On ressent clairement davantage d’optimisme qu’en début d’année

Yves Hulmann

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Sven Württemberger, directeur des ventes de DWS en Suisse, souligne que le marché helvétique représente entre 10 et 15% du total du volume d’affaires du gérant allemand.

DWS est un gérant d’actif allemand avec une présence globale, résume Sven Württemberger à propos de la société qui appartient à Deutsche Bank. Les activités de DWS incluent à la fois la gestion de fonds active, une offre de produits passifs via la marque Xtrackers ainsi qu’une offre de placements alternatifs comprenant aussi bien les actifs réels, les infrastructures que la dette privée. Les actifs sous gestion de la société, qui s’élèvent aux environs de 840 milliards d’euros actuellement, se répartissent principalement entre la gestion active (environ 550 milliards), la gestion passive (220 milliards), les montants restant se rapportant aux placements alternatifs. «Le point fort de DWS se situe au niveau de la gestion active», précise toutefois Sven Württemberger, Head Client Coverage Switzerland, chez DWS, lors d’un entretien au siège zurichois. Il fait le point à propos des activités de DWS en Suisse et sur l’évolution des intérêts des investisseurs au cours du semestre écoulé.

Quelle est la place des activités suisses au sein de DWS?

DWS Suisse, en tant qu’entité légale, fait partie des plus grandes succursales du groupe DWS en Europe. L’offre de produits est la même qu’au niveau du reste de DWS, à savoir la gestion active de fonds, la gestion passive avec Xtrackers et les placements alternatifs. La Suisse représente environ 10 à 15% de l’ensemble du volume d’affaires de DWS. DWS compte aussi parmi les trois plus importants prestataires étrangers dans le domaine de la gestion d’actifs en Suisse. L’entité helvétique ne se charge pas que de la distribution mais une partie des activités de gestion sont aussi réalisées en Suisse. D’ailleurs, le directeur global des investissements (CIO) de DWS (ndlr: Björn Jesch) est aussi basé en Suisse, ce qui n’est pas usuel.

Pourquoi la Suisse revêt-elle une telle importance alors que DWS se décrit d’abord comme un acteur global?  

Plusieurs raisons l’expliquent. Tout d’abord, la Suisse demeure un des lieux majeurs dans le domaine de la gestion de fortune. Il s’agit aussi de l’un des marchés les plus importants en Europe pour les avoirs de prévoyance, tout comme c’est un site clé pour le secteur de l’assurance. Tous ces facteurs font de la Suisse un endroit attrayant pour un acteur comme DWS.

Cet optimisme n’est pas nécessairement toujours mis en œuvre par les investisseurs dans leur stratégie de placement.
Comment ont évolué les attentes des investisseurs cette année?

Le comportement des investisseurs a fortement évolué depuis le début de cette année comparé à 2022. Durant le seul premier semestre 2023, il s’est passé autant de choses qu’en plusieurs années. Il y a eu d’une part un rebond extrêmement marqué des valeurs technologiques. D’autre part, il a aussi été intéressant d’observer durant le premier trimestre comment les investisseurs se sont peu à peu éloigné du mode «risk-off» pour se tourner à nouveau vers des actifs plus risqués. Les titres «value» se sont substitués aux actions de croissance. Les actions ont davantage retrouvé les faveurs des investisseurs par rapport aux obligations. Alors qu’au premier trimestre, la répartition était encore d’environ 70% pour les produits à revenu fixe et de 30% pour les actions, les choses se sont désormais rééquilibrées entretemps aux environs de 50% à 50%.

Du fait que les rendements sont redevenus positifs pour toutes les classes d’actifs, y compris les emprunts d’Etat, les investisseurs sont-ils encore enclins à investir dans des actifs plus risqués comme des obligations d’entreprises ou des emprunts à haut rendement («high yield»)?

Bien sûr, il y a certains investisseurs qui préfèrent se limiter à investir dans des emprunts d’Etat sans risque ou placer leur argent dans des dépôts à terme. Je ne pense toutefois pas que cela corresponde aux attentes de la majorité des investisseurs. Cela d’autant plus que les placements dans de la dette un peu plus risquée, comme des obligations «high yield» en Europe, peuvent rapporter facilement jusqu’à environ 7%, le tout avec des risques beaucoup plus faibles qu’aux Etats-Unis pour la même catégorie d’actifs. Donc, de mon point de vue, on assiste à un véritable retour du marché des produits à revenu fixe. Et c’est aussi positif pour nous du fait que nous sommes très présents dans les solutions de gestion actives sur mesure dans le domaine des produits à revenu fixe.

Beaucoup d’attention a été placée l’an dernier au sujet de la thématique des infrastructures. Est-ce toujours le cas maintenant que les investisseurs peuvent aussi obtenir des rendements positifs en plaçant leur argent dans des obligations?

Différents thèmes liés aux infrastructures en Europe resteront attrayants pour les investisseurs, aussi bien à moyen terme qu’à long terme. En outre, il s’agit aussi de placements effectués dans un objectif de diversification à long terme par les investisseurs, notamment institutionnels.

Pourquoi DWS a-t-il conclu une alliance stratégique avec Galaxy, spécialisé dans les crypto-actifs?

Les actifs numériques jouent un rôle de plus en plus important pour les gestionnaires d'actifs, en tant qu'élément constituant de produits et de solutions, et ils font déjà leur apparition dans la chaîne de création de valeur de manière générale. Grâce à Galaxy, nous avons accès à une longue expérience et à une expertise dans le domaine des actifs numériques. Nos investisseurs en profiteront également à l'avenir. De plus, nous commençons à réfléchir à une offre de produits, qui pourraient être des ETC en crypto-monnaies mais également des fonds numériques jumelés ainsi que d’autres domaines d'application qui pourraient être envisagés. Nous combinons ainsi le meilleur de deux mondes - l'expérience de la gestion d'actifs traditionnelle et les solutions innovantes du monde numérique de Galaxy.

Quelle est votre offre de solutions de placements durables ou qui tiennent compte des critères ESG?

A cet égard aussi, les placements durables sont un sujet qui est là pour rester et qui va continuer de croître. Dans notre offre de produits indiciels, un bon tiers de nos ETF tiennent compte des aspects ESG.

La réglementation européenne, qui distingue entre les fonds qui correspondent à l’article 8 et ceux qui répondent aux exigences de l’article 9, ne crée-t-elle pas davantage de confusion que de clarté auprès des investisseurs?

A mon avis, cette distinction est utile car elle permet aux investisseurs de trouver des fonds ou des solutions de placements qui correspondent véritablement à leurs attentes en la matière. En Suisse, on observe aussi que des directives plus précises ont été définies dans le domaine ESG, notamment par la SFAMA.

Comment qualifieriez-vous l’état d’esprit des investisseurs au début du second semestre?

On ressent clairement davantage d’optimisme qu’en début d’année. Maintenant, cet optimisme n’est pas nécessairement toujours mis en œuvre par les investisseurs dans leur stratégie de placement. Les marchés sont de retour en 2023 – une année qui est très différente de celle de 2022.

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