Gonet: l'actualité des marchés au 26 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,09%, Dow +1,18%, SPX +1,1%, Russell +1,7%, SOX +0,86%, Eurostoxx +0,71%, SMI +0,68%.

Wall Street repart timidement de l’avant, les investisseurs tentant d’évaluer les risques liés à l’aggravation de la crise sanitaire dans le Sud et l’Ouest des Etats-Unis, notamment au Texas et en Floride. Les bancaires bondissent alors que les autorités de tutelle s’apprêtent à assouplir la loi Volcker, qui limite leurs investissements. Mais après la clôture, les résultats des stress tests sont publiés et il faut bien l’avouer, ils ne sont pas bons. Le secteur bancaire plonge dans la soirée dans des proportions de 1,5% à 3,7% selon les firmes. La Fed décide ainsi de plafonner le versement de dividendes par les banques et suspend les programmes de rachat d’actions dans le secteur pour le troisième trimestre. C’est en fin de séance que les acheteurs refont surface et permettent au Nasdaq100 (NDX) de se maintenir au-dessus des 10’000 points. Le S&P500 (SPX) se rapproche tout près de sa moyenne mobile à 200 jours en séance (plus bas du jour 3024 contre la 200 dma à 3020,90, clôture 3083.76). Les actions de valeur sont recherchées, les titres de momentum sous-performent.

La journée d’hier est intéressante à plus d’un titre, le marché doit digérer pas mal de petites mauvaises nouvelles et s’en sort fort bien une fois de plus. Le secteur immobilier souffre des résultats de KB Home (KBH -11,87%), les demandes hebdomadaires d’allocations chômage sortent à 1,48 million contre des attentes à 1,32 million. Cela dit, si l’on considère les demandes persistantes (continuing claims), cela s’améliore quelque peu. Goldman Sachs s’attend à ce que 73 milliards de dollars d’actions soient vendus en fin de mois. Le CEO de Delta ne prévoit pas à un retour à la normale avant deux ans. Robert Kaplan, de la Fed, s’attend à une contraction de la croissance US de 35 – 40% au second trimestre, sur une base annualisée. La rhétorique agressive de Washington DC à l’encontre de Pékin reprend, Mike Pompeo indiquant que la Chine ne peut plus dicter les termes de leurs relations économiques. Et bien sûr les nouvelles du virus en provenance des Etats-Unis ne sont pas bonnes, j’y reviens. Et malgré tout cela, le marché garde la tête haute.

La volatilité repart vers le sud, l’indice VIX (volatilité du SPX) recule de 4,8% à 32,22, niveau qui reste élevé cela dit. Le pétrole repart à la hausse, le baril de WTI Light Crude revient à 39,11 dollars ce matin. L’or se stabilise à 1762 dollars l’once, le métal jaune regarde toujours vers les 1800 dollars. Le Dollar Index (DXY) reste faible et traite à 97,38, la paire eur/usd à 1,1213. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans est stable à 0,67%. Notons la faiblesse relative du yen contre le dollar, la paire USD/JPY traite à 107,09, qui nous indique que le sentiment du marché reste serein. Le billet vert, le yen, les bons du Trésor US sont tous des valeurs refuges, dans laquelle les intervenants ne se ruent pas en ce moment.

Situation inquiétante au Texas, en Floride, Californie, Arizona, Mississippi et au Nevada, qui ont connu un nombre record de cas ces derniers jours. Le pays a dénombré près de 36’000 cas de plus en 24 heures, pratiquement un record, puisque le pic affiché fin avril s’était affiché à 36’426. Face à ce rebond des contaminations, le gouverneur républicain du Texas annonce qu’il interrompt le processus de levée des restrictions dans son Etat, et appelle les Texans à respecter les mesures barrières (masques, lavage des mains, distanciation). Parmi les sujets d’inquiétude, les capacités d’accueil en soins intensifs de la ville texane de Houston, qui sont désormais presque saturées. Lors d’une conférence de presse, le Dr Robert Redfield, directeur du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), se dit «très inquiet de la situation qui pourrait survenir en automne, lorsque la grippe et le coronavirus seront présents simultanément». Il appelle les Américains à respecter les mesures de distanciation sociale, notre «arme la plus puissante» et prévient que le CDC a constaté que les formes graves du virus touchent désormais des populations plus jeunes et pas seulement les plus de 65 ans. Le CDC estime qu’environ 24 millions d’Américains (10 fois plus que ceux révélés par les tests) pourraient avoir été contaminés, soit environ 6% de la population américaine. Les Etats-Unis restent de loin le pays le plus endeuillé par la pandémie, la barre des 120’000 morts a été franchie lundi.

