La géopolitique intègre finalement l’équation boursière hier après que la Maison-Blanche ait annoncé s’attendre à une frappe de l’Iran contre Israël. Octobre a à peine démarré que la tension monte d’un cran. Le premier «anniversaire» de l’attaque du Hamas en Israël approche, l’élection présidentielle américaine se tiendra dans un gros mois et la saison 3 des résultats trimestriels de sociétés démarre dans une semaine. Le marché est ceci dit toujours au Macumba Night ce matin, la salle «dark and glum» a beau être comble, sa voisine «love and happiness» a fort belle allure elle aussi avec au centre de la piste l’indice Hang Seng (HSI) qui décolle de 5,4% supplémentaires ce matin, ça lui fait désormais un fort joli +31% depuis le 16 septembre, les annonces de Pékin pour supporter son économie à tous les étages sont manifestement passées par là. En résumé, les thèmes du moments restent d’actualité, on continue de trouver la tech à nouveau sexy dans les salles de marchés, les baisses de taux effectuées et à venir ravissent les taureaux et la Chine semble enfin décidée à sortir de l’ornière. La géopolitique joue le rôle de contrepoids relatif, voyons comment.
Contexte: les indices américains d’actions flirtent pour la plupart avec leurs plus hauts historiques, on se demande bien où les taureaux vont bien pouvoir trouver le carburant nécessaire à propulser ce bull market encore plus haut et les nuages géopolitiques font leur apparition. La réaction du marché hier semble des plus logiques, les intervenants reviennent assez massivement dans les bons du Trésor US, considérés comme des valeurs refuges, le rendement du 10 ans recule de 3,79% à 3,75% ce matin, on notera au passage que la résistance de 3,80% a bien joué son rôle. Le dollar est aussi recherché, lui aussi une valeur refuge incontestée, le Dollar Index (DXY) remonte à 101,26, son support de 100,61 est plus que jamais d’actualité et sa résistance se situe à 101,90. La paire EUR/USD recule à 1,1067, elle voit son prochain support à 1,1041, c’est là qu’évolue actuellement sa moyenne mobile à 50 jours. L’or fait aussi le travail, l’once remonte à 2653$, on se souvient que la relique barbare avait superbement fonctionné en mars 2023, lorsque la crise de confiance subite dans les banques régionales américaines, accompagnées par l’agonie de Credit Suisse, avait fait resurgir le spectre de Lehman Brothers dans les esprits.
Au chapitre des actions, disons que l’on se replie dans le calme, la plupart des indices terminent dans le rouge mais récupèrent un peu de terrain à la cloche. Aucun bain de sang à signaler, pas de capitulation en vue, on reste proches des records, les 7 magnifiques sont globalement faibles hier, surtout Apple et Nvidia, les semi-conducteurs souffrent aussi et le Nasdaq100 (NDX) repasse en-dessous des 20'000 points à la cloche. Côté secteurs, on observe un report sur les actions défensives (santé, utilities) et sans surprise le pétrole et les actions pétrolières puisque la crise a pour théâtre le Moyen-Orient, ainsi que les valeurs de l'armement. La volatilité retrouve des couleurs, le VIX gagne 15% à 19,26, sa prochaine résistance se situe à 23,76, rappelons ici que le niveau actuel de la volatilité du SPX n’est historiquement pas élevé, les jeunes depuis plus longtemps que d’autres sont déjà passés par des niveaux nettement plus pimentés. En Europe, signalons le SMI, qui revient se poser très près de sa moyenne mobile à 100 jours (12'086 points en clôture contre la 100 dma à 12'083 pts). La bagarre reprend donc, qui a déjà beaucoup duré, nous suivrons cela de près.
Au registre macro-économique de ce mardi, les ouvertures d'emplois JOLTS sont plus nombreuses que prévu, dépassant les 8 millions, bien que les taux d'embauche et de démissions aient tous deux baissé. L'ISM manufacturier ressort peu plus faible que prévu à 47,2 en septembre, inchangé par rapport à août. Les nouvelles commandes connaissent une certaine amélioration séquentielle, mais restent en contraction, tandis que les prix payés et l'emploi se détériorent significativement.
Le débat organisé entre les deux colistiers de Kamala Harris et Donald Trump cette nuit ne donne pas lieu à des rebondissements particuliers. Les médias américains considèrent que JD Vance, le candidat républicain, a légèrement dominé à cause d’une prestation propre mais terne de Tim Waltz.
Les dockers américains durcissent leur mouvement pour obtenir des revalorisations salariales. Les dockers de 36 ports des Etats-Unis sont en grève, une première depuis 50 ans. Le blocage des ports américains a de grosses retombées, d'autant que cette période de l'année coïncide avec le remplissage des stocks en vue des fêtes de fin d'année. Une prolongation de ce conflit social pourrait avoir des conséquences sur le fret, la disponibilité de nombreuses marchandises et, de ce fait leur prix. Le Temps mentionne ce matin une estimation d’Oxfort Economics qui prévoit un impact hebdomadaire de la grève de 4,5 à 7,5 milliards de dollars sur le PIB des Etats-Unis.
Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis la variation de l'emploi ADP (14h15) et les stocks de brut DOE à (16h30) seront au centre des attentions.
Lonza finalise l'acquisition de Vacaville auprès de Roche. Brembo entame la vente de sa participation de 5,6% dans Pirelli. Novo Nordisk a mis en place des plans d'atténuation pour minimiser les perturbations dues aux grèves portuaires, rapporte CNBC. Adecco émet un emprunt obligataire de 300 millions d'euros sur 8 ans à 3,4%. Nike renonce à ses prévisions annuelles après des résultats en baisse mais moins dégradés que prévu. Le titre perd 6% hors séance. Apple prépare un nouvel iPhone SE et un iPad Air amélioré pour le début de l'année prochaine, Bloomberg. Boeing envisage de lever au moins 10 milliards de dollars via une augmentation de capital. Microsoft ajoute des fonctionnalités à son assistant d'intelligence artificielle grand public. Oracle va investir 6,5 milliards de dollars pour mettre en place des installations cloud en Malaisie. General Motors annonce des ventes de véhicules aux Etats-Unis en repli de 2,2% au troisième trimestre. Eli Lilly envisage de tester des médicaments amaigrissants sur des personnes de poids normal (quelqu’un veut bien m’expliquer?). Pink Floyd accepte de vendre ses droits musicaux à Sony pour 400 millions de dollars. Toyota déclare avoir constitué des stocks supplémentaires en prévision des grèves dans les ports américains. Samsung lance un vaste plan social.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en contraste saisissant. Tokyo glisse de 2,18% à la cloche tandis que Hong Kong s’envole de 5,44%. Shanghai fait dodo, Séoul recule de 1,22% et le Nifty50 traite autour de l’équilibre. Le future SPX perd 13 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,3%.
Encore un mot, au sujet des indicateurs internes de marché, qui montrent un momentum assez clair sur les indices S&P500 équipondéré (SPW) et Russell2000 (RTY), sur lesquels la pression acheteuse reste bien présente, ce qui signale une tendance à la hausse continue. Ceci n’est qu’une constatation basée sur le comportement historique de ces indices et en aucun cas une prévision, on rappellera au passage que les indicateurs internes de marché ne tienne en aucun cas compte de l’actualité.