La valorisation de la Vaudoise en question

Philippe Rey

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L’assureur réalisera probablement un bon exercice 2024, sauf accident majeur, selon son CEO, Jean-Daniel Laffely.

 

Le groupe Vaudoise, qui emploie près de 2000 personnes et a enregistré un chiffre d’affaires de 1,38 milliard de francs en 2023, se transforme considérablement. Il demeure cependant faiblement valorisé en Bourse. Le dividende reste attractif, de même que le potentiel d’appréciation de l’action, qui n’a progressé que de 10% depuis le début de l’année, en deçà du secteur. Le point avec Jean-Daniel Laffely, son CEO.

Comment se présente le second semestre 2024?

Il s’est révélé plus favorable, jusqu’ici, que le premier semestre 2024 en ce qui concerne les affaires non vie, en raison notamment des épisodes de grêle moins fréquents et moins importants que l’année dernière, mais attendons encore la fin de l’année. Les autres activités ont une bonne dynamique. 

Vaudoise Assurances Holding reste surcapitalisée. Est-ce encore un avantage au regard d’autres groupes cotés sur Swiss Exchange?

Avec un taux de solvabilité SST de 331,4%, au 30 juin 2024, la Vaudoise fait valoir une forte capitalisation qui nous est très utile pour financer la transformation du groupe et sa croissance rentable. Une forte capitalisation nous procure une marge de sécurité et nous permet également d’abaisser, d’un point de vue économique et non strictement financier, le coût de nos fonds propres. 

La valeur boursière s’élève maintenant à près de 1,5 milliard de francs, soit bien-en dessous des fonds propres publiés (près de 2,5 milliards) n’est-ce pas propice à un rachat d’actions?

Nous en avons effectué un en novembre 2022 à un prix fixe de 402 francs et limité à un nombre maximal de 100'000 actions nominatives B. Ce rachat d’actions avait été proposé pour offrir la liquidité supplémentaire aux actionnaires désireux alors de vendre à des conditions proches du marché. Ce programme a connu un succès modéré. 

Les investisseurs préfèrent-ils toucher une dividende substantiel?

On peut l’observer en effet, à tel point que les investisseurs font parfois fi d’une variation positive ou négative des fonds propres, en mettant l’accent sur le dividende. La Vaudoise vise à cet égard un payout ratio de 50%, tout en veillant à un équilibre avec la part des bénéfices redistribuée aux assurés en vertu de notre modèle coopératif hybride.

«Le niveau de provisions techniques et mathématiques très élevé se reflète dans la marge de solvabilité SST.»

La structure financière du groupe Vaudoise paraît très solide, notamment avec un niveau de provisions techniques et mathématiques très élevé, dont une part à caractère de fonds propres…

Le niveau élevé que vous décrivez se reflète justement dans la marge de solvabilité SST, qui se situe sensiblement au-dessus de la moyenne. 

Quelle est la structure des placements à l’actif du bilan du groupe?

Elle se révèle stable, tout en étant optimisée par rapport à notre capacité de prise de risques. La Vaudoise se montre un peu plus orientée sur les revenus variables en non-vie et plus orientée sur les revenus fixes en vie pour des raisons de gestion actif-passif. 

Globalement, la part brute d’actions s’élève en moyenne à un peu plus de 20%, à l’instar des placements immobiliers, tandis que celle des hypothèques et des prêts est de l’ordre de 5% à 7% chacune; le private equity affiche une part de 5%. Le reste du portefeuille, soit 40% approximativement, consiste dans les titres à revenus fixes. 

Investissez-vous directement dans des entreprises en private equity?

Non, nous n’investissons, en la matière, qu’à travers des fonds d’investissement sélectionnés et largement diversifiés. 

Menez-vous une gestion active concernant les actions?

Nous le faisons pour les titres du SPI en déléguant cette gestion à une firme qui réalise une performance supérieure à celle du marché depuis dix ans. Les dividendes ne sont pas le seul critère d’investissement, mais l’analyse et l’estimation de la valeur des entreprises. En ce sens, il s’agit d’une approche de value investing. 

Quels sont vos principaux objectifs stratégiques pour 2025 et plus?

Une croissance durablement supérieure à la moyenne du marché dans les branches d’assurances dommages, tout en visant un ratio combiné net non-vie de 94%, ce qui reste ambitieux eu égard aux conditions du marché; ce dernier tenant compte des primes de réassurance acceptées et cédées ainsi que des éliminations de consolidation. Nous devons donc nous montrer disciplinés en matière de souscription des risques, des tarifs, et des adaptations de prix correspondantes, particulièrement dans les assurances auto, ménage et responsabilité civile. 

Deux autres objectifs sont la poursuite du développement considérable en Suisse alémanique ainsi qu’un développement dynamique des affaires vie individuelle et de prévoyance. 

Sans oublier la transformation digitale du groupe qui se poursuit avec le déploiement de nouvelles solutions digitales au bénéfice de notre clientèle, avec une offre renouvelée, ainsi qu’une gestion efficiente des sinistres et de leurs règlements. Nous visons également une part au bénéfice net du groupe de 15% concernant les activités complémentaires à notre coeur de métier assurantiel, d’ici 2027. 

La Vaudoise a acquis au premier semestre la société Prevanto Holding. Dans quel but?

Prevanto est active dans le conseil aux institutions de prévoyance publiques et privées. Cette acquisition permet à Vaudoise de devenir le leader en nombre d’experts sur le conseil actuariel aux institutions de prévoyance en Suisse. Nous avons, du reste, également intégré les spécialistes Swiss Life pension services dans ce domaine, groupe avec lequel nous avons un partenariat. Prevanto renforce notre présence dans les cantons de Zurich et Bâle et complète, ce faisant, celle de notre filiale Pittet Associés, cette dernière étant très bien placée en Suisse romande et dans la région de Berne. 

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