Gonet: l'actualité des marchés au 25 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,77%, S&P 500 -0,14%, Nasdaq +0,16%, Russell -1,27%, SOX +0,21%, Eurostoxx -0,42%, SMI -0,44%.

À l’approche de Pâques, la pression vendeuse pose lapin sur lapin à des ours de plus en plus marginalisés.

La semaine écoulée ne fait pas exception, la potion magique IA fait encore et toujours effet, le druide Nvidix annonce le lancement de sa nouvelle puce «Blackwell», beaucoup plus puissante et économe en énergie que les modèles précédents. Blackwell devrait être vendue entre 10'000 et 40'000 dollars la pièce à des firmes comme notamment Amazon, Google, Meta, Microsoft, Open AI. L’annonce met la pression sur AMD et Intel. Nvidia continue donc d’entrainer la cote vers le haut, elle progresse de 6,6% sur la seule semaine  passée, Alphabet, Microsoft et Amazon suivent de loin et avancent d’un peu plus de 2% chacune, Tesla est chahutée (mais quelle surprise…) et Apple fait le gros dos, le titre abandonne 0.8% sur les 5 séances, ce qui me parait fort peu au vu du feu nourri auquel la firme de Tim Cook doit faire face, notamment en provenance du département américain de la justice.

En parallèle à la lune de miel 4.0 que vit le marché avec les taureaux, les banques centrales accélèrent leur mue en colombe la semaine passée. La Fed confirme qu’il devrait y avoir trois baisses de taux aux Etats-Unis cette année encore, la Banque Nationale Suisse (BNS) prend tout le monde de vitesse et débute son propre cycle de baisses, la Banque d’Angleterre ne bouge pas mais adopte un ton fort accommodant et, cerise sur le gâteau monétaire, le Brésil réduit ses taux de 50 points de base. On le constate, le ciel se remplit de colombes et le marché réalise lentement que, même si les taux sont encore élevés, l’économie tient le coup et semble même repartir, sachant que les taux sont voués à se replier, le scénario le plus inespéré semble se dessiner lentement mais surement sous les yeux de taureaux qui n’en demandaient vraiment pas autant. Alors certes, le fossé est/ouest semble se creuser chaque jour un peu plus, le prochain président des Etats-Unis sera légèrement plus âgé que quiconque lit cette chronique, la dette privée et publique se creuse continuellement, le scénario géopolitique inquiète de plus en plus, mais le marché n’en tient aucun compte, le momentum est actuellement trop fort pour cela.

Chez Goldman Sachs, on pense désormais que les mastodontes de la tech vont emmener l’indice S&P500 (SPX) 15% plus haut, l’indécrottable perma-bull que je suis apprécie mais jette tout de même un œil aux indicateurs internes de marché, tout cet optimisme semble un peu suspect. Plongée sous la surface du SPX donc et constatation que les nouveaux sommets en 52 semaines continuent de se propager dans l’indice, que la hausse se dissémine à de nouveaux secteurs, que jeudi passé un nombre considérable d’actions du SPX ont atteint des sommets annuels, on n’avait plus vu cela depuis mai 2021. Les valeurs financières, industrielles et de la consommation discrétionnaire ont particulièrement contribué à atteindre ces sommets. De nouveaux records ont également été atteints au niveau de l'indice, avec plus de 60% des groupes de sous-secteurs cycliques clôturant au plus haut niveau en un an. Ainsi, le comportement des actions sensibles aux changements de l’économie confirme la tendance haussière des actions. On se penche sur les valeurs technologiques et on constate que, lors des 90 dernières séances, l’indice Nasdaq100 (NDX) a connu une variation moyenne quotidienne de +0,25% par jour avec un écart type faible et décroissant parmi ces rendements quotidiens, une définition quasi classique d'une tendance haussière forte et calme. Au vu de ce qui précède, le momentum du marché semble solidement en place, c’est presque ahurissant mais, selon les indicateurs internes de marché, c’est ainsi. Ceci dit, on ne répétera jamais assez que surfer cette vague haussière rare est probablement la chose à faire, pour autant que l’on porte un gilet (en langage financier, un synonyme de gilet pourrait par exemple être un «stop loss»).

La séance de vendredi de Wall Street est calme, les mastodontes de la tech font le travail, hormis Tesla mais ça, on en a l’habitude. Lululemon et Nike boudent, la première chute de 16%, la seconde de 7%, leurs prévisions sont décevantes et ne parlez pas de Nike à quiconque en Allemagne, depuis que la Manschaft a annoncé quitter Adidas pour l’équipementier américain, une véritable affaire d’Etat mein Gott ! Le podium du jour du SPX se compose des services de communication, de la tech et des utilities. Les rendements obligataires restent sous pression, le 10 ans US traite à 4,21%, le dollar refuse d’abdiquer, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0811, l’or revient à 2165 dollars l’once et le pétrole se maintient avec difficulté au-dessus des 80 dollars le baril de WTI Light Crude. Le patron de la Fed d’Atlanta Raphaël Bostic déclare qu'il n'entrevoit plus qu'une baisse de taux cette année, au lieu de trois, parce que l'inflation reste élevée et que l'économie est forte. Ce n'est pas vraiment une surprise, Bostic est clairement un faucon. Les Fed Funds n’en ont cure, ils prévoient 67% de probabilités d’une première baisse de 25 points de base lors du FOMC du 12 juin, puis 78% pour la réunion du 18 septembre.

Le yen et le yuan se renforcent après que les autorités aient pris des mesures pour contrer la faiblesse de la semaine dernière. Le principal responsable japonais des changes déclare que les mouvements récents ont été «clairement motivés par la spéculation», tandis que la PBOC établit le fixing du yuan à un niveau plus élevé que prévu, un «signal clair» qu'elle ne permettra pas un affaiblissement supplémentaire, selon ANZ.

La Russie a tenu une journée de deuil à la suite d'un attentat terroriste qui a tué au moins 137 personnes dans une salle de concert à Moscou. L'État islamique a revendiqué l'attentat. Vladimir Poutine laisse entendre qu'il y avait un lien avec l'Ukraine, ce que Kiev dément.

Joe Biden et Fumio Kishida devraient annoncer des plans de restructuration du commandement militaire américain au Japon, selon le Financial Times. Ces mesures constitueraient la plus grande amélioration de leur alliance de sécurité depuis la signature d'un traité de défense mutuelle en 1960 et sont destinées à contrer la Chine.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, l'indice de la Fed de Chicago est attendu à 13h30 et les ventes dans l'immobilier neuf à 15h00. 

Qualcomm met fin à son offre de rachat de l'entreprise israélienne Autotalks à la suite d'une enquête antitrust. Amazon fait appel de l'amende imposée par le gendarme français dans l'affaire de la surveillance du personnel. Nissan vise une croissance des ventes d'un million de véhicules au cours des trois prochaines années, selon son nouveau plan stratégique dévoilé ce matin. La FDA américaine approuve le traitement d'AbbVie contre le cancer de l'ovaire. Les groupes producteurs de cannabis comme Aurora et Canopy planent après l'adoption par l'Allemagne d'une loi de légalisation partielle. Julius Baer présentera son nouveau CEO en juin. 

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo abandonne 1,16% à la cloche, Hong Kong égare 0,16%, Shanghai rend 0,71%, Séoul perd 0,40% et le Nifty50 est fermé. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe fait de même à l’ouverture. 

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