Wall Street réalise un faux départ en ce premier jour de trading du mois de décembre. Et pourtant la journée s’annonçait sous le signe du rebond, après la baisse de mardi, mais c’était sans compter sur les hedge funds, qui entrent en jeu dans l’après-midi new-yorkais et envoient les taureaux au coin. L’indice S&P500 (SPX) passe de +2% à -1,18% à la cloche, phénomène rare, dans des volumes d’échanges en hausse de 45% par rapport à la moyenne de novembre. Ce matin la plupart de la presse financière pointe du doigt omicron et Jerome Powell. Well, lorsqu’on remarque que les valeurs dites «stay at ou work from home» se prennent les pieds dans le tapis hier (par exemple Netflix NFLX -3,76%, Amazon AMZN -1,81% ou encore Zoom Video ZM -6,48%) on est forcé de conclure que tous les maux actuels de la planète finance ne peuvent être attribués au seul Omicron. Jerome Powell en revanche on prend, qui répète hier encore ses propos de mardi sur l’inflation et le tapering à accélérer.

Au chapitre des secteurs, c’est assez simple, tout baisse hormis les utilities, on se retrouve donc dans une ambiance d’aversion au risque et la volatilité en profite, le VIX décolle de 14% et atteint 31 à la cloche. L’indicateur de la volatilité du SPX devient de plus en plus intéressant, il a donc cassé 29 et pourrait, restons au conditionnel, lorgner du côté des 40, mais rappelons ici que son niveau actuel ne résiste jamais longtemps aux assauts des taureaux, le marché est donc entré dans son «money time» comme nous aimons à le dire en basketball, ce d’autant plus que les lignes bougent également sur la partie technique du SPX, qui casse sa moyenne mobile à 50 jours en fin de séance. Si cette cassure se confirme, le prochain niveau à envisager est 4487 points, sa 100 jours, mais nous n’en sommes pas encore là, le marché des futures se rebelle ce matin il semble. Hier le SPX peut remercier Apple et Microsoft, qui ne baissent que de 0,32% respectivement de 0,15%, ces deux firmes pèsent 12% de l’indice à elles seules et le retiennent dans sa chute.

À propos d’Apple, selon l’agence Bloomberg la firme de Tim Cook avertit ses fournisseurs de composants du ralentissement de la demande pour la gamme iPhone 13. La société aurait déjà réduit son objectif initial de production de 90 millions d'iPhone 13 de 10 millions d'unités en raison d'une pénurie de pièces détachées, mais cette situation devrait s'inverser en 2022 avec l'amélioration de l'approvisionnement. Lors de la conférence téléphonique d'Apple en octobre, Tim Cook avait décrit la demande pour les nouveaux produits comme étant «très robuste» et l'entreprise était sur la bonne voie pour un trimestre de vacances record. Cependant, il semble que la société dit maintenant à ses vendeurs que les commandes pourraient ne pas se matérialiser, ce qui suggère que l'intérêt des consommateurs s'est émoussé en raison de possibles inquiétudes concernant l'inflation et le variant Omicron, et qu'ils préfèrent attendre le prochain modèle d'iPhone. Un grand merci au passage à l’Académie Chinoise des Technologies de l’Information, qui nous a bien enfumés hier…

Si ce qui précède est confirmé, ce sera négatif pour la chaîne d'approvisionnement d'Apple. En Europe il va falloir surveiller les actions des fournisseurs AMS, STMicro, Dialog Semi et Infineon. Notez que STMicro fournit des puces de gestion de l'alimentation pour des appareils comme l'iPhone. Surveillez également les actions du fabricant de batteries Varta, dont les produits sont utilisés dans les AirPods d'Apple, ainsi que de Nordic Semi, dont les puces sont utilisées dans la télévision 4K d'Apple.

Les données macroéconomiques US d’hier sont dans l'ensemble un non-événement. Le livre beige de la Fed indique que l'économie a progressé à un rythme modeste à modéré jusqu'à la mi-novembre, tandis que les hausses de prix étaient généralisées dans un contexte de perturbations de la chaîne d'approvisionnement et de pénuries de main-d'œuvre. L'emploi privé ADP de novembre (534’000) dépasse les estimations de 515'000 et l'ISM manufacturier de novembre s’établi à 61,1, juste au-dessus du consensus qui prévoyait 61,0.

La Chine va supprimer l'échappatoire utilisée par les entreprises technologiques pour les introductions en bourse à l'étranger. Pékin envisage d'interdire aux entreprises de s'introduire en bourse à l'étranger par le biais d'entités à intérêt variable, selon l’agence Bloomberg, ce qui mettrait fin à une échappatoire longtemps utilisée par l'industrie technologique du pays pour lever des capitaux auprès d'investisseurs étrangers.

