Small Caps: une opportunité d’acquérir des titres à des prix abordables

Yves Hulmann

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Scott Woods, gérant chez Columbia Threadneedle Investments, investit aussi dans des sociétés suisses comme VAT Group, Tecan, Belimo ou Inficon.

En période de turbulences sur les marchés, les grandes capitalisations, grâce à leur assise plus large, s’avèrent plus stables que les petites et moyennes capitalisations, entend-on parfois. Est-ce vrai? Ce n’est pas l’avis de Scott Woods, gérant d’un fonds dédié aux petites et moyennes capitalisations chez Columbia Threadneedle Investments. Il estime que nombre de petites capitalisations qui disposent d’un avantage compétitif à long terme dans un domaine donné ont aussi d’excellentes cartes à jouer. Entretien.

Comment l’environnement économique actuel marqué par une hausse des taux d’intérêt et un ralentissement de la croissance affecte-t-il les perspectives pour le segment des petites capitalisations?

C’est évidemment une question complexe à laquelle il est difficile de répondre de manière générale, tant les profils des sociétés dans lesquelles nous investissons sont variés. En tant que gérant, nous préférons toutefois nous concentrer sur les aspects fondamentaux des entreprises dans lesquelles nous investissons. Nous nous concentrons sur l’analyse des avantages compétitifs à long terme qui permettent à ces sociétés de générer des rendements supérieurs à leurs coûts du capital. Enfin, je pense que l’un des plaisirs d’investir dans des petites capitalisations est justement d’avoir un très large univers de titres à partir duquel nous pouvons sélectionner les plus intéressants d’entre eux. En outre, certaines petites capitalisations présentent des caractéristiques très résilientes tout au long d’un cycle économique.

«Nous accordons davantage d’importance à l’évolution du free cash-flow qu’à celle des bénéfices par action (EPS) anticipés.»
L’environnement boursier actuel, caractérisé par une très forte volatilité tout au long du mois de mars, n’expose-t-il pas davantage les petites capitalisations que les grandes à un risque de correction?

On ne peut pas l’affirmer comme cela. Pour un gérant actif, je pense même que l’environnement actuel créée davantage d’opportunités pour pouvoir entrer sur certains titres à des prix plus abordables. Encore une fois, nous nous focalisons avant tout sur des entreprises qui disposent d’importants avantages compétitifs au sein de leur secteur d’activité et qui sont capables de générer un free cash-flow (FCF) élevé indépendamment des évolutions du cycle économique à court terme. Nous accordons davantage d’importance à l’évolution du FCF qu’à celle des bénéfices par action (EPS) anticipés. Des marges élevées, un cash-flow libre élevé, un faible niveau de levier et une forte capacité à imposer ses prix sont souvent les meilleurs critères pour déterminer si une société est intéressante ou non – davantage que son secteur d’activité ou la région où elle opère.

Pouvez-vous citer des exemples de sociétés qui réunissent ces caractéristiques?

Citons par exemple Altair Engineering, une société qui développe des logiciels de simulation utilisés notamment dans le secteur automobile. Ses solutions sont largement intégrées dans le processus de développement des constructeurs automobiles, ce qui les rend indispensables.

Y a-t-il des secteurs ou régions que vous favorisez actuellement?

Notre approche de sélection va avant tout du bas vers le haut, ou «bottom-up». Nous évaluons l’avantage compétitif de chaque société et sa profitabilité. En revanche, nous ne sommes pas focalisés sur tel ou tel secteur. Malgré tout, il y a effectivement certaines branches d’activités comme l’énergie, les services aux collectivités (utilities) ou la finance où il est, actuellement du moins, difficile d’identifier des entreprises qui présentent un véritable avantage compétitif sur la durée.

«La Suisse offre un grand nombre de petites et moyennes capitalisations intéressantes à suivre pour un fonds comme le nôtre.»
Y a-t-il des exemples de titres que vous avez ajoutés ou retirés de votre fonds récemment?

On peut citer l’exemple de Rational, un fabricant allemand d’appareils de cuisson intelligents qui ont l’avantage de réduire la quantité d’énergie consommée. Nous pensons que le moment était opportun pour constituer une nouvelle position dans cette entreprise. Autre exemple de société: Lattice Semiconductor, un fabricant américain de circuits logiques programmables. Il s’agit de l’un des rares acteurs dans le domaine des circuits à faible consommation d’énergie.

Investissez-vous aussi dans des sociétés suisses?

Oui, la Suisse offre un grand nombre de petites et moyennes capitalisations intéressantes à suivre pour un fonds comme le nôtre. VAT Group, un fabricant de soupapes à vide, compte parmi les dix plus grandes positions de notre fonds. Cette entreprise évolue dans un marché structurellement en croissance, même s’il peut y avoir des variations à court terme. Après une baisse du cours en 2022, le titre est redevenu intéressant. Tecan, l’équipementier de laboratoires, est aussi une société très bien positionnée dans le segment des produits de haute qualité et dispose d’un avantage compétitif dans ce secteur. On peut aussi citer Belimo, le fabricant de servomoteurs de ventilation et spécialiste des techniques de ventilation. Ou encore le spécialiste des instruments de mesure et des techniques sous vide Inficon.

Arrive-t-il que vous sortiez complètement d’une position dans un titre donné pour y revenir ultérieurement?

En général, nous évitons une trop grande rotation de notre portefeuille. Il nous arrive néanmoins parfois de sortir d’une société pour des raisons de valorisation, qui serait devenu trop élevée, ou pour des questions de diversification de notre portefeuille, par exemple afin d’éviter d’avoir trop de titres concentrés autour d’un seul thème donné.

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