Blockchain et compliance, un couple à l’avenir prometteur

Anne Barrat

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Coffre fort numérique: l’essai concluant avec les banques privées ouvre les portes à d’autres marchés. Révolution de la compliance avec Vincent Pignon, CEO de Wecan.

Après avoir convaincu le secteur financier de l’intérêt d’un coffre-fort numérique sur la blockchain peu susceptible d’être corrompu et simplifiant la gestion de leurs obligations de conformité, la start-up genevoise Wecan s’attaque à de nouveaux marchés. Pour financer ses développements, elle vient de lever 3,3 millions de francs à l’issue d’un tour de table qui a attiré aussi bien les actionnaires historiques que de futurs partenaires stratégiques tel Michel Reybier. Une histoire d’avenir avec Vincent Pignon, fondateur et CEO de Wecan.

«L’outil que nous avons développé a tous les avantages d’un progiciel de gestion (ERP), mais en dépasse largement les fonctionnalités.»
Wecan boucle son 2e tour de table grâce à la confiance renouvelée des investisseurs d’origine, qu’est-ce que cela signifie?

Les travaux intensifs que nous avons menés depuis plus d’un an avec les banques privées et les gérants de fortune indépendants (GFI) pour mettre au point une infrastructure qui permette de gérer leur compliance sur la blockchain s’est révélée concluante. Ils peuvent désormais gérer toutes les contraintes réglementaires de conformité sur un tableau de bord unique, en temps réel. Autrement dit, prendre des mesures de correction des erreurs et de mitigation des risques très rapidement pour se mettre en conformité avec les exigences des régulateurs, et cela en toute simplicité. Ils bénéficient en quelque sorte d’une nouvelle génération de plateforme dédiée à la gestion de la conformité qui remplace par un audit systématique ce qui existe aujourd’hui, à savoir un audit a posteriori d’un échantillon de données sur une base aléatoire visant à détecter des anomalies. Il s’agit donc d’un véritable changement de paradigme que les 13 banques privées et les 74 GFI qui ont accepté de participer au premier cas d’usage initié en mars 2021 ont validé. Il y a dès lors fort à parier que d’autres banques suivront, d’autres acteurs de l’industrie financière.

Pourquoi le feraient-ils?

D’une part parce que l’outil que nous avons développé, Wecan Comply, a tous les avantages d’un progiciel de gestion (ERP), mais en dépasse largement les fonctionnalités: il simplifie la mise en conformité, le partage de données, tout en renforçant drastiquement la sécurité et la traçabilité. Il est basé sur la blockchain, une infrastructure incorruptible qui permet un horodatage non falsifiable dont personne ne peut modifier les données entrées a posteriori. Pour tous les acteurs de la finance, les GFI notamment, pour lesquels la compliance représente un poids lourd à gérer, migrer sur une plateforme de partage de données où les mises à jour sont accessibles par toutes les contreparties immédiatement, où les informations circulent de manière parfaitement fluide et transparente est un avantage compétitif très appréciable. Ils peuvent choisir à tout moment les contreparties avec lesquelles ils partagent leurs données. Cela ressemble à un coffre-fort numérique où toutes les données dont stockées et encryptées donc illisibles par un tiers. La clé peut être, comme celle qu’un propriétaire confie à un locataire, reprise à tout moment.

«Toutes les parties prenantes reçoivent les informations, il est très difficile de tricher.»
Un outil de mise en conformité plus sûr, plus simple mais aussi moins cher: peut-on parler d’une gestion «low cost» de la compliance?

Plus simple, plus sûr, et moins onéreux pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de l’industrie financière, sans aucun doute. Dans le modèle d’affaire appliqué à notre premier cas d’usage, les banques privées ont participé à hauteur de quelques dizaines de milliers de francs à quelques centaines de milliers en fonction de leur taille à travers une licence annuelle bien moins élevée que celle d’un progiciel de gestion. Les GFI, eux, ne paient rien.

De nouveaux investisseurs, non bancaires, ont participé à cette augmentation de capital. Sont-ils passifs ou bien des partenaires stratégiques?

Des investisseurs d’autres industries nous ont en effet rejoint. C’est le cas de Michel Reybier, fondateur de La Réserve et actif dans des secteurs aussi divers que l’hôtellerie (La Réserve, Mama Shelter), le vin (château Cos d'Estournel) et les cliniques privées (Genolier, Nescens). Ce n’est pas un hasard, et cela reflète le potentiel du coffre-fort numérique que nous avons développé pour la finance, c’est-à-dire d’une architecture de données encryptées et standardisées. Les applications sont en effet nombreuses, étant donné les industries pour lesquelles la gestion de la compliance, est clé car elle conditionne la réduction des risques. Une plateforme comme celle que nous avons conçue permet d’enregistrer, vérifier et mettre à jour des données basiques: identité, nationalité, permis de travailler, mais aussi normes ISO pour les fournisseurs, labels Bio,…, le spectre est infini. Toutes les parties prenantes reçoivent les informations, il est plus difficile de tricher. Vérifier la véracité des données devient un jeu d’enfant.

Le soutien que nous avons reçu du groupe de Michel Reybier est symbolique du potentiel de notre coffre-fort numérique, et participe d’un partenariat stratégique. Il facilitera la vérification de la conformité de tous les maillons depuis la gestion des patients en regard des réglementations sanitaires, jusqu’à celle des chaînes d’approvisionnement, en passant par celle des collaborateurs.

A quoi vont vous servir ces nouveaux fonds?

Ils vont nous permettre de diversifier notre offre de produits et d’ouvrir de nouveaux marchés, aussi bien en termes d’industries que de géographie, autrement dit de nous déployer à l’international, que ce soit pour des gouvernements, des banques ou des organisations qui souhaitent sécuriser leurs données, en garantir l’auditabilité et améliorer leur gestion des risques.

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