Gonet: l'actualité des marchés au 22 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,75%, S&P 500 -0,14%, Nasdaq +0,40%, Russell 2000 -0,86%, SOX +0,31%, Eurostoxx -0,62%, SMI -0,07%.

Wall Street se remet en mode Covid. Le regain de vigueur du virus en Europe entre dans la tête des intervenants, principalement la décision des autorités autrichiennes de confiner le pays à nouveau deux voire trois semaines, vaccinés compris. On revient donc massivement dans les actions dites «stay at / work from home» et le secteur de la technologie applaudit des deux mains. Voyez plutôt quelques exemples: Intuit (INTU +10%, aussi bien aidée par ses résultats avouons-le), Micron Tech (MU +8%), Nvidia (NVDA +4%), Apple (AAPL +1,7%, le titre atteint un nouveau record historique à la cloche, aussi aidé par le bruit dans le marché que la firme à la pomme veut lancer sa voiture autonome en 2025 déjà). L’impact de la 5e vague de Covid a un effet plutôt logique sur les différentes classes d’actifs. Les rendements obligataires reculent, le 10 ans revient à 1,56%, proche du bas de sa fourchette de trading récente, le pétrole reste impacté par la révision à la baisse des prévisions de demande mondiale par l’Agence internationale de l’énergie ainsi que la menace de plusieurs pays de puiser dans leurs réserves stratégiques. Le retour du spectre du confinement lui envoie un uppercut supplémentaire, le baril de WTI Light Crude recule à 76,03 dollars. L’or subit quelques désengagements (perspectives d’inflation en repli?), l’once revient à 1843 dollars. Du côté des monnaies, le dollar est en forme olympique, la paire EUR/USD évolue à 1,1269 ce matin. Notons par ailleurs que le franc suisse est également recherché, principalement contre euro, la paire traite à 1,0481. Il faut ceci dit rappeler que la déclaration de Christine Lagarde en fin de semaine que les taux ne monteront probablement pas en 2022 pénalise la monnaie unique du vieux continent.

8 des 11 principaux secteurs de l’indice S&P500 (SPX) terminent leur journée dans le rouge, le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse et ceux en baisse) reste de qualité fort discutable, l’armée persiste à refuser de grimper sur la colline, les généraux de la Sillicon Valley tiendront-ils ainsi isolés longtemps? On fait un détour éclair par le vieux continent et sont plus grand lac, au bord duquel Logitech retrouve des couleurs, le titre décolle de 4,3% vendredi, décidément on l’aime bien ce satané Covid à Morges… Retour aux Etats-Unis avec les punis du jour, les mauvais élèves, qui nous rappellent qu’il ne vaut mieux pas décevoir le marché lorsqu’on passe par le confessionnal des résultats trimestriels. La trilogie de perdants du jour se compose d’Applied Materials (AMAT -5,5%), Workday (WDAY -4,2%) et Ross Stores (ROST -5,6%). Et à l’attention de ceux d’entre vous qui douteraient encore que le Covid a repris les commandes du sentiment de marché, voici les secteurs qui se sont le moins bien comportés vendredi : Services pétroliers, E&P, soins (managed care), hôpitaux, Boeing (disons ici que Boeing est une sorte de secteur à elle toute seule),  banques (taux), divertissement, cartes de crédit, compagnies aériennes, restaurants. Et voilà….

Andrew Bailey crée plus d'incertitude sur la décision politique de décembre de la Banque d’Angleterre (BOE) en notant que le débat sur l'inflation est finement équilibré. Alors que l'activité économique du Royaume-Uni ralentit, les problèmes d'offre continuent d'alimenter les prix. «La cause immédiate de bon nombre de ces problèmes d'inflation se situe du côté de l'offre, et la politique monétaire ne va pas les résoudre directement», déclare-t-il au Sunday Times.

Les États-Unis partagent des renseignements avec leurs alliés européens, y compris des cartes, montrant une accumulation de troupes et d'artillerie du Kremlin en vue d'une poussée rapide et à grande échelle en Ukraine à partir de plusieurs endroits si Vladimir Poutine décide d'envahir le pays, selon l’agence Bloomberg. Selon une évaluation américaine, une attaque est possible au début de l'année prochaine. La France met en garde contre une telle action.

