Gonet: l'actualité des marchés au 27 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -0,94%, Dow -0,68%, SPX -0,62%, Russell -1,52%, SOX -1,56%, Eurostoxx -1,80%, SMI -1,63%.

Wall Street recule vendredi pour la deuxième séance consécutive, pénalisée par le regain des tensions entre Washington et Pékin et des inquiétudes croissantes que la reprise de la première économie du monde stagne. Le secteur de la technologie, qui prend de plus en plus de place dans les indices, fait l’objet de prises de bénéfices et calme tout le monde. Ce même secteur réalise d’ailleurs la pire performance hebdomadaire des 11 secteurs du S&P500 (SPX). Sur la semaine, le SPX recule de 0,3%, le Dow Jones fait de même alors que le Nasdaq100 (NDX) abandonne 1,52%. Notons que les indices Dow Jones et des Transports (TRAN) traitent juste au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours. Remarquons aussi que le NDX est en train de former un double top, à suivre de près. Certains poids lourds de la cote accusent le coup et réalisent de piteuses performances hebdomadaires. Apple recule de 3,9% alors que Facebook rend 4,7%. L’insubmersible Tesla abandonne 5,6%. La faiblesse de la tech de vendredi est à mettre au «crédit» d’Intel qui plonge de 16,2%, après avoir publié des résultats en progression jeudi soir mais aussi prévenu que le développement de ses puces «super rapides» prend du retard. Ceci dit, AMD progresse de 16,5% pour sa part alors que TSMC avance de 9,7% après avoir annoncé recevoir un contrat de… Intel.  Le secteur de la technologie est devenu incontournable et fait désormais la pluie et le beau temps dans les indices. Rendez-vous compte, à elles seules, Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet et Facebook représentent environ 25% de tout le SPX… et ça tombe bien de le dire car, hormis Microsoft, toutes ces firmes publient leurs résultats cette semaine!

C’est donc une semaine agitée qu’auront vécue les indices, marquée par le regain de tensions entre les Etats-Unis et la Chine, des prises de profits bien souvent post-publications de résultats trimestriels avec en toile de fonds la persistance de la crise sanitaire. Les indices européens d’actions n’auront pas fait mieux que leurs alter ego américains, l’indice Eurostoxx 50 repasse en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours. Une semaine agitée avec des indices traitant près de leurs plus hauts historiques cela dit. En parallèle, les intervenants ont continué d’acheter des obligations gouvernementales, le 10 ans US reculant à un rendement de 0,58% et aussi de l’or, le métal jaune se hissant à 1900 dollars par once soit 21 dollars en dessous de son plus haut niveau historique. À noter par ailleurs que l’argent a gagné 17% en 5 jours. Sur la partie du pétrole, le scénario est quelque peu différent et franchement ennuyeux, le baril de WTI Light Crude parvenant à se stabiliser aux alentours des 41 dollars. On peut attribuer cette stabilité à un manque crasse de visibilité quant à la demande en or noir ces prochains mois, elle-même perturbée par la propagation du virus.

Dans le marché obligataire, on s’est nettement détendu après l’annonce de la confirmation de l’accord conclu par le Conseil Européen concernant le fonds de reconstruction de l’Union Européenne. Cette puissance de feu financière détend l’ensemble des spreads, à l’image de l’Italie, qui peut désormais emprunter à 10 ans sous les 1%. Aux Etats-Unis, les investisseurs se dirigent vers le marché des obligations d’entreprises, le rendement des emprunts gouvernementaux étant tombés vraiment très bas.

Sur le front des statistiques économiques, c’est assez simple à résumer : en Europe on se rassure. Au-delà du fonds de relance, les indices flash PMI manufacturier et des services ont dépassé les attentes, ce qui traduit une expansion de l’activité économique. C’est un tableau très différent que nous réservent les Etats-Unis où tous les chiffres notables ont manqué les attentes (ventes de logements, stocks pétroliers, demandes hebdomadaires d’allocations chômage).

