Gonet: l'actualité des marchés au 20 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -0,54%, Dow -1,59%, S&P500 -1,05%, Russell -1,95%, SOX -0,39%, Eurostoxx -0,32%, SMI +0,24%.

Wall Street trébuche en fin de séance, alertée par un article du site spécialisé dans la santé STAT, qui affirme que les résultats encourageants du candidat-vaccin de Moderna contre le Covid-19 doivent être pris avec précaution et qu’il est encore trop tôt pour crier victoire, en attendant les phases 2 et 3 de l'essai clinique. Rappelons que les indices d’actions sont fortement montés lundi, notamment dans l’espoir que ce vaccin fonctionne. L’indice S&P500 (SPX) termine sa séance au plus bas du jour (2922,94 points), ses deux prochaines résistances se situent à 2978 points (moyenne mobile à 100 jours) puis 2998 (200 jours). À noter que, selon l’analyse technique de Tom Demark, le SPX est proche d’entrer en situation de «buy exhaustion». Le Nasdaq100 (NDX) vient tester les 9400 points en séance mais ne parvient pas à s’y maintenir. Il est entré pour sa part en «buy exhaustion». C’est une journée relativement calme que celle d’hier, jusqu’à la parution de l’article de STAT. Les résultats de sociétés du jour ne sont pas si mauvais, Jerome Powell (Fed) et Steven Mnuchin (Trésor) font le job auprès des sénateurs et les statistiques économiques ne sont pas pires qu’attendu. Les titres de valeur rendent 2% après en avoir gagné 8 lundi. Les actions de grands magasins souffrent des résultats de Walmart (WMT -2,11%) et de Home Depot (HD -2,90%). Les réseaux sociaux se maintiennent.

L’indice VIX (volatilité du SPX) rebondit de 4,2% et repasse au-dessus des 30. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans redescend à 0,69%, le dollar reste relativement stable, la paire eur/usd à 1,0943. Le pétrole fait de même, le baril de WTI Light Crude à 32 dollars ce matin. L’or remonte à 1751 dollars par once.

Les investisseurs suivent avec intérêt la dernière intervention du président de la Fed Jerome Powell, qui est auditionné par la Commission bancaire du Sénat, en même temps que le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin. Jerome Powell confirme des propos déjà tenus ces derniers jours, à savoir que la banque centrale américaine anticipe un début de reprise économique progressive à partir du deuxième semestre 2020. La crise actuelle, même si elle fera s'envoler le chômage et sera la «pire récession depuis la deuxième guerre mondiale» devrait être moins grave que la Grande Dépression des années 1930, selon le patron de la Fed. Il répète que l'institution est prête à utiliser tout l'éventail de ses outils pour soutenir l'économie. La Fed maintiendra ses taux proches de zéro tant que l'économie n'aura pas retrouvé la santé, assure Powell, qui n’évoque pas la possibilité de taux négatifs. De son côté, Steven Mnuchin explique au Sénat que les dommages de la pandémie sur l'économie américaine pourraient être «durables» si le confinement se prolonge. Les sénateurs multiplient les questions sur les dangers d'un retour prématuré au travail des salariés, notamment ceux qui sont les moins bien payés et protégés. «Comme je l'ai déjà dit, nous sommes conscients des problèmes de santé et nous voulons rouvrir le pays de manière équilibrée et sans danger», assure Steven Mnuchin. Mais, prévient-il, «il existe un risque de dommages durables» sur la première économie du monde si les mesures de confinement restent en vigueur trop longtemps.

Les marchés surveillent aussi l'évolution des tensions entre les Etats-Unis et la Chine, qui se sont concentrées en ce début de semaine sur les questions sanitaires et en particulier le rôle et le financement de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les deux puissances s’affrontent verbalement à l'occasion de l'assemblée générale de l'OMS. Donald Trump, qui accuse Pékin d'avoir menti sur les origines du coronavirus, accuse l'OMS d'être une «marionnette de la Chine» et menace de geler indéfiniment le financement américain de l'Organisation si elle ne s'engage pas à des «améliorations notables» dans un délai de 30 jours.