Les commandes de biens durables ont rebondi plus que prévu en mai, gagnant 15,8% par rapport à avril, contre +10% de consensus et -18,1% en avril. Par ailleurs, l’indice manufacturier de la Fed de Kansas City est ressorti meilleur que prévu en juin, à +1, contre un consensus de -9. Il signale donc une modeste expansion, inattendue, de l’activité manufacturière régionale. Enfin, la 3e et dernière estimation de la croissance des Etats-Unis au Q1 n’apporte pas de surprises. Le PIB final s’est ainsi établi à -5% en rythme annualisé, ce qui ressort conforme au consensus et à l’estimation préliminaire. Les dépenses réelles de consommation ont diminué de 6,8%, contre -6,9% de consensus et -6,8% pour l’évaluation préliminaire. L’indice des prix a augmenté de 1,4%, contre +1,5% de consensus et +1,4% pour la précédente estimation.

Nike (NKE -3.5% en après-bourse) publie un chiffre d’affaires au 4ème trimestre en recul de 40%, malgré un bond des ventes en ligne. La perte nette atteint 790 millions de dollars (51 cps) à comparer à un bénéfice net de 989 millions de dollars (62 cps) sur le même trimestre de 2019. Les revenus tombent à 6,3 milliards de dollars contre 10,1 milliards de dollars un an plus tôt, (-37,6%). Ces chiffres sont inférieurs aux attentes du marché. En revanche la marque Jordan décolle de 15% grâce au documentaire The Last Dance, diffusé sur Netflix. Walt Disney  (DIS -0,6%) reporte les réouvertures de ses parcs à thème et hôtels en Californie, en attendant le feu vert des autorités d’un Etat américain confronté à la remontée des nouveaux cas de Covid-19. Apple (AAPL +1,3%) annonce la fermeture de 7 Apple Stores dans la région de Houston, au Texas, en raison de la dégradation de la situation sanitaire dans cet Etat. La semaine dernière, la firme à la pomme avait déjà refermé temporairement des magasins en Floride, en Arizona, ainsi qu’en Caroline du Nord et du Sud, où le nombre de cas de Covid-19 progresse aussi rapidement. Alphabet (GOOG +0,59%). Google annonce son intention de payer certains groupes de médias australiens, brésiliens et allemands pour la fourniture de contenus «de qualité». Le groupe Internet s’attend à conclure d’autres accords de ce style. Macy’s (M -4,1%) va supprimer environ 3900 postes, soit 3% de ses effectifs, afin de réduire ses coûts alors que le distributeur lutte contre les effets de la pandémie de coronavirus. La chaîne de magasins basée à New York s’attend à économiser environ 365 millions de dollars grâce à ces licenciements au cours de l’exercice 2020. Gilead (GILD -0,58%). L’Agence européenne des médicaments (EMA) autorise sous condition l’usage du Remdesivir de Gilead chez les patients atteints de Covid-19, ouvrant ainsi la voie à son homologation. L’EMA indique que son comité des médicaments à usage humain a recommandé l’utilisation de ce traitement expérimental chez les adultes et les adolescents à partir de 12 ans atteints par la pneumonie provoquée par le nouveau coronavirus et ayant besoin d’un apport en oxygène. Boeing (BA -1%) souffre après une dégradation de Berenberg, qui revoit sa recommandation à ‘vendre’ contre ‘conserver’ du fait de risques de court terme jugés encore élevés concernant la crise sanitaire ou la reprise du trafic aérien et des cadences de production. L’Europe va enquêter sur le comportement de la BaFin vis-à-vis de Wirecard. Les actionnaires de Deutsche Lufthansa ont soutenu hier en assemblée générale le projet de sauvetage de la compagnie par les pouvoirs publics. AMS dément les articles de presse évoquant l’ouverture d’une enquête de l’autorité autrichienne de surveillance des marchés financiers sur ses dirigeants. Novartis et Alcon sont sanctionnés à hauteur de 347 millions de dollars par la SEC pour des montages de corruption en Grèce, en Corée et au Vietnam.  Gardez un œil sur nos bonnes vieilles Nokia et Ericsson, qui progressent de 6% respectivement 5.3% sur le NYSE hier. La Maison-Blanche étudierait des options pour sécuriser le développement de la technologie 5G et envisagerait de favoriser un rachat de l’une ou l’autre de ces firmes.

Trois indicateurs sont en vue aux Etats-Unis, l’indice des prix «core PCE» et les dépenses et revenus des ménages à 14h30, puis la dernière lecture de l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan à 16h00.

Ça ne s’invente pas: selon le Financial Times (FT), le Trésor américain a envoyé des chèques de stimulation à plus d’un million de personnes… décédées, pour un montant de 1,4 milliard dollars.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement dans le vert. Tokyo gagne 1,13% à la cloche, Hong Kong recule de 0,8%, la Chine est fermée et Séoul avance de 1,05%. Le future SPX recule de 4 points et l’Europe est indiquée en hausse de 0,7%.

 

Retour de l’actualité des marchés mardi 30 juin.

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