Omicron a officiellement atteint les États-Unis. Le CDC confirme un cas en Californie, chez une personne qui est rentrée d'Afrique du Sud le 22 novembre. Les États-Unis vont prolonger jusqu'au 18 mars l'obligation pour les voyageurs de porter des masques dans les avions, les trains et les bus, ainsi que dans les aéroports et les gares, indique l’agence Reuters. Selon JPMorgan, Omicron pourrait annoncer la fin de la pandémie et les investisseurs devraient acheter la baisse. S'il est probable que ce variant soit plus transmissible, les premiers rapports suggèrent qu’il pourrait être moins mortel, ce qui correspondrait au schéma d'évolution des virus. Cela pourrait être un catalyseur de la pentification de la courbe des taux, de la rotation de la croissance vers la valeur et d'une liquidation des bénéficiaires du Covid et des confinements, selon la banque New-Yorkaise.

Le Royaume-Uni accepte d'acheter 114 millions de doses supplémentaires de Moderna et Pfizer pour sécuriser les approvisionnements. Angela Merkel demande une vaccination obligatoire à partir de février et recommande des restrictions pour les personnes non vaccinées, alors que les nouveaux cas en Allemagne dépassent les 73’000. L'Italie approuve le vaccin de Pfizer pour les enfants. Le Japon fait marche arrière sur son projet de suspendre toutes les nouvelles réservations de vols entrants pour décembre.

Loretta Mester déclare qu'elle est «très ouverte» à une réduction plus rapide des achats d'actifs afin que la Fed puisse relever les taux d'intérêt deux fois l'année prochaine si nécessaire. «Avec les données d'inflation telles qu'elles sont et avec le marché du travail aussi fort qu'il l'est, je pense que nous devons être dans une position qui nous permette de relever les taux deux fois l'année prochaine si nécessaire», indique la patronne de la Fed de Cleveland.

Les ministres de l'OPEP+ se réunissent aujourd'hui pour décider de la politique de production du groupe pour le mois prochain, et toutes les options sont sur la table: une augmentation de 400’000 barils par jour comme prévu, une pause ou même une réduction. Le marché s'attend à une pause. Cela dépend en grande partie de la manière dont le panel ministériel conjoint du groupe, qui se réunit également, évalue les risques d'omicron. D'autres options incluent une augmentation plus faible ou le report d'une décision à la fin du mois.

Le risque d'une brève fermeture du gouvernement américain a augmenté au cours du week-end passé, les républicains et les démocrates étant divisés sur un projet de loi de dépenses à court terme et certains législateurs du GOP menaçant de faire un hold-up pour protester contre les mandats de vaccination. Les chefs de parti sont convaincus que les divergences seront résolues à temps, mais l'adoption d'un projet de loi n'est toujours pas prévue. Le financement actuel du gouvernement expire demain, on a tout le temps…

Les chiffres de l'emploi en Europe en octobre (11h00) précéderont deux statistiques du marchés du travail aux Etats-Unis, l'étude Challenger sur les licenciements (13h30) et les demandes hebdomadaires d'allocation chômage (14h30).

Comme les rumeurs le laissaient entendre, Hermès va entrer dans l'EURO STOXX 50 à la place d'Universal Music Group. Royal Dutch Shell conclut la vente de ses activités dans la région permienne à ConocoPhillips pour un montant de 9,5 milliards de dollars. Susan Arnold va remplacer Robert Iger à la présidence de Walt Disney. General Motors va construire une usine de composants de batteries avec POSCO Chemical. Sika envisage de vendre des actifs pour obtenir l'autorisation d'acheter MBCC pour 6 milliards de dollars. Novartis vise une croissance annualisée de 4% d'ici 2026. Boeing exclu du programme d'achats d'avions de combat du Canada. Le CEO de Xiaomi affirme que le lancement des nouveaux smartphones équipés de Qualcomm est proche. Square, dirigé par Dorsey, change de nom et devient Block en signe de reconnaissance de la blockchain.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 0,65% à la cloche, Hong Kong gagne 0,53%, Shanghai recule de 0,09% et Séoul grimpe de 1,57%. Le future SPX rebondit de 0,8% alors que l’Europe est indiquée en repli de 0,9%, phénomène de rattrapage en vue, l’indice Eurostoxx50 a gagné 2,86% hier. Le pétrole évolue à 66,83 dollars le baril de WTI Light Crude, l’or a glissé à 1776 dollars par once, le rendement de l’emprunt US à 10 ans traite à 1,43% soit deux points de base au-dessus de son support de 1,41%. Quant au dollar, il reste plutôt stable à 1,1318 contre euro. Ambiance un peu particulière que celle de ce matin, où tout semble possible avec une certitude, la volatilité est élevée et offre de belles opportunités, ce qui ne saurait durer très longtemps.