Comme attendu par tout le monde sauf un grand blond aux idées noires, la Fed maintient hier soir ses taux directeurs inchangés entre 4,25% et 4,50%. Cette décision unanime reflète l’incertitude persistante qui entoure les perspectives économiques, notamment en raison des droits de douane imposés par l’administration Trump et du contexte géopolitique tendu. La Réserve Fédérale des Etats-Unis révise également à la baisse ses prévisions économiques. Elle prévoit une croissance de seulement 1,4% en 2025, contre 1,7% en mars et 2,1% en décembre 2024, ça commence à faire beaucoup mois de croissance en vue. L’inflation est désormais attendue à 3% pour l’an prochain, au-dessus de l’objectif de 2%, tandis que le taux de chômage devrait légèrement remonter à 4,5% selon l’institution.
Le président de la Fed Jerome Powell indique que l’impact des droits de douane sur l’inflation met du temps à se manifester pleinement et que la banque centrale souhaite davantage de visibilité avant de prendre de nouvelles mesures. Il insiste sur l’approche prudente à adopter, notamment face à la hausse potentielle des prix liée aux surtaxes douanières. Vous imaginez bien que celui dont il ne faut pas prononcer le nom pète littéralement une durite après l’annonce. Donald Trump critique violemment la Fed et son président. Il écrit que Jerome Powell est «le PIRE», un «vrai idiot, qui coûte des milliards à l’Amérique!». Il ajoute qu’il n’y a «pas d’inflation» et réclame une baisse immédiate des taux d’un point entier. De manière provocante, il évoque même la possibilité de se nommer lui-même à la tête de la Fed, on l’aime bien au village Donald…
On peut probablement dire que le scénario du pire est en train de se produire pour le président des Etats-Unis. Sans prononcer le tant redouté mot «stagflation», le premier banquier du monde nous l’a quasiment décrit hier soir car qui dit ralentissement économique accompagné d’une augmentation du niveau général des prix va clairement dans ce sens. Les membres du FOMC ont beau prévoir encore deux coupes de 25 points de base d’ici à la fin de l’année, on sent bien ce matin que la probabilité que cela se produise semble nettement moindre désormais, le locataire de la Maison-Blanche a beau aboyer, Jerome Powell apparait moins préoccupé par le ralentissement économique et par l’emploi que par la vigueur apparente de l’inflation.
La réaction du marché post Fed hier soir est mesurée, les lignes ne bougent guère, l’indice S&P500 (SPX) termine sa séance quasiment inchangé, le rendement du 10 ans US fait de même, il évolue à 4,39%, le dollar reste légèrement mieux orienté depuis trois séances, la paire EUR/USD évolue à 1,1466, la volatilité recule de 7%, le VIX est de retour à 20,14, même phénomène sur la partie obligataire avec le MOVE qui perd 3,6%. Il faut dire que l’on se concentre aussi sur le flux de nouvelles géopolitiques sur les parquets de trading, les Etats-Unis vont-ils s’engager dans un conflit armé contre l’Iran aux côtés d’Israël, vont-ils simplement fournir à Tsahal la bombe nécessaire à détruire les infrastructures nucléaires de Téhéran, vont-ils ne rien faire, personne ne le sait et Donald Trump semble prendre un malin plaisir à entretenir le suspense. Ce que l’on sait en revanche c’est que sa fidèle base MAGA déteste l’idée d’une entrée en conflit, elle ne l’a pas envoyé à Washington DC pour cela.
On se penche brièvement sur la configuration technique des indices avec un Nasdaq100 (NDX) qui semble de plus en plus intéressant de ce point de vue. Une golden cross se profile nettement alors que les indicateurs internes de marché montrent un momentum croissant sur les valeurs de la tech. Constat différent de l’autre côté de l’Atlantique, les indices semblent caler, le Stoxx Europe 600 (SXXP) évolue pile sur sa moyenne mobile à 100 jours, attention à ne pas la casser. En Suisse le SMI a cassé sa moyenne mobile à 50 jours, une death cross s’est produite début juin, l’analyse technique aime manifestement les Etats-Unis à nouveau, à suivre.
Ce jeudi 19 juin devrait être calme. Wall Street nous fait faux bonds, les Etats-Unis commémorent l’abolition de l’esclavage le 19 juin 1865. En Suisse la BNS vient de réduire son taux directeur de 25 de base pour le ramener à zéro, une décision largement attendue. La Suisse est donc à nouveau aux portes de taux d’intérêts négatifs, la prochaine réunion de la Banque Nationale est agendée au 25 septembre, le marché prédit déjà 54% de probabilités d’une coupe de 25 points de base à cette occasion.
Mais d’abord on se concentrera sur le conflit autour de l’Iran. Comme personne n’a une fichtre idée de ce qui va se produire, il nous reste l’indice pizza. En effet, une hausse soudaine des commandes de pizzas autour du Pentagone a été constatée jeudi passé. Le lendemain Israël attaquait l’Iran. Le principe de l’indice pizza est simple: lorsque les hauts fonctionnaires du Pentagone, du département d'Etat ou de la Maison-Blanche doivent prolonger leur journée de travail face à une situation de crise, les pizzerias voisines enregistrent une hausse inhabituelle des commandes. En parallèle on peut se demander si la majorité des hauts fonctionnaires du Pentagone sont Italiens ou alors simplement se dire que la gastronomie américaine ce n’est toujours pas ça mais je m’égare.
Des responsables américains se préparent à une éventuelle attaque contre l'Iran dès ce week-end, selon l’agence Bloomberg. Donald Trump avait déjà approuvé les plans d'attaque mais n’a pas donné l'autorisation finale, rapporte le WSJ. Les ministres des affaires étrangères du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de la France prévoient de tenir des négociations nucléaires avec l'Iran à Genève demain, selon Bloomberg.
Au menu macro-économique de ce jeudi, la Banque d'Angleterre devrait rendre une décision de statu quo sur ses taux à 13h00.
Nestlé propose Pablo Isla, ex-patron de Zara, pour succéder à Paul Bulcke à la présidence dès l'année prochaine. UBS demeure vulnérable, malgré des fonds propres suffisants, estime la BNS. Selon le FT, Microsoft serait prêt à abandonner les négociations pour prendre une grosse part d'OpenAI. Microsoft qui prévoirait des milliers de suppressions d'emplois dans sa division commerciale, selon l’agence Bloomberg. Texas Instruments prévoit un investissement de 60 milliards de dollars aux États-Unis sous l'impulsion de Trump. LG Electronics envisagerait de reprendre l'introduction en bourse de sa filiale indienne, selon Bloomberg.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse hormis Séoul qui grappille 0,19%. Tokyo perd 1,02% à la cloche, Hong Kong abandonne 2,02%, Shanghai rend 0,79% et le Nifty50 égare 0,11%. Le future SPX glisse de 0,4% tandis que l’Europe recule de 0,85% dans les premiers échanges. L’or revient à 3369 dollars l’once, le pétrole évolue à 76 dollars le baril de WTI Light Crude.