Ralph Hamers appelé à succéder à Sergio Ermotti à la tête d’UBS

AWP

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Le Néerlandais, actuel patron d’ING Group, prendra ses fonctions le 1er novembre prochain.

Alors que les rumeurs se faisaient instantes depuis plusieurs mois, UBS confirme le départ de son directeur général, Sergio Ermotti. Pour succéder au Tessinois à la tête du numéro un bancaire depuis avril 2011, le conseil d’administration a désigné Ralph Hamers. Le Néerlandais, actuel patron d’ING Group, prendra ses fonctions le 1er novembre prochain.

Officialisant tard dans la soirée de mercredi le départ de Sergio Ermotti dans un communiqué, UBS a créé un certaine surprise en dévoilant l’identité du successeur du Tessinois et coupant court aux spéculations. Afin d’assurer une transition en douceur, M. Hamers rejoindra la direction d’UBS le 1er septembre, a précisé l’institut