Ce matin le dollar poursuit son inéluctable glissade avec un Dollar Index qui recule encore et teste actuellement le niveau de 94. Attention à son RSI (Relative Strength Index) qui entre doucement en territoire survendu. Cela dit la tendance du billet vert est faible et ce ne sont pas les incursions des Etats-Unis et de la Chine dans les consulats de Houston respectivement de Chengdu (ce matin) qui vont permettre au greenback de relever la tête. La paire eur/usd teste le niveau de 1,17. Prochaine résistance 1,1822 (61,8% de retracement Fibonacci de la baisse de mars 2018 $ mars 2020) puis le niveau charnière de 1,1980 – 1,20. Les prochaines séances sont cruciales pour l’actif le plus liquide du monde, lorsque l’on prend du recul, on observe que l’euro/dollar tente de sortir de son canal baissier entamé en 2008 alors qu’il se situait à 1.60…Et ce matin il y en a un qui fait aussi des siennes: l’or. Non content d’être venu renifler le niveau de 1900 dollars par once vendredi, le métal jaune se paie un nouveau record historique ce matin en se propulsant à 1944,71 dollars et en revenant à 1932 dollars actuellement. Ne cherchez pas bien loin les raisons de cette force supplémentaire, regardez du côté de la cour d’école, pardon de Houston et Chengdu. Par ailleurs, le fait que l’or soit en train de tester son plus haut historique (1921,17 dollars) ouvre de nouvelles perspectives vers le haut, sachant que la quasi intégralité des indicateurs techniques sont haussiers (petit bémol avec un RSI à 85 qui pourrait provoquer une pause) et que les raisons fondamentales de détenir du métal jaune sont toujours valables voire renforcées par la faiblesse du dollar. Le pétrole reste de marbre, le baril de WTI Light Crude traite à 41,22 dollras ce matin.

On reste dans les monnaies avec le Câble, qui se sent pousser des ailes. Les négociations sur le Brexit sont dans l’impasse? Qu’importe! la paire GBP/USD casse sa moyenne mobile à 200 jours, traite à 1,2825 ce matin et regarde désormais le plus haut de décembre 2019 à 1,3514 dollar.

Les Hedge Funds ont coupé de moitié leurs paris haussiers sur le Nasdaq la semaine passée et les paris sportifs en ligne sont de retour avec le plus grand nombre de paris de l’histoire enregistré à l’approche du lancement de la saison de baseball. C’est une relative mauvaise nouvelle pour les actions car les «robinhooders» pourraient bien délaisser la bourse pour retourner à leurs premières amours. La saison des résultats de sociétés bat son plein et cette semaine nous aurons notamment droit à Apple (AAPL), Amazon (AMZN), Alphabet (GOOGL), Facebook (FB), Visa Inc (V), Procter Gamble (PG), Mastercard (MA), Pfizer Inc (PFE), PayPal (PYPL), Merck (MRK), Comcast (CMCSA), Exxon Mobil (XOM), AbbVie (ABBV), Chevron (CVX), Eli Lilly (LLY), Amgen (AMGN), McDonald's (MCD), Charter C (CHTR), UPS (UPS), QUALCOMM (QCOM) et Boeing Co (BA). Ce ne sont pas moins de 193 firmes du SPX qui rapportent cette semaine. La Fed annonce sa décision sur les taux ce mercredi à 20h, personne n’attend de changement. En revanche tout un chacun souhaite savoir ce que Jerome Powell a à dire. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans reste cantonné légèrement en-dessous des 0.60%, sa tendance baissière est intacte. Hormis l’annonce de la Fed, nous aurons notamment droit au PIB US, au PMI chinois, au PIB japonais, au taux de chômage en Espagne, à la confiance des consommateurs en France, au taux de chômage en Zone Euro et au PIB allemand. Et on reste en Allemagne pour débuter la semaine avec l’indice IFO du climat des affaires qui sera publié à 10h. A 14h30 ce sera le tour des commandes de biens durables aux Etats-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 0,2% à la cloche, Hong Kong abandonne 0,6%, Shanghai gagne 0,35% et Séoul avance de 2,31%. Le future SPX avance de 10 points et l’Europe est indiquée à l’équilibre à l’ouverture. L’éditeur allemand de logiciels SAP relève ses perspectives de cash-flow pour 2020 et annonce vouloir lancer Qualtrics dans le marché. HSBC est obligée de communiquer pour réfuter les rumeurs de collaboration avec le parquet des Etats-Unis afin de piéger Huawei.

Au chapitre du virus, on observe des chiffres toujours élevés aux Etats-Unis et au Brésil et une seconde vague encore ténue mais présente en Europe et en Asie. Le brassage estival fait son œuvre. Les Républicains doivent annoncer aujourd’hui leur nouveau plan de soutien économique, à débattre avec les Démocrates. À ce propos, l’élection présidentielle approche à grand pas (3 mois). Joe Biden mène de 9.1 points dans les sondages. Ce qui frappe, c’est lorsqu’on regarde l’évolution des paris en ligne ou Biden mène avec 60,7% contre 36,4% à Trump. L’écart est énorme mais ce qui frappe encore plus c’est son évolution. À la toute fin du mois de mai, Donald Trump était devant son adversaire. Début juin les courbes se sont croisées pour ne plus se revoir depuis. La gestion désastreuse de la pandémie de coronavirus par Donald Trump en est probablement la principale raison. On ne peut cela dit pas oublier que George Floyd est mort le 25 mai. Le marché semble s’accommoder à l’idée d’un nouveau locataire à la Maison-Blanche en janvier 2021, à suivre de très près.

Grosse ambiance en Angleterre où les touristes de retour d’Espagne se voient imposer une mise à l’isolement de quatorze jours.

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