Les mises en chantier de logements ont été moins nombreuses que prévu en avril. Les permis de construire sont en revanche ressortis supérieurs aux attentes. Lundi, l'indice du marché immobilier (NAHB) est ressorti mieux que prévu en mai. Cet indicateur reste à un très bas niveau, mais il a nettement dépassé les attentes et traduit une moindre décélération du marché.

Walt Disney recule de 2,1%. Kevin Mayer quitte le groupe. Le dirigeant, qui avait mené le lancement de la plateforme de streaming Disney+, va rejoindre TikTok (si vous ne connaissez pas TikTok, vous n’êtes plus tout jeune…) application hautement populaire de vidéo, possession du Chinois ByteDance Technology. Facebook progresse de 1,73%. Le marché salue l'annonce du lancement d'une plateforme de vente en ligne réservée aux PME, baptisée «Facebook Shops». Le service sera disponible aux Etats-Unis et ouvert aux entreprises de petite taille qui pourront créer gratuitement leur boutique en ligne via Facebook Shops. Ces boutiques virtuelles seront accessibles via Facebook et Instagram. Baidu progresse de 2%. Le Google chinois annonce pour le Q1 un recul moins prononcé que prévu de ses revenus. La guidance de chiffre d’affaires pour le Q2 est également supérieure aux attentes, avec la reprise de l'activité en Chine. On s’inquiète au sujet de Renault dans les médias. La crise du coronavirus risque de peser très lourd sur l'activité du constructeur en France. Alors que les ventes automobiles se sont effondrées de 76,3% en avril en Europe (et de 79% pour Renault) sous l'effet des mesures de confinement, la presse évoque la possible fermeture de 3 à 4 sites de la firme au losange en France, dans le cadre de son plan de restructuration qui doit être présenté le 29 mai. La compagnie aérienne à bas coûts britannique EasyJet a annoncé mardi avoir été la cible d'une cyberattaque «très sophistiquée» ayant exposé les données d'environ 9 millions de ses clients et les informations bancaires de plus de 2000 personnes (si vous êtes membre de ce club de happy few des 2000, Easyjet vous a déjà contacté).

Une réponse à Donald Trump? Dans le cadre d'un changement majeur annoncé lundi, l'indice hongkongais Hang Seng va permettre pour la première fois aux entreprises cotées en bourse à l'étranger d'être incluses dans l'indice de référence. Trois entreprises technologiques chinoises - le géant du commerce électronique Alibaba, le fabricant de téléphones Xiaomi et la plate-forme de livraison de produits alimentaires Meituan - devraient en bénéficier.

Toujours au chapitre de la love story entre Washington et Pékin, La chaîne chinoise de cafés Luckin Coffee, rivale du géant américain Starbucks en Chine, annonce que le Nasdaq lui a demandé de se retirer de la Bourse de New York, suite à un scandale autour d’une fraude massive ayant secoué la société. Cette annonce intervient pratiquement un an après les débuts en fanfare de Luckin Coffee à Wall Street, qui avaient valorisé la jeune société à quelque 4 milliards de dollars. Le titre reprend sa cotation cet après-midi après avoir été suspendu.

Même si les poids lourds de Wall Street Stan Druckenmiller et David Tepper ont récemment tiré la sonnette d'alarme au sujet des actions, certains investisseurs ne sont pas inquiets. Capital Group, Franklin Templeton et BlackRock affirment que les actions restent attrayantes, même sous la menace d'une seconde vague d'infections en l’absence de solution médicale. Leurs raisons? «Nous avons dépassé la première étape de l'épidémie, les banques centrales et les gouvernements soutiennent les marchés, et les actions sont plus attrayantes que les autres classes d’actifs».

Aujourd’hui nous suivrons les minutes de la dernière réunion de la Fed, les inventaires hebdomadaires publiés par le département américain de l’énergie, l’indice des prix à la consommation au Royaume-Uni et la confiance des consommateurs en zone Euro.

Les ventes de boissons alcoolisées aux Etats-Unis ont augmenté de 35% d’année en année, pour la semaine se terminant le 9 mai. Les Pays-Bas vont permettre la réouverture des bars et des restaurants dès le 1er juin.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,79% à la cloche, Hong Kong est en repli de 0,1%, Shanghai rend 0,57% et Séoul gagne 0,46%. Le future SPX progresse de 13 points et l’Europe est indiquée en recul de 0,7%.

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