Gonet: l'actualité des marchés au 18 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,49%, S&P 500 -0,65%, Nasdaq -0,96%, Russell -0,40%, SOX -0,54%, Eurostoxx -0,14%, SMI -0,38%.

C’est bien connu, les bacchanales entrainent de fort jolies gueules de bois. Il se trouve que c’est plus ou moins ce que vit Wall Street depuis deux semaines, le marché américain s’était enivré d’espoir croissant que l’inflation n’est plus qu’une vue de l’esprit, espoir douché la semaine passée par les publications successives des indices des prix à la consommation et à la production. Le processus de désinflation se poursuite certes mais moins vite qu’espéré, entrainant un rebond des rendements obligataires, le 10 ans US est de retour à 4,30%, le 8 mars il évoluait à 4,03%. Techniquement il a cassé ses moyennes mobiles à 50, 200 et 100 jours, sa prochaine résistance se situe à 4,35%. Le joyeux royaume des actions américaines ne monte plus depuis deux semaines, ceci dit tout un chacun reste calme sur les parquets de trading, l’indice S&P500 (SPX) a rendu 1,4% depuis son plus haut récent et est encore en hausse de 7,3% sur l’année, nous parlons ici d’une consolidation, ce d’autant plus que la volatilité ne rebondit guère, le VIX recule même un chouia vendredi et les principaux indices relèvent la tête à la cloche.

Au chapitre des secteurs, le podium de vendredi du SPX se compose de l’énergie (portée par le pétrole, j’y reviens), des utilities et des industrielles. Les mastodontes de la tech reculent pour la plupart, les petites capitalisations surperforment leurs grands-frères, le dollar retrouve des couleurs (la paire EUR/USD à 1,0896) et l’or est l’objet de quelques prises de bénéfices (l’once traite à 2151 dollars ce matin). Sur le front des indicateurs internes de marché, je note qu’une majorité d’actions du SPX ont clôturé à 5% de leur plus haut en 252 jours. L’histoire montre que lorsqu’une telle configuration se présente, dans 100% des cas l’indice progresse dans le mois qui suit dans une moyenne de 2,6%. Ne tirez pas sur le messager svp, il s’agit ici de relater le passé, pas de prédire l’avenir. En parallèle, le marché des options indique que les petits porteurs et les institutionnels semblent partager le même avis, un phénomène plutôt rare, le montant dépensé pour acheter des options de vente par rapport aux options d’achat tombant à son plus bas niveau en plus de deux ans. Cette configuration n’est apparue que rarement dans le passé (2020 – 2021 et 2000), elle peut permettre aux taureaux d’espérer que la hausse est sur le point de s’auto-entretenir, ceci dit elle indique aussi que les intervenants sont en train de baisser leur garde, à suivre de près.

Le baril de WTI Light Crude traite à 81,62 dollars, il est enfin parvenu à casser le niveau de 80 dollars. Les intervenants semblent prendre conscience que le marché n’est pas aussi bien approvisionné que cela. L’Agence Internationale de l’Energie annonce dans son récent rapport mensuel que le marché pourrait être déficitaire en 2024, elle revoit ses prévisions de demande à la hausse et ajuste en parallèle le recul de l’offre globale en raison de l’approche de l’OPEP+. Gardons aussi en tête le contexte géopolitique et enfin les stocks hebdomadaires américains qui reculent de façon surprenante la semaine passée. La configuration technique du WTI n’est pas vraiment inspirante, en revanche une golden cross pourrait se dessiner à un horizon d’une ou deux semaines, à suivre.

Les bourses du vieux continent restent recherchées et atteignent de nouveaux records la semaine passée, on notera la belle performance du CAC40, porté notamment par ses valeurs du luxe.

Sur le front de la BCE, Pablo Hernandez de Cos (le patron de la Banque d’Espagne) prévoit les premières baisses de taux en juin si l'inflation continue à se modérer. Olli Rehn (gouverneur de la banque de Finlande) voit émerger des conditions qui permettront plusieurs réductions cette année, la première ayant lieu «à l'approche de l'été».

Vladimir Poutine déclare que la Russie ne se laissera pas arrêter dans la poursuite de ses objectifs après avoir remporté une victoire record dans un résultat prédéterminé lors des élections d'hier. Benjamin Netanyahou promet de poursuivre la guerre contre le Hamas en envoyant des troupes à Rafah et qualifie d'"inapproprié" l'appel de Chuck Schumer en faveur de nouvelles élections israéliennes. Le Premier ministre israélien indique qu'un vote anticipé paralyserait la nation pendant six mois et ferait perdre la guerre à Israël.

Au menu macro-économique du jour, focus sur la version affinée de l'inflation européenne de février (11h00), puis sur les prix immobiliers de février aux Etats-Unis (15h00). 

Apple négocierait avec Google Gemini pour équiper l'iPhone de fonctionnalités IA, selon Bloomberg. Nvidia sera encore sous les feux de la rampe avec une conférence annuelle très attendue, qui démarre aujourd'hui avec un discours de Jensen Huang, le CEO de la société. UBS recherche des opportunités d'acquisition aux Etats-Unis, dit son président. Meta visé par une enquête sur la vente frauduleuse de médicaments, selon le WSJ. Logitech annonce le départ de son directeur financier. Tesla va relever le prix de sa Model Y sur certains marchés d'Europe.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo décolle de 2,67% à la cloche, dans l’attente de la décision de la Banque du Japon (BOJ) sur ses taux, qui sera annoncée demain. À ce propos, la semaine qui débute sera pavée de banques centrales. Hormis la BOJ, nous aurons notamment droit à la RBA (Reserve Bank of Australia), la Fed mercredi soir puis jeudi la Banque Nationale Suisse (BNS) et la Banque d’Angleterre (BoE). Les économistes n’attendent pas de baisse de taux, en revanche tout un chacun dans le marché souhaite en savoir plus quant aux à la trajectoire des politiques monétaires, celle de la Fed surtout. Hong Kong grappille 0,15%, Shanghai progresse de 0,99% (la production industrielle et les investissements en actifs fixes en Chine en janvier-février ont dépassé les estimations), Séoul gagne 0,71% et le Nifty50 avance de 0,23%. 

Le future SPX récupère 14 points tandis que l’Europe ouvre en très légère hausse. 

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