Le retour de la croissance portera les actions cycliques

Salima Barragan

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La phase dangereuse du cycle monétaire est passée. Cependant, l’immobilier européen montre des signes de faiblesse. Avec Daniel Varela chez Piguet Galland.

Covid en 2020, invasion de l’Ukraine en 2022, guerre au Moyen-Orient en 2023, que nous réservera cette nouvelle année? À l’heure des prévisions macroéconomiques, une pléthore de préoccupations géopolitiques persiste. Se pose aussi la question de savoir si certaines régions tomberont en récession. Durant cette semaine, 5 experts chevronnés partageront leur stratégie d’investissement pour 2024. L’équipe d’Allnews vous adresse ses meilleurs vœux autour de 5 points clés.

Dans le dernier volet des perspectives, Daniel Varela de la banque Piguet Galland constate que la force du franc suisse a désavantagé les clients helvétiques investis sur les marchés internationaux. Son évolution constituera, cette année, un grand point d’interrogation.

Quelles sont vos principales préoccupations pour cette nouvelle année?

Je suis moins préoccupé qu’au début de 2023, car nous sortons de la phase du cycle la plus dangereuse : le resserrement monétaire qui peut mener à l’éclatement des maillons faibles, tels que l’immobilier et les subprimes aux États-Unis à la fin de la remontée des taux en 2008.

Suite au rallye de novembre, le potentiel des actions semble plus limité. Nous anticipons une hausse annuelle comprise entre 5 et 10%.

Quelques signes avant-coureurs se sont pourtant manifestés en 2023. Rappelons-nous de la crise des banques régionales américaines et la débâcle du Credit Suisse. Cependant, l’immobilier, dont les niveaux de prix sont élevés à travers le monde, reste à mon avis un candidat potentiel. D’ailleurs, les déboires du groupe immobilier autrichien Signa constituent un premier indice à suivre. Le secteur des bureaux souffre aussi de la généralisation du télétravail. L’adage veut qu’un accident financier ne se reproduise pas deux fois au même endroit. 

Aura-t-il lieu en Europe…ou en Chine? Lors du prochain cycle économique, si ce n’est pas celui-ci?

A suivre également l’évolution du cours du pétrole qui est influencée par les tensions géopolitiques. Le conflit en Ukraine a montré que l’énergie constitue une courroie de transmission économique. Une flambée du prix du pétrole pourrait compromettre les anticipations de baisse des taux, et par conséquent, la reprise économique.

L’intérêt retrouvé pour les obligations pénalisera les actions?

Durant la période suivant la crise financière de 2008, les rendements des obligations rivalisaient avec ceux des dividendes, mais les deux classes d’actifs ont évolué dans le même sens. J’ai le sentiment que nous nous orientons vers un contexte de marché similaire, après une période difficile pour les obligations de 2015 à 2023. Ainsi, la classe d’actifs offre à nouveau des rendements supérieurs à l’inflation et un potentiel gain en capital en raison des baisses de taux, et elle peut parfaitement maintenir une corrélation positive aux actions.

Suite au rallye de novembre, le potentiel des actions semble plus limité. Nous anticipons une hausse annuelle comprise entre 5 et 10%.

Les actions européennes feront-elles mieux que les américaines?

Les titres de croissance ont surperformé en 2023 dans la perspective d’un ralentissement conjoncturel. Mais notre scénario table à présent sur une réaccélération économique pour 2025 ; ce qui devrait porter les secteurs sensibles au cycle économique dans l’anticipation d’une reprise de l’activité mondiale. La prédominance de titres cycliques dans la composition des indices européens devrait favoriser le rattrapage de l’Europe.

Vous attendez-vous à une récession en 2024 dans une des régions du monde?

Non, je m’attends à un atterrissage en douceur autour de 0,8% de croissance en Europe, avec une bonne résistance des pays du Sud. En revanche, l’Allemagne est déjà rentrée dans une récession technique. Son secteur industriel a perdu en compétitivité à partir du moment où l’Europe n’a plus eu d’accès au gaz russe bon marché.

Si le monde échappe à la récession grâce au soutien de la consommation, le secteur industriel ne connaît pas cette chance. 

Aux États-Unis, l’économie va ralentir pour atteindre une croissance annuelle de l’ordre de 1,8%, grâce au soutien de la consommation des ménages.

Si le monde échappe à la récession grâce au soutien de la consommation, le secteur industriel ne connaît pas cette chance. Mais les entreprises reprendront confiance dans le courant de l’année 2024.

Quelle est votre stratégie d’investissement pour 2024?

Nous avons renforcé l’allocation sur la partie obligataire et avons nettement allongé la duration, afin de bloquer les taux élevés sur les échéances longues et profiter de la détente monétaire à venir aux États-Unis et en Europe. Nous préférons les obligations de bonne qualité. La dette souveraine et les entreprises Investment Grade offrent davantage de potentiel que les titres à haut rendement dont les primes ne compensent pas l’excédent de risque.

Après la forte progression des indices sur les deux derniers mois de l’année 2023, nous réduisons notre surpondération sur les actions, avec cependant un biais sur la bourse suisse en retard sur ses pairs.

Dans un contexte de baisse de taux attendue cette année, nous sommes exposés à hauteur de 5% sur les fonds immobiliers suisses et 4% sur l’or. Le métal jaune constitue également une assurance en cas d’instabilité sur les marchés.

La cherté du franc suisse a désavantagé les clients helvétiques investis sur les marchés internationaux. L’évolution du franc suisse reste un grand point d’interrogation pour cette année et déterminera notre allocation régionale des portefeuilles exprimés dans la devise nationale.

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