L’aventure entrepreneuriale

Salima Barragan

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La Finma n’a pas dissuadé une cinquantaine de nouvelles sociétés à se lancer dans les affaires. Avec Francesco Genovese d’Uniq Capital.

À contre-courant des rapprochements entre gérants indépendants, de nouvelles structures ouvrent boutique. Une cinquantaine des 550 gestionnaires de fortune autorisés jusqu’à ce jour par la Finma sont des sociétés fraichement constituées. Uniq Capital, lancée en décembre 2021, en fait partie. Convaincus de leur business modèle, les fondateurs y ont injecté leur patrimoine et des encours du deuxième pilier. Entretien avec le CEO Francesco Genovese et le CIO Jeremy Ittah.

Pourquoi vous lancez-vous dans l’aventure entrepreneuriale au moment où la Finma devient plus exigeante envers la profession?

FG: Nous cherchions à servir nos clients au mieux de leur intérêt. Or la nouvelle réglementation de la Finma offre un meilleur cadre autour des sociétés. Par expérience, je peux affirmer qu’il est toujours très positif de collaborer avec des régulateurs.

Quels sont à vos yeux, les avantages d’une structure de 5 employés, telle que la vôtre?

FG: Il est difficile de comparer les différents acteurs de la branche, mais nous avons l’avantage d’être agiles et flexibles contrairement à un grand groupe. Cet atout nous permet, entre autres, de faire du sur-mesure pour nos clients.

JI: Avec les règles de la Finma que nous suivons, nos clients auront l’avantage d’avoir plus de visibilité sur leurs investissements.

Vous êtes une des rares sociétés de gestion à avoir obtenu l’aval de la Finma pour gérer des encours soumis à la LPP. En quoi consiste votre modèle d’affaires?

FG: Il est basé sur trois axes. Le premier consiste en la gestion de fortune privée, mais aussi celle institutionnelle qui inclut la gestion LPP. Nous sommes chanceux de collaborer avec les plus grandes institutions. Nous avons également un pôle Asset Management dans lequel nous proposons des fonds non cotés. Nous travaillons avec des acteurs ayant accès à des startups. Enfin, nous avons une partie Investment Office pour les investisseurs qui souhaitent placer des encours dans la technologie, dont les due diligence demeurent spécifiques au secteur.  Nous considérons nos clients comme des partenaires avec lesquels nous partageons notre savoir-faire.

Quelles ont été les difficultés lors du lancement de la société?

FG: Hormis le contexte actuel de guerre en Ukraine, des marchés baissiers ainsi que des effets de taux d’intérêt et de l’inflation, nous n’avons pas eu beaucoup de difficultés sur le plan administratif, car une équipe d’avocats nous a secondés. Nous avons déposé notre demande de licence en décembre 2021 puis avons reçu l’aval de la Finma lors du printemps suivant.

La demande d’autorisation de la Finma n’est-elle pas une expérience laborieuse?

JI: Bien que cette autorisation s’entoure d’une aura mystique, nous avons été également bien accompagnés par l’OSIF, notre organisme de surveillance. Nous escomptions cette licence rapidement.

FG. Ma carrière m’a enseigné que traiter avec les autorités est une chose normale. D’autant plus que nous voyons le nouveau cadre proposé très positivement.

Comment votre société supporte-t-elle la charge de travail supplémentaire, notamment administrative, induite par les nouvelles exigences?

FG: Nous avons externalisé les fonctions de compliance. Elles constituent une charge économique intégrée depuis le départ dans notre business plan.

FG: Afin de financer la société, les deux associés ont mis toute ou partie de leur patrimoine dans le projet. Dans mon propre cas, j’ai retiré l’intégralité de mon deuxième pilier afin de faire face aux dépenses liées aux activités.

Nous avons un fort biais sur la gestion de prévoyance et nous proposons à nos clients les mêmes solutions que celles que nous utilisons. En d’autres termes: notre argent LPP est géré comme celui de nos clients.

Quelle est votre vision de l’évolution de l’industrie durant les prochaines années?

FG: Cette nouvelle réglementation va inéluctablement mener à des fusions entre certains types de gérants, mais elle demeure un bienfait pour la branche, car elle est dans l’intérêt des clients.

JI: Le savoir-faire connu et reconnu de la gestion de fortune suisse continuera, que ce soit au niveau de la clientèle privée ou institutionnelle.

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