Les small caps se traitent avec une décote marquée par rapport aux valeurs du S&P 500

Yves Hulmann

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Si les investisseurs se mettent à vendre les «7 magnifiques», cela entraînera une rotation des investissements vers d’autres secteurs, souligne Amy Zhang d’Alger.

Faut-il avoir confiance en la poursuite de la surperformance des grandes capitalisations américaines, portées par les valeurs technologiques, par rapport aux plus petites capitalisations? C’est tout sauf l’avis d’Amy Zhang, gérante de portefeuille chez Alger, une société basée à New York spécialisée dans les valeurs de croissance. Elle observe que des petites et moyennes capitalisations aux Etats-Unis affichent des taux de croissance élevés tout en se traitant avec une forte décote par rapport aux poids lourds de la bourse américaine. Explications.

Durant le mois de janvier, les grandes capitalisations comprises dans l’indice S&P 500 ont gagné 2,5%. Les valeurs technologiques de l’indice Nasdaq 100, qui avaient déjà fortement rebondi en novembre et décembre, ont à nouveau progressé d’environ 3,7% durant le mois de janvier, malgré une dernière séance en net repli. Les petites capitalisations de l’indice S&P SmallCap 600 ont, elles, subi un recul de 2% en janvier. Est-il possible, en ce moment, de rivaliser avec les grandes capitalisations boursières lorsqu’on investit dans des petites et moyennes capitalisations aux Etats-Unis?

Il est important d’analyser les choses d’un point de vue fondamental. Si l’on tient du ratio cours/bénéfices (P/E), les petites capitalisations incluses dans le S&P SmallCap 600 se traitaient en fin d’année dernière avec un discount significatif par  rapport aux valeurs comprises dans le S&P 500. On peut chercher différentes raisons pour expliquer cet écart entre petites et grandes valorisations. Toutefois, sur le long terme, les marchés tendent le plus souvent à revenir vers leur moyenne.

«Même en cas de récession ou de stagnation de l’économie, les entreprises continuent généralement d’investir dans les logiciels qui sont essentiels à leur fonctionnement.»

A l’intérieur de l’univers des petites capitalisations, quels secteurs vous paraissent intéressants actuellement, lesquels sont au contraire à éviter?

Dans l’ensemble, nous préférons sélectionner des titres de sociétés qui sont capables de croître par leurs propres moyens sans avoir besoin d’être portées par les vents favorables de la conjoncture. C’est d’autant plus important à un moment où l’on ne sait pas encore si l’économie américaine pourrait entrer en récession plus tard dans l’année. Le secteur des techniques médicales compte parmi ceux que nous favorisons actuellement. Par exemple, nous avons investi dans INARI Medical qui développe des dispositifs servant à extraire des caillots veineux chez des patients. Les appareils médicaux que cette société fabrique revêtent une importance essentielle pour certaines catégories de patients. La demande pour ces équipements n’est donc pas sensible à la conjoncture car le fait de pouvoir y avoir accès est quasiment une question de vie ou de mort pour les personnes concernées.

A supposer que la tendance favorable observée depuis novembre sur les marchés, soutenue en particulier par la forte performance des «7 magnifiques», s’inverse, n’y aurait-il pas un risque que cela emporte l’ensemble du marché, y compris les petites et moyennes capitalisations?

Cela dépend de l’ampleur de la correction. Toutefois, lorsqu’un secteur de croissance, comme celui des valeurs technologies, finit par avoir moins les faveurs de la cote, on observe souvent que les investisseurs tendent à se reporter vers d’autres actifs qui affichent des valorisations plus avantageuses.

«L’environnement de taux d’intérêt va de plus en plus devenir un vent arrière, aussi pour les petites capitalisations.»

Le secteur de la santé, à quelques exceptions, est beaucoup moins cher que celui des technologies. Pourtant, le secteur de la santé sera soutenu par d’importants facteurs qui jouent en sa faveur sur le long terme, tels que le vieillissement de la population, le développement de produits innovants, etc. Si les investisseurs se mettaient demain à vendre les «7 magnifiques», il y aurait une rotation des investissements vers d’autres secteurs. Le secteur de la santé est généralement le plus défensif et le plus résilient dans ce type de situations.

Y a-t-il d’autres secteurs qui vous paraissent intéressants actuellement?

On peut citer par exemple celui des logiciels. Même en cas de récession ou de stagnation de l’économie, les entreprises continuent généralement d’investir dans les logiciels qui sont essentiels à leur fonctionnement.

L’intelligence artificielle (IA) est un thème incontournable depuis plus d’un an. Y a-t-il aussi des small caps qui profitent particulièrement de l’IA?

Oui, et parfois même lorsque l’acronyme IA n’est pas forcément associée à première vue à leur secteur d’activité. C’est le cas de PROS Holding qui utilise les technologies d’apprentissage automatique («machine learning») pour les solutions logicielles en tant que service (SaaS) proposés par cette société.

Il y a beaucoup de discussions actuellement au sujet des attentes de baisses des taux par la Fed durant l’année. L’évolution des taux d’intérêt influence-t-elle aussi votre sélection de titres de petites et moyennes capitalisations?

Sur le plan macroéconomique, nous avons dû affronter des vents contraires tout au long de 2022 en raison de la hausse des taux d’intérêt dans un contexte d’augmentation de l’inflation. Maintenant, l’environnement de taux d’intérêt va de plus en plus devenir un vent arrière, aussi pour les petites capitalisations.

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