera en vue et Jerome Powell & Friends ne pourront plus guère temporiser bien longtemps avant de lâcher les colombes, une sorte de rêve éveillé pour le joyeux royaume des actions. Les secteurs qui tiennent le marché hier sont l’immobilier, la consommation discrétionnaire et les services de communication. Nvidia reste quelque peu chahutée tandis qu’Amazon poursuit sa folle chevauchée en gagnant 2,2% supplémentaires après avoir dépassé la barre des 2'000 milliards de dollars de capitalisation boursière la veille. On note la forte chute de 13% de Nike après la clôture, la firme avertissant que le recul de ses ventes s’aggrave. De nombreux concurrents asiatiques de la firme au swoosh reculent en Asie, en revanche Adidas progresse de 1,1% ce matin, notamment soutenue par JP Morgan qui confirme sa recommandation d’achat.
L’indice S&P500 équipondéré (SPW) grappille 0,09% soit pile la même performance journalière que le SPX, ce qui rassure quelque peu mais demande confirmation. La volatilité s’enfonce encore un peu plus en Catatonie, le VIX perd 2,47% à 12,24, un niveau historiquement très bas. En revanche le ratio put/call se réveille enfin et bondit à 0,76, mercredi il traitait à 0,54. Ceci nous indique que des intervenants parviennent à s’extirper de la torpeur ambiante et se tournent vers les options put. Le PCR reste en-dessous de 1 certes, mais on peut dire que le marché relève quelque peu sa garde hier. Côté monnaies, le Dollar Index reste ferme, le DXY traite ce matin à 106,02, sa prochaine résistance se situe à 106,51. La paire EUR/USD continue de se battre avec le niveau de 1,0700, quelque chose me dit que tout cela se décantera dimanche soir à 20h. Sur le front obligataire, le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule à 4,29%, son prochain support est à 4,19%, sa résistance à 4,35%. Enfin du côté des Fed Funds, on persiste à annoncer deux baisses de taux de 25 points de base chacune par la Fed cette année encore, la première le 18 septembre et la deuxième le 18 décembre.
En Europe le rouge est de mise hier, surtout à Paris où le CAC40 abandonne plus de 1%. Les tensions sont palpables sur les parquets de trading à l’approche du premier tour des élections législatives en France. Ce matin le 10 ans OAT traite 83 points de base au-dessus du Bund soit plus ou moins le niveau atteint juste après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale en France. Paris sous-performe Francfort à tous les niveaux ces jours. Ce matin encore le CAC est en baisse alors que le DAX progresse de 0,3%. Si les extrêmes n’accèdent pas au contrôle du pays le 7 juillet, de belles opportunités se présenteront sur la cote parisienne.
Sur le front des statistiques macro-économiques, aux Etats-Unis les demandes initiales hebdomadaires d’allocations chômage ressortent inférieures au consensus dans un contexte d'inquiétude concernant les risques de hausse; les demandes continues sont supérieures aux prévisions bien que la semaine précédente ait été révisée à la baisse. Les commandes de biens durables du mois de mai battent les attentes, mais le mois d'avril est révisé à la baisse. Les ventes de logements en attente en mai reculent également de manière inattendue. Le PIB du premier trimestre augmente légèrement à 1,4% lors de la dernière révision.
Joe Biden trébuche dans ses échanges lors du débat présidentiel, exacerbant les inquiétudes sur son âge et sa capacité à vaincre Donald Trump. Même s'il met l'ancien président sur la sellette à propos de ses condamnations pour crime et des manifestations du 6 janvier, la performance de Joe Biden est ponctuée de répliques, d'inexactitudes et d'un silence prolongé. Les démocrates expriment publiquement et en privé leur inquiétude à propos du débat, qui soulève des questions sur le maintien du président dans la course, bien que Joe Biden ait déclaré aux journalistes qu'il a l'intention de rester sur le ticket. 67% des téléspectateurs pensent que Trump a gagné, selon un sondage flash de CNN.
Le Japon se dote d'un nouveau haut responsable des changes, alors que le yen se négocie à un niveau proche de son plus bas depuis quatre décennies. Atsushi Mimura remplacera Masato Kanda le 31 juillet, date à laquelle Bloomberg Economics estime que la BOJ relèvera ses taux après la publication du rapport sur l'inflation.
Le Pentagone envoie un navire d'assaut et des marines en Méditerranée afin d'être prêt à évacuer des Américains si le conflit entre Israël et le Hezbollah s'intensifie, rapporte la chaîne NBC. Les États-Unis, Israël et l'Ukraine discutent d'un plan qui impliquerait l'envoi par Israël de huit systèmes de défense aérienne Patriot aux États-Unis, qui les livreraient ensuite à l'Ukraine, selon le FT.
Les sondages britanniques annoncent une victoire écrasante du parti travailliste le 4 juillet, même si peu de gens s'attendent à un retour de l'optimisme «Cool Britannia» qui avait accompagné la victoire du parti en 1997.
Au menu macro-économique du jour, cap à 14h30 avec l'inflation Core PCE aux Etats-Unis. Les financiers prendront également connaissance des dépenses et des revenus des ménages américains, avant l'indice PMI de Chicago (15h45) et la révision du sentiment des consommateurs (16h00).
Nokia acquiert Infinera Corporation pour 2,3 milliards de dollars. Microsoft collabore avec Amazon pour apporter le Xbox Cloud Gaming à certains appareils Fire TV. Meta Platforms va commencer à tester des chatbots d'intelligence artificielle sur Instagram. Apple étudie une technologie pour faciliter le remplacement des batteries de l'iPhone. Invesco lance un ETF américain axé sur le climat grâce à un financement finlandais de 1,6 milliard de dollars. Keysight Technologies choisi par Allion Labs pour les certifications Thunderbolt 5 d'Intel. Coinbase Global porte plainte contre la SEC et la FDIC pour non-respect des demandes des demandes formulées au titre de la loi sur la liberté de l'information. Pfizer et BioNTech reçoivent un avis positif de l'Agence européenne du médicament (EMA) pour un nouveau vaccin du Covid-19. Toyota Motor rappelle 11'000 véhicules aux Etats-Unis.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 0,61% à la cloche, Hong Kong avance de 0,29%, Shanghai gagne 0,73%, Séoul progresse de 0,49% et le Nifty50 est à l’équilibre. Le future SPX monte de 15 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre.
Et n’oublions pas le principal événement à venir de ce weekend, le match Suisse – Italie samedi à 18 heures. La Nati n’a plus battu la Squadra Azzura depuis 1993, votre serviteur se verra affublé de trois adorables mais féroces tifosi pour regarder le match, che vinca il migliore, a patto che indossi una maglia rossa con una croce bianca...