Raiffeisen franchit les 200 milliards d’actifs et le milliard de bénéfice

Anne Barrat

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Un particulier sur trois, une PME sur quatre: le 3e groupe bancaire suisse récolte les moissons de la diversification et de la digitalisation de ses offres. Avec Gilles Cherbuin.

Un bénéfice de 1,07 milliard de francs, en hausse de 24,2%, fondé sur un résultat opérationnel de 1,3 milliard de francs en hausse de 31,1% et une amélioration du cost income ratio à 56,0% contre 59,4% en 2020: la coopérative Raiffeisen a conforté les fondements de sa position de leader de la clientèle particulière et de partenaire des entreprises individuelles et des PME en Suisse. La Suisse romande affiche des performances en ligne avec celle du groupe, tout en conservant un potentiel de développement, celui des villes sur lesquelles elle a un retard par rapport à la Suisse alémanique, explique Gilles Cherbuin, responsable du siège de la Suisse romande du groupe Raiffeisen.

«Cette croissance concerne aussi bien les particuliers que les entreprises individuelles et les PME.»
Les dépôts de la clientèle sont en augmentation de 5,9% dépassant pour la première fois les 200 milliards de francs (201,7 milliards). Quelles sont à vos yeux les raisons de cette attractivité?

Les dépôts ont en effet crû de 11,3 milliards de francs, sans compter 3,2 milliards de dépôts de titres, la somme des deux totalisant un afflux net d’argent frais de 14,5 milliards de francs. Raiffeisen a ainsi renforcé sa part de marché sur les dépôts de clientèle en 2021 (14,0% contre 13,8% en 2020). La première raison tient à la croissance de notre base de clients: le groupe a accueilli 53'000 nouveaux clients en Suisse, dont quelque 13'500 en Suisse romande. Cette croissance concerne aussi bien les particuliers que les PME, deux cœurs de cible auprès desquelles Raiffeisen a conforté en 2021 ses parts de marché. La seconde tient à l’extension de notre offre de produits, notamment dans le domaine de la prévoyance et des placements: la valeur des dépôts-titres a augmenté de 8 milliards, y compris performance des marchés financiers. Les prestations que nous offrons dans le 3e pilier, soutenues par celles de notre gamme de fonds Futura, nous a permis à la fois de susciter l’intérêt de nos clients existants et d’en attirer de nouveaux. La diversification de nos produits entretient celle de nos clients, une tendance qui devrait prendre de l’ampleur ces prochaines années.

Cette diversification pourrait-elle modifier le profil de Raiffeisen, confirmé aujourd’hui encore comme le leader des banques de détails en Suisse?

La stratégie de diversification que nous avons lancée depuis quelques années – et qui va se poursuivre – nous permet de diversifier nos sources de revenus. Aujourd’hui, 77% de nos produits, soit 2,4 milliards de francs de revenus dépendent toujours des opérations d’intérêts. Le résultat net de ces opérations est en hausse de 5,1%, soit 116,9 millions de francs pour un montant total de 2’414 millions de francs. Cette performance s’accompagne d’une part du marché hypothécaire stable à 17,6% pour Raiffeisen sur cette activité. Ceci rappelé, la montée en puissance des autres sources de revenus ne doit pas être oubliée, car elle s’inscrit dans une stratégie de long terme: les opérations de commissions et des prestations de service ont ainsi crû de 18,8% en 2021 à 536 millions de francs – les opérations de négoce affichent elles une hausse de 13,9% à 245 millions de francs. Sans rien modifier à la solidité de notre activité de base, la diversification de nos revenus contribue à consolider notre leadership tout en améliorant notre profil de risque et notre profitabilité.

«L’exercice exceptionnel que le groupe a signé en 2021 nous permettra de renforcer nos investissements stratégiques.»
Dans quoi sera investi ce surcroît de profitabilité?

L’exercice exceptionnel que le groupe a signé en 2021 nous permettra de renforcer nos investissements stratégiques. Un premier axe concerne le développement de la gestion de fortune – en Suisse romande, le nombre des mandats de gestion de fortune a augmenté de 140%, en ligne avec le groupe. Un deuxième axe est celui des PME, qui ont représenté 14% de nos revenus en 2021. Nous avons octroyé 7'734 crédits COVID en Suisse romande pour les soutenir, pour un montant de 611,7 millions de francs. Raiffeisen a vocation à être un partenaire privilégié des PME helvétiques. Un troisième axe, qui s’applique à tous les autres, tient à la digitalisation de nos activités. Citons notamment Rio pour la gestion de fortune digitale, le pilier 3a digital, notre plateforme Liiva pour les propriétaires de logement, PME eServices, etc. Une digitalisation qui, il est important de le souligner, accompagne et ne remplace pas la proximité des 219 agences du groupe appelées à perdurer. Le quatrième axe est lui aussi transversal, celui de la durabilité.

Quelle est la stratégie du groupe en termes de durabilité?

Elle commence par notre engagement d’atteindre le Net Zero pour nos opérations en 2030, pour l’ensemble des activités, produits et services du groupe en 2050. Elle passe également par la labélisation durable de nos produits, à l’exemple de notre gamme de fonds de placement, dont 94% du volume sont orientés vers la durabilité sous le label Futura. Elle prend la forme d’une multitude d’initiatives des Banques Raiffeisen locales qui, dans la philosophie coopérative d’un groupe décentralisé, sont libres de mettre en œuvre des actions de développement durable: incitation à utiliser les transports publics, diminution de l’usage de papier, rénovation des bâtiments pour diminuer la consommation d’énergie, panneaux solaires, ou encore mise en place d’un partenariat avec Mobility pour la mise à disposition de véhicules électriques pour les collaborateurs et les clients, les idées ne manquent pas. Autre symbole de la durabilité, la confiance de nos clients: sur les 3,61 millions que nous comptons en Suisse, 1,96 million sont des sociétaires de la coopérative.

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