Gonet: l'actualité des marchés au 30 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,35%, Dow +0,61%, SPX +1,24%, Russell +2,10%, SOX +2,23%, Eurostoxx -0,10%, SMI -0,04%.

Wall Street est fort occupée en cette période estivale, ce qui ne l’empêche en rien de poursuivre sa hausse, l’indice S&P500 (SPX) restant dans son canal haussier dont le bas se situe à 3185 points (clôture à 3258 hier soir). La journée d’hier est consacrée à digérer les nombreux résultats de sociétés, qui se révèlent globalement bons, et l’audition devant une commission du Congrès (en télé conférence) des patrons des Big4: Apple, Amazon, Alphabet et Facebook, audition qui ne donne rien si ce n’est une tribune à leurs CEOs pour rappeler à leurs élus combien le rêve américain est important, qu’ils ne comprennent mais alors pas du tout pourquoi ils sont montrés du doigt et inquiètent plus d’un quant à leur taille et leurs activités et qu’ils ont créé tellement d’emplois aux Etats-Unis que cette audition relève vraiment de la farce médiatique! Mais l’essentiel est ailleurs et il se nomme Jerome Powell. Après que la Fed ait annoncé ne pas modifier ses taux directeurs, son boss parle et continue de murmurer à l’oreille des investisseurs. Monsieur Powell indique que la Fed ne change pas sa politique d’achats d’actifs et utilisera tous les outils dont elle dispose pour soutenir l’économie, rien de nouveau donc. Il ne fait aucune mention de l’inflation et ne parle pas non plus de timing quant au moment approprié pour relever les taux d’intérêts. Ces mots sont de la musique aux oreilles du marché, qui devrait toutefois garder en tête cette phrase du patron de la Réserve Fédérale: «la trajectoire économique dépendra largement de l’évolution du virus. Tant que les gens ne seront pas sûrs que la maladie est sous contrôle, il n’y aura pas de reprise économique complète». Jerome Powell met aussi indirectement la pression sur la Maison Blanche en exhortant tout un chacun à ne pas baisser la garde quant à la pandémie. Appel du pied au Capitole également lorsque le président de la Fed souligne l’importance de la politique budgétaire de soutien.

Les actions dites de valeur sont recherchées et l’on assiste à des couvertures de shorts (positions vendues à découvert) dans le marché. Le dollar reste faible, le Dollar Index traite à 93,52 ce matin, la paire eur/usd à 1,1754. Pour rappel la prochaine résistance se situe à 1,1822, on est venus à 1,1806 hier. Le pétrole est en état catatonique et se solidifie à 41,16 dollars par baril de WTI Light Crude. Du côté de l’or, c’est une toute autre histoire, le métal jaune ne rend pas de terrain et progresse quelque peu en revenant à 1956 dollars par once ce matin, après être revenu visiter le niveau de 1980 dollars pendant la nuit. La volatilité recule encore, l’indice Vix (volatilité du SPX) rendant 5,2% à 24,10, il traite à son plus bas niveau depuis mars. Les volumes d’échanges sont franchement décevants avec un peu plus de 10 milliards de titres traités sur le NYSE (New York Stock Exchange), sachant que de nombreuses sociétés ont rapporté leurs résultats. Enfin le rendement de l’emprunt US à 10 ans se stabilise à 0,56%.

Vous souvenez-vous de Kodak? Mais oui, vous savez, ce dinosaure du 20ème siècle qui est mort d’obsolescence dans la psyché collective. Et bien non seulement le dinosaure n’est pas mort, mais en plus il est sacrément vivant! Son action flambe à Wall Street depuis l’annonce mardi (et même avant) d’un prêt de 765 millions de dollars du gouvernement américain pour fabriquer des principes actifs, qui sont fondamentaux dans la production des médicaments qui combattent les virus. De 2,14 dollars au plus bas lundi, séance au terme de laquelle le titre de l’ancien géant de la photographie a bondi de 24,17% à 2,62 euros, l’action Eastman Kodak a atteint un plus haut à près de 60 dollars hier, après plusieurs suspensions de cotation. Au final elle ne progresse «que» de 318% sur la séance pour clôturer à 33,20 dollars. Bienvenue en 2020…

Le bénéfice avant impôt de Crédit Suisse a progressé de 19% à 1,6 milliard de francs. Le consensus n'était qu'à 675 millions.  La banque va verser la deuxième partie de son dividende qui équivaut à la première distribution de 0,1388 franc par action. Nestlé a dégagé une croissance organique de 2,8% au premier semestre. La marge opérationnelle courante récurrente a progressé à 17,4%. La croissance organique annuelle devrait se situer entre 2 et 3%, pour une marge en hausse. Le bénéfice net par action ajusté de Paypal a atteint 1,07 dollar au second trimestre, alors que le consensus était positionné à 0,87 dollar, grâce à des volumes de transactions plus élevés que prévu. Les résultats trimestriels de Samsung sont supérieurs aux attentes. Le chiffre d'affaires de Shopify a quasiment doublé au cours du trimestre précédent, dopé par l'engouement autour du commerce en ligne. Qualcomm flambe après la clôture de Wall Street, grâce à la signature d'un énorme contrat avec Huawei, pourtant persona non grata aux Etats-Unis. Huawei, qui devient provisoirement le numéro un mondial de la vente de Smartphone, avec 55,8 millions d'appareils écoulés au second trimestre, contre 53,7 millions pour Samsung. LafargeHolcim prévoit un deuxième semestre solide après un redémarrage en juin.

Aujourd’hui, ce soir plus particulièrement, sera une journée en ligne avec les températures actuelles. Après la cloche de fin de séance du NYSE, nous aurons droit à un quatuor de résultats plutôt bruyant: Apple, Amazon, Alphabet et Facebook. Préparez-vous à des mouvements post fermeture, que ce soit sur ces titres ou sur les futures d’indices. En mise en bouche, un peu plus tôt dans la journée, nous aurons droit aux demandes hebdomadaires d’allocations chômage ainsi qu’au PIB des Etats-Unis. En Europe, l'Allemagne publie trois statistiques importantes: l'évolution du chômage (9h55), le PIB du deuxième trimestre (10h00) et l'inflation préliminaire de juillet (14h00).

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 0,26% à la cloche, Hong Kong qui progresse de 0,33%, Shanghai qui rend 0,09% et Séoul qui grappille 0,17%. Le future SPX abandonne 8 points et l’Europe est indiquée autour de l’équilibre à l’ouverture. Dans le pré-marché suisse,  Crédit Suisse progresse de 3,1%, LafargeHolcim de 2,3% et UBS de 1,2% (en sympathie avec Crédit Suisse).

Le marché a donc franchi l’étape de la Fed avec succès, ce qui est tout sauf anecdotique. Les investisseurs sont rassurés, la planche à billets va continuer à tourner. Et la Réserve Fédérale donne rendez-vous aux investisseurs le 16 septembre pour communiquer à nouveau sur son approche. Dans le joyeux monde des taureaux, on interprète cela comme une assurance que les taux vont rester au plancher encore plus longtemps qu’espéré. Et tant que ce tsunami de liquidités ne faiblira pas, il va falloir être sacrément puissant pour faire plier durablement ce marché.

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