Bloomberg pense que la Fed et Joe Biden sont un peu dans une impasse sur l'inflation. Que ce soit Jerome Powell ou Lael Brainard qui dirige les opérations en février, les responsables pourraient être amenés à adopter dès le mois prochain un calendrier plus rapide de tapering et de hausses de taux d’intérêts, car les prix continuent de grimper. Pourtant, le projet de loi sur les impôts et les dépenses des démocrates qui se dirige vers le Sénat réduirait les coûts pour les consommateurs, soutient Brian Deese, conseiller économique de la Maison Blanche, sur Fox.

C’est fait! L'Autriche a imposé son quatrième confinement pour freiner les infections avant l'entrée en vigueur des vaccinations obligatoires à partir de février. En France, les cas augmentent à une «vitesse fulgurante», déclare un porte-parole du gouvernement à Europe 1. L'Allemagne envisage de rendre les vaccins obligatoires. Le Royaume-Uni étend son programme de rappel, permettant à toute personne de plus de 40 ans de recevoir une troisième dose. Il ajoute Sinovac, Sinopharm et Covaxin à sa liste de vaccins autorisés. Il faut aussi noter que le retour de l'épidémie sur le devant de la scène provoque des heurts de plus en plus nombreux entre des autorités qui doivent serrer la vis et des populations qui font une overdose de restrictions. Des tensions visibles aux Pays-Bas, en Allemagne et en France.

Cette semaine qui débute sera courte. Jeudi Wall Street restera fermée afin de permettre aux américains de liquider des millions de dindes. Vendredi, digestion oblige, le marché américain des actions n’ouvrira qu’une demi-journée. On peut penser qu’un duel opposera cette semaine deux acteurs. À ma gauche le Covid, qui retrouve de l’allant en Europe, le froid et l’indiscipline vis-à-vis des gestes barrières aidant. À ma droite le Black Friday, qui aura lieu officiellement ce vendredi mais qui a déjà débuté dans les faits. Les ventes du Black Friday sont décortiquées par le marché car elles sont devenues un indicateur de la tendance de consommation de la fin de l'année. Cette année, l'épargne des consommateurs atteint des niveaux records et la seule véritable ombre au tableau est à chercher du côté des pénuries. Paradoxalement, cela pourrait doper les achats prématurés et donc profiter au «Black Friday». Bref, cette semaine sera courte mais riche en enseignements pour Mr Market.

Il n'y aura pas d'indicateurs majeurs sur le front macro-économique aujourd'hui.

L'Oréal: Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 435 euros. KKR propose de racheter Telecom Italia à 0,505 euro l'action (11 milliards d'euros au total). Vivendi (premier actionnaire du groupe italien) n'a pas l'air prêt à soutenir le projet. Le Français dément toutefois discuter avec CVC d'une autre proposition. Ericsson va racheter Vonage à 21 dollars l'action, soit une valeur d'entreprise de 6,2 milliards de dollars. EQT et la famille Struengmann (BioNTech) envisagent de racheter Sandoz à Novartis, selon le Handelsblatt. Ire Colm Kelleher va remplacer Axel Weber à la tête d'UBS Group. Alexander Wynaendts va prendre la présidence de la Deutsche Bank. Ford et Rivian ne développeront pas de voiture électrique ensemble. Sika renforce ses capacités en Chine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices évoluent dans le vert, à l’exception de Hong Kong, qui se replie de 0,37%. Tokyo grappille 0,09% à la cloche, Shanghai progresse de 0,61% et Séoul grimpe de 1,42%. Le future SPX gagne 14 points et l’Europe ouvre en très légère hausse.

Tout le monde semble s’en ficher mais notons tout de même que ce matin la Chambre des représentants a adopté le projet de loi sur les dépenses sociales de 1750  milliard de dollars, intitulé «Build Back Better», par un vote à la majorité de 220 voix contre 211, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour le marché cela pourrait dire beaucoup…

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