Frustrées par la Fed, les Bourses mondiales font la moue

AWP

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Le Dow Jones affiche un recul de près de 2% vers 18h20. L’Eurostoxx abandonne 1,68%. Plus tôt dans la journée, Tokyo avait clôturé sur une chute de près de 3%.

Les Bourses mondiales étaient teintées de rouge jeudi, au lendemain des annonces de la Banque centrale américaine, dont le discours moins accommodant que prévu a frustré des investisseurs en quête d’une pause de son resserrement monétaire.

À New York, Wall Street reculait nettement à la mi-séance: vers 17H20 GMT, le Dow Jones Industrial Average perdait 1,83%, à 22.896,81 points, le Nasdaq 2,08%, à 6.498,89 points, et l’indice élargi S&P 500 1,66%, à 2.465,35 points.

«Entre la Fed et les aléas budgétaires à Washington, le marché décide de vendre d’abord et de poser des questions ensuite», a commenté David Levy, de Republic Wealth Advisors.

Mercredi, la Fed a augmenté une nouvelle fois ses taux directeurs d’un quart de point, faisant fi des pressions du président américain, Donald Trump, et a annoncé prévoir désormais deux hausses de taux l’an prochain au lieu de trois, malgré les inquiétudes sur la croissance.

Dans ce contexte incertain, l’indice Nasdaq a franchi jeudi un cap symbolique en séance, perdant plus de 20% par rapport à son dernier plus haut atteint au mois d’août. Le franchissement de ce seuil technique a fait entrer l’indice à forte coloration technologique dans la catégorie du «marché déprimé», ou «bear market», en référence à l’ours, symbole d’un marché démoralisé.

De leur côté, les marchés européens s’enfonçaient à la clôture, l’Eurostoxx concédant 1,68%, à 3.000,06 points.

Parmi les indices regroupant les valeurs vedettes du continent, le CAC 40 parisien a reflué de 1,78%, à 4.692,46 points, le Dax francfortois a cédé 1,44%, pour finir à 10.611,10 points, et l’indice londonien FTSE a reflué plus modérément de 0,8% (6.711,93 points).

Sur les autres places européennes, l’humeur des investisseurs n’était guère plus gaie.

À la Bourse de Madrid, l’indice Ibex 35 a ainsi clôturé en baisse de 1,97%, à 8.596,5 points. Le propriétaire de Zara, Inditex, a chuté de 5,07% à 22,66 euros. Plus dure a été la chute des supermarchés Dia, son cours s’effondrant de 9,90% à 36 centimes.

À la Bourse de Lisbonne, le PSI 20 s’est replié de 1,46%, à 4.674,81 points.

Même tendance à la Bourse suisse, où l’indice SMI des valeurs vedettes a plongé de 1,47%, à 8.414,48 points. Toutes les valeurs ont fini dans le rouge, avec en queue de peloton les valeurs bancaires.

À Amsterdam, l’indice AEX a clôturé en forte baisse de 2,02%, à 485,97 points. La banque ING Groep a notamment chuté de 5,12% à 9,36 euros.

La place bruxelloise a de son côté lâché 2,39%, à 3.247,47 points.

Les piètres performances boursières européennes ont succédé à des déconvenues similaires en Asie.

L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a ainsi dévissé de 2,84%, tombant à son plus bas de clôture en près de 15 mois. La Bourse de Hong Kong a terminé en repli de 0,94% et l’indice composite de Shanghai a cédé 0,52%.

Erreur de jugement de la Fed?

«Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, n’a pas réussi à rassurer les investisseurs, qui craignent que le resserrement de la politique monétaire n’étouffe la croissance économique», a expliqué Naeem Aslam, analyste de Think Markets, pour justifier la dégringolade des indices mondiaux.

La Banque centrale américaine table en effet sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) américain de 3% cette année et de 2,3% l’an prochain, contre respectivement 3,1% et 2,5% lors de ses projections publiées en septembre. Malgré ce ralentissement en vue, elle juge toujours les risques sur les perspectives économiques «globalement équilibrés».

«Là où le bât blesse, c’est que le marché attendait un signal clair et direct indiquant que la Fed allait se mettre en mode pause», a analysé Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

«Beaucoup d’intervenants de marché ont douté ces dernières séances de la possibilité même d’une hausse des taux en décembre et une plus importante proportion attendait un message allant dans le sens du statu quo monétaire en 2019», selon lui.

Dans une période compliquée, où les marchés en manque complet de visibilité sont soumis à une forte volatilité, les tentatives de rebond ont souvent été avortées ces dernières semaines au profit de simples sursauts techniques. Les analystes ne voient pas l’horizon s’éclaircir d’ici à la fin de l’année.

«À moins que les investisseurs ne prennent un peu de recul par rapport à ce qui s’est passé et relativisent, on peut clairement dire ce jeudi que la probabilité d’un mouvement d’achat massif de Noël est proche de zéro», prévient M. Dembik.

Et ce, même si en zone euro, la fin du bras de fer entre Rome et Bruxelles sur le budget italien a supprimé une source d’incertitude pour les investisseurs. Car «d’autres risques subsistent dont un +non-accord+ sur le Brexit et un ralentissement en Chine», avec en toile de fond le conflit commercial, souligne Fabian Gmuender, chez UBS.

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