Gonet: l'actualité des marchés au 19 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,17%, S&P 500 +0,34%, Nasdaq +0,45%, Russell 2000 -0,56%, SOX +1,79%, Eurostoxx -0,39%, SMI -0,37%.

Wall Street s’offre de nouveaux records historiques d’une qualité fort discutable. Commençons par le vénérable Dow Jones, qui recule sur la journée, pénalisé par Cisco Systems (CSCO -5,6%), le plus grand fabricant d'équipements de réseaux informatiques au monde affichant des perspectives décevantes. En revanche, l’indice S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) clôturent en territoire inexploré. Tout va bien donc? Du calme Charles, en grattant légèrement à la surface de la séance d’hier, on constate aisément que le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse vis-à-vis de ceux terminant en baisse) est déplorable. Seuls 33% des titres du SPX terminent dans le vert, alors que du côté du NDX c’est encore pire avec 28%. La conclusion de ce phénomène est aisée, hier les indices parviennent à monter grâce aux grosses capitalisations, surtout technologiques, mais le gros de l’armée ne monte pas sur la colline, c’est rarement encourageant. Et d’ailleurs, en début de session on observe de gros programmes vendeurs, de vraiment très gros programmes. La raison? Le plan de Joe Biden «Build Back Better» serait en danger, le sénateur démocrate de Virginie-Occidentale Joe Manchin ne serait pas décidé à le voter, et paf les programmes de vente. On observe d’ailleurs que le Tick Index, qui mesure les titres en baisse par rapport à ceux en hausse en direct, s’offre un plongeon à -1000 en début de séance, phénomène suffisamment rare pour être mentionné.

Une séance de qualité médiocre que celle d’hier donc, n’en déplaise aux taureaux. Les valeurs dites «stay at home» sont privilégiées, au détriment des titres «get out and party», et là on se tourne du côté du virus, qui vous salue bien. J’écoutais notre Conseiller Fédéral Berset hier sur la RTS, qui répondait calmement, comme à son habitude, au feu de questions des journalistes. Ça doit brasser à l’intérieur de notre ministre, qui n’a pu s’empêcher de lâcher qu’il nous avait averti de ne pas laisser tomber les gestes barrières et de nous faire vacciner. En Allemagne, on s’apprête à faire plus ou moins comme en Autriche, soit généraliser les restrictions spécifiques pour les non-vaccinés. Angel Merkel annonce que les personnes n’ayant pas encore reçu d’injection connaitront de nouvelles mesures sanitaires. L’Autriche et l’Allemagne sont nos voisins, tout cela n’augure rien de bon pour notre bonne vieille Helvétie. Et donc le virus s’invite chaque jour un peu plus dans la psyché des investisseurs, en l’état le marché ne semble pas s’en inquiéter mais il peut tourner aussi vite qu’une crêpe, à suivre de près.

Parmi les grosses capitalisations menant la danse de la hausse, on retrouve Apple (AAPL +2,87%), qui bondit après que Bloomberg a annoncé que la firme à la pomme accélère le développement de son programme de véhicule autonome. De son côté, Amazon décolle de 4,1% sans raison apparente. Il faut se rappeler que la firme de Jeff Bezos a sous-performé les FAANGs ces derniers trimestres, on assiste probablement ici à de la chasse aux bonnes affaires et aussi à du positionnement avant la grand-messe du Black Friday, qui se tiendra dans une semaine selon le principe de «je dépense, donc je suis». Il est intéressant de noter qu’Apple et Amazon n’ont réalisé une hausse de 2% ou plus que six fois cette année. Dans un contexte un peu plus volatile, Nvidia l’a fait six fois… depuis le 29 octobre. Hier la firme de Santa Clara décolle de 8% après avoir relevé ses estimations de ventes au quatrième trimestre, elle est désormais en hausse de 142% cette année, gardons tout de même en tête que les arbres ne montent pas au ciel (et que les ventes de calls couverts existent).

