Gonet: l'actualité des marchés au 25 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,03%, S&P 500 +0,23%, Nasdaq +0,44%, Russell 2000 +0,15%, SOX +0,93%, Eurostoxx -0,18%, SMI +0,23%.

Wall Street monte encore d’un octave et ignore superbement l’inflation, qui atteint son plus haut niveau depuis 1991. C’est une journée plutôt calme que vivent les indices en cette quasi fin de semaine, rappelons que les marchés américains resteront fermés aujourd’hui pour Thanksgiving, ils ouvriront une demi-séance demain. En termes de secteurs, le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose des titres de l’immobilier, de l’énergie et de la technologie. Les actions de croissance retrouvent des couleurs grâce au léger repli des taux obligataires, le 10 ans US revenant à 1,63% après avoir testé 1,70%. Et c’est là que de nombreux observateurs se «perdent dans la traduction». En effet, les très nombreuses statistiques économiques du jour pointent quasiment toutes vers une économie américaine en pleine forme, qui plus est qui provoque une hausse généralisée des prix. Prenez les demandes hebdomadaires d’allocations chômage par exemple, ces dernières sortent à 199'000 personnes, les économistes prédisaient un chiffre de 260'000. On n’avait plus vu cela depuis 1969. Et ce n’est pas tout, la vigueur de la première économie du monde apparait à tous les étages (notamment les revenus et dépenses des ménages, indice PCE cœur (l’indicateur favori de la Fed pour mesurer l’inflation), indice du sentiment de l’université du Michigan, ventes de maisons neuves).

Cerise sur le gâteau, hier soir la Fed publie les minutes de sa dernière réunion, minutes qui montrent que si les membres du FOMC prévoient généralement que le taux d'inflation diminuera sensiblement au cours de l'année 2022, certains ont également souligné que les hausses de prix s'étaient généralisées. «De nombreux participants ont souligné des considérations qui pourraient suggérer que l'inflation élevée pourrait s'avérer plus persistante», indique le procès-verbal. Envie d’accélérer le processus de tapering et de hausses de taux? En tous les cas le marché des Fed Funds pronostique désormais 54,9% de probabilités d’une hausse de 25 points de base en mai 2022, le marché intègre donc déjà une accélération potentielle de la fermeture du robinet des liquidités aux Etats-Unis.

La courbe des taux américaine s’aplatit un peu plus encore, à un niveau plus observé depuis septembre 2020. Ce phénomène est assez étrange, c’est là que l’on se perd potentiellement dans la traduction, car qui dit courbe des taux plate, dit que le marché s’inquiète quant à la croissance économique. On peut peut-être expliquer cela par les craintes croissantes liées au virus, l’Europe tente de sauver Noël comme elle peut, l’Autriche a montré la voie, l’Allemagne va lui emboîter le pas (mais où est donc Olaf Scholz dans ce dossier?), en France le gouvernement ne prend pas (encore) de mesures mais clame haut et fort qu’il va falloir se recentrer sur les gestes barrières, déjà 6000 classes ont été fermées dans le pays. Le ministre de la santé Olivier Véran donne une conférence de presse à midi et demi, il devrait annoncer de nouvelles mesures mais pas de panique, il est le troisième niveau en termes de communication Covid. Les décisions graves de type confinement sont annoncées par Emmanuel Macron, ensuite on a Jean Castex puis Olivier Véran. En Suisse, on décide en urgence de ne rien faire, au niveau fédéral tout au moins, sachant que la votation sur la loi Covid se tiendra ce dimanche 28 novembre, attention à la conférence de presse du Conseil Fédéral de mercredi 1er décembre. Mais dans l’intervalle le Conseil Fédéral rappelle que les cantons ont la compétence d’agir.

Cela explique peut-être aussi que le dollar reste fort, la paire EUR/USD teste 1,1200 hier après-midi et revient à 1,1217 ce matin, elle tient le coup pour l’instant, pour combien de temps? Prochain gros niveau 1,1047, niveau où le dollar sera peut-être suffisamment suracheté pour inciter les cambistes à inverser la vapeur. Le pétrole ne sait plus à quel saint se vouer, pris en tenaille entre Joe Biden & Friends et l’Opep+, le baril de WTI Light Crude évolue à 78,25 dollars ce matin. L’or se stabilise légèrement en-dessous de 1800 dollars l’once, sa moyenne mobile à 200 jours se situe à 1791 dollars. La volatilité pique du nez, le VIX recule de 4% et revient à 18,58.

