Gonet: l'actualité des marchés au 21 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,27%, S&P 500 -0,39%, Nasdaq -0,38%, Russell +0,05%, SOX -0,14%, Eurostoxx +0,51%, SMI +0,41%.

Et voilà, nous entrons dans cette période bizarre et un peu ennuyeuse, dépourvue de résultats de sociétés, qui nous force à nous concentrer principalement sur la macro, vous adorez cela je sais, heureusement qu’il nous reste le grand blond, ses frasques et surtout le GGO (si vous ignorez ce qu’est le GGO, sortez).

À première vue, le léger repli des indices hier ne mérite guère qu’on lui prête plus qu’une attention distraite. Après tout il fait suite à plus d’une semaine de hausse ininterrompue, personne n’atteint le sommet sans marquer de pauses c’est bien connu. On se concentre donc sur le tennis dans les chaumières financières, Novak Djokovic est programmé aux alentours de 18 heures cet après-midi, les volumes de trading fondent comme neige au soleil, les principaux indices de Wall Street terminent leur journée au plus bas du jour dans l’indifférence quasi générale, parfaitement illustrée par un VIX en repli de 0,22% à 18,09. On jette un œil sur les graphiques et on constate que le Nasdaq100 (NDX) est entré en territoire suracheté. Le podium du jour du S&P500 (SPX) se compose des utilities, de la santé et des biens de consommation de base. Hmmmmmm, les acteurs du marché achètent donc des valeurs défensives, en parallèle la quasi-totalité des mastodontes de la tech reculent hier, on observe que Home Depot (HD) perd 0,55%, la firme publie ses trimestriels avant l’ouverture, manque les attentes mais annonce qu’elle ne va pas augmenter ses prix à cause des tarifs de Trump.

Au vu du comportement des gros bras de la tech, on peut penser que la journée d’hier est notablement consacrée à des prises de bénéfices. Le marché est probablement aussi toujours en phase de digestion du downgrade la dette américaine par l’agence Moody’s. Mais c’est lorsqu’on se tourne vers le marché obligataire que les signaux d’alarme s’allument les uns après les autres. Le marché des options nous apprend que les traders multiplient les paris sur une forte hausse des rendements des obligations américaines à long terme, en raison des inquiétudes liées à la dette et aux déficits des États-Unis. Cette situation incertaine pousse les investisseurs à se couvrir via des options sur les bons du Trésor, en misant sur une hausse des taux des obligations de longue durée d’ici la fin de l’année. D’ailleurs ce matin le rendement du 10 ans US est de retour à 4,51% soit en zone de danger, il faut surveiller son top récent à 4,56% désormais. Son grand-frère le 30 ans fait aussi des siennes, il rend pile 5,00% en ce moment, ça pique les yeux, sa prochaine résistance se situe à 5,18%, c’est son top en séance du 23 octobre 2023. On se remet donc à vendre la dette des Etats-Unis dans les salles de marchés, en parallèle le billet vert ne fait pas le fier non plus, la paire eur/usd repart fortement à la hausse, ce matin à 1,1324. Ce faisant elle conforte le retournement de tendance de l’euro face au dollar, c’est désormais la monnaie unique européenne qui a le vent dans le dos, la paire se permet même le luxe de casser sa résistance horizontale de 1,1276, c’est à suivre de près, le prochain niveau majeur est à 1,1573 (top en séance du 25 avril).

Du côté des Fed Funds ce n’est pas Broadway non plus, on fait grise mine et on repousse les attentes de prochaine baisse de taux par la Fed de septembre à décembre, le un peu moins joyeux royaume des actions appréciera.

Résumons: la dette américaine est en vente, le dollar aussi et les intervenants ne comptent guère plus sur la Fed avant belle lurette, il semble de plus en plus manifeste que les Etats-Unis rencontrent un problème de taille, qui s’appelle «budget», les marché obligataire et des changes sont simplement en train de le mettre en lumière. 