La séance d’hier est médiocre en qualité mais fort intéressante. On ressort un vieux cadavre, l’action Macy’s, qui se prend pour Rivian et décolle de 21,50%, oui vous avez bien lu, le «dog» décolle de 21,5% après avoir publié des résultats trimestriels meilleurs que prévu et annoncé le lancement d’une place du marché numérique.

Du côté obscur de la force, hier c’est Alibaba qui porte le bonnet d’âne, le titre chute de 11,1% après que la firme a manqué les attentes des analystes et surtout réduit ses perspectives de croissances des ventes pour 2022 de +27% à +20 – 23%. C’est clairement une déception, jusqu’alors le marché lui laissait le bénéfice du doute, ses soucis étant considérés comme exogènes, depuis hier ce n’est plus le cas.

Pas grand-chose à signaler sur le front de la courbe des taux d’intérêts, le 10 ans remonte légèrement à 1,60%, il semble enfermé dans un étau 1,45 – 1,70%. Le 30 ans US reste légèrement en-dessous des 2%. Quant au dollar, il fait du sur place, la paire EUR/USD évolue à 1,1355, à noter le franc suisse, qui doit pétrifier la BNS de peur, il grimpe à 1,0515 contre euros. Mais pourquoi donc? On ne ressent pas d’aversion particulière au risque dans le marché, pas encore du moins, à suivre de près. L’or se replie un chouia, l’once revient à 1857 dollars. Le pétrole revient juste en-dessous des 80 dollars le baril de WTI Light Crude.

Un mot sur les statistiques économiques du jour, qui sont bonnes, les demandes hebdomadaires d’allocations chômage ressortent en-dessous de 300'000 personnes pour la cinquième semaine d’affilée. On a vu un peu plus tôt dans la semaine que le consommateur américain reste en forme olympique, si en plus il a un travail que demande le peuple?

Un vendeur de fruits de mer sur le marché de Wuhan est désormais considéré comme le premier cas connu, selon une étude publiée dans Science (ah ces satanés fruits de mer…). Cela pourrait conforter la théorie de la contagion par les animaux. Apple retarde son retour au bureau. Singapour voit des signes de diminution des cas, tandis que les chiffres de Chicago grimpent en flèche.

Rappel aux amateurs de volatilité (actuellement en berne), aujourd’hui est le troisième vendredi du mois, soit le jour des trois sorcières. Les options et les futures arrivent à échéance, on va déboucler, rouler, clôturer, ce qui devrait réveiller quelque peu le VIX, pour la journée du moins.

Aucun indicateur macroéconomique majeur n'est en vue aujourd'hui. En revanche, Christine Lagarde doit s'exprimer à 15h30 en ouverture du congrès bancaire européen de Francfort.

Air Liquide: Deutsche Bank relève son objectif de cours de 163 à 185 euros. Société Générale: Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 38 à 42 euros. Sulzer: UBS reprend le suivi à neutre. Zurich Insurance: Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 395 à 405 francs. Accor émet 700 millions d’euros d'obligations 7 ans à 2,375% avec des objectifs de développement durable. Applied Materials: le titre perd 5% post-séance après des résultats décevants. Ryanair veut quitter la Bourse de Londres, pour se concentrer sur sa cotation à Dublin et sur son ADR coté au Nasdaq. Unilever finalise un accord de 5,1 milliards de dollars pour céder son activité thé à CVC. Des Etats américains enquêtent sur l'impact d'Instagram (Facebook) sur les enfants. Crown Resorts reçoit une offre de 6,2 milliards de dollars de Blackstone. Ford se lance dans les semiconducteurs et renforce ses objectifs de production dans l'électrique. AstraZeneca envisage de commercialiser le traitement par anticorps COVID-19. Prada envisage un partenariat potentiel entre Compagnie Financière Richemont et Farfetch sur YOOX Net-a-Porter.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, à l’exception de Hong-Kong qui recule de 1,16%, merci Alibaba. Tokyo progresse de 0,50% à la cloche, Shanghai gagne 1,13% et Séoul avance de 0,80%. Le future SPX grimpe de 20 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,45%, le TINA et le FOMO restent bien présents dans ce marché.

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