Résumons: les statistiques économiques du jour sont fortes et montrent que l’inflation a encore progressé, le marché obligataire s’inquiète de la croissance économique, les actions s’en fichent et poursuivent leur hausse alors que les minutes du dernier FOMC montrent que la Fed pourrait accélérer le tapering. L’acronyme TINA (There Is No Alternative…but stocks) semble bel et bien encore présent. Le marché va se mettre en mode pause jusqu’à lundi, le virus probablement pas, qui pourrait bien jouer le rôle d’arbitre à court terme pour les indices boursiers.

Les moteurs mondiaux de l'inflation vont s'atténuer l'année prochaine, déclare Gabriel Makhlouf de la BCE. Les pressions sur les prix en 2021 ne semblent pas pousser les salaires à la hausse, bien que les bouleversements du marché du travail ne permettent pas d'en être sûr. Dans tous les cas, il n'y a pas lieu de se reposer sur ses lauriers: si les tendances actuelles persistent, «les arguments en faveur d'une action de politique monétaire se renforcent.»

L'Allemagne a dépassé les 100’000 décès, les nouvelles infections continuent d'augmenter et les hôpitaux de certaines villes sont débordés. L'Europe réintroduit des restrictions, y compris certains vaccins obligatoires en Allemagne, des restrictions pour les personnes non vaccinées en Italie et des mandats de masques en Norvège et au Danemark. Aux États-Unis, le nombre de travailleurs qui se sont rendus au bureau dans 10 des plus grands quartiers d'affaires a légèrement diminué, selon Kastle Systems.

Il n'y aura aucun indicateur macroéconomique majeur aujourd'hui. Toutefois, la BCE va publier le compte rendu de sa dernière réunion à 13h30 et sa patronne, Christine Lagarde, doit prononcer un discours à 14h30 : peut-être quelques indications sur la politique monétaire européenne?

Accor: Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 33 euros. Landis+Gyr: Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 57 francs. Stéphane Richard démissionne de la direction générale d'Orange après sa condamnation en appel dans le dossier Crédit Lyonnais. Il quittera ses fonctions au plus tard le 31 janvier. Les autorités chinoises exigent dorénavant de Tencent qu'il soumette toute nouvelle application mobile ou mise à jour à inspection avant sortie. AT&T et Verizon proposent des limites 5G pour sortir de l'impasse en matière de sécurité aérienne, selon le WSJ. Zurich Insurance place un emprunt de 500 millions de dollars. Petrobras prévoit d'investir 68 milliards de dollars entre 2022 et 2026. Swiss Life va lancer un programme de rachat d’actions propres de 1 milliard de francs, le titre progresse de 1,6% dans le pré-marché.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé et dans le calme. Tokyo progresse de 0,67% à la cloche, Hong Kong gagne 0,23%, Shanghai perd 0,24% et Séoul rend 0,47%. À noter que Pékin exhorte les  collectivités à renforcer leurs investissements pour relancer la croissance, ce ne peut pas faire de mal à l'heure où les statistiques économiques du pays sont toujours dégradées (les prochains indicateurs, les PMI manufacturiers et des services de novembre, seront publiés les 29 et 30 novembre). L’agence Bloomberg annonce aussi que la ville de Chengdu a pris des mesures pour assurer la liquidité de certains promoteurs immobiliers, histoire de limiter les dégâts collatéraux de leur déconfiture. Le future SPX gagne 17 points, ce qui ne veut pas dire grand-chose vu que Wall Street n’ouvrira pas aujourd’hui. L’Europe est indiquée en progression de 0,5% à l’ouverture de 9 heures.

Sacré Jamie Dimon! Le CEO de JP Morgan s’était laissé aller à plaisanter sur la durée de vie de sa firme, qu’il voit plus pérenne que le parti communiste chinois. À Pékin on a adoré le trait d’humour, morts de rire Xi Jinping et ses sbires, à un tel point que Jamie Dimon est devenu beaucoup moins drôle quand il a commencé à s'excuser. Il lui a fallu, à lui et à sa banque, pas moins de deux communiqués pour déballer les platitudes et l'autoflagellation habituelles, entre «regrets», éloge du peuple chinois «très intelligent et très réfléchi» et promesse qu'on ne le reprendrait plus à critiquer des dirigeants d'autres pays.

 

Retour de l’actualité des marchés lundi 29 novembre.

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