Le plan fiscal proposé par Donald Trump suscite de nombreuses divisions, y compris au sein de son propre parti. L'aile la plus conservatrice des républicains estime que le projet ne va pas assez loin, d’autant qu’il risque d’aggraver le déficit public. De leur côté, les républicains plus modérés tentent de préserver certains programmes, conscients qu’ils devront répondre de leurs choix devant leurs électeurs. Cette résistance a le don d’irriter Trump, qui n’hésite pas à les menacer lourdement. Le temps presse pour le président : à mesure que les élections de mi-mandat approchent, il devient de plus en plus compliqué d’imposer des réformes impopulaires avec l’argument que les sacrifices d’aujourd’hui porteront leurs fruits demain. 

Rappelons ici que le marché obligataire est le véritable arbitre des marchés. Lorsqu’il s’agace, cela peut faire mal, le petit Donald l’a déjà appris deux fois depuis son retour aux affaires en janvier, en l’état il ne reçoit qu’un avertissement poli mais il serait de bon ton de boucler ce budget et fissa, good luck Mr President…

Pour ne rien arranger, CNN pense qu’Israël s’apprêterait à attaquer des infrastructures nucléaires iraniennes, le baril de WTI Light Crude n’en demandait pas tant, il remonte à 62,74 dollars, ça aussi ça va poser problème au grand blond, qui a besoin d’un or noir entre 40 et 50 dollars le baril pour amortir sa politique tarifaire, son récent voyage dans le Golfe n’était pas une coïncidence.

Dans ce contexte plutôt morose, le vieux continent tire son épingle du jeu, l’Eurostoxx progresse de 0,5% hier, l’indice élargi Stoxx Europe 600 (SXXP) fait encore mieux et gagne 0,73%, ça nous fait désormais +11,4% depuis le premier janvier pour l’Eurostoxx contre -0,87% pour le Nasdaq, oh la lose les yankees ! Je sais, si on prend un poil de recul ceci n’est pas valable mais ne boudons pas notre plaisir à court terme.

L'UE devrait proposer un quota pour le gaz russe, offrant potentiellement aux entreprises un moyen légal de mettre fin à leurs contrats. Donald Trump pense que les nouvelles sanctions américaines contre Moscou pourraient nuire aux pourparlers de paix, indique Marco Rubio.

Au menu macro-économique de ce mercredi, l'inflation au Royaume-Uni et les stocks de brut aux Etats-Unis. 

Kering émet 750 millions d’euros d'obligations 10 ans à 3,625%. La division lunettes, Kering Eyewear, annonce un partenariat avec Google pour développer des lunettes intelligentes équipées d'une intelligence artificielle. Julius Baer fait face à une perte de 130 millions de francs sur des prêts douteux. Infineon va collaborer avec Nvidia sur des puces d'alimentation électrique. Logitech propose d'augmenter son dividende à 1,26 franc. Google lance un nouveau mode de recherche en ligne avec de l'intelligence artificielle renforcée. Apple ouvre ses modèles d'IA aux développeurs, pariant que cela stimulera la création de nouvelles applications. Elon Musk affirme vouloir rester CEO de Tesla et réduire ses dépenses politiques. Ford Motor réduit ses ambitions dans le domaine des véhicules électriques en laissant Nissan utiliser une partie de son usine phare de batteries aux Etats-Unis, selon le Wall Street Journal

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis Tokyo qui rend 0,61% à la cloche. Hong Kong gagne 0,4%, Shanghai progresse de 0,21%, Séoul prend 0,91% et le Nifty50 monte de 0,34%. Le future SPX abandonne 0,5% et l’Europe ouvre en repli de 0,25%. L’or repasse au-dessus de 3300 dollars l’once, tout un symbole. 

C’est du côté du marché obligataire qu’il faut désormais se concentrer, c’est lui et lui seul qui détient les clés de l’évolution de Wall Street ces prochaines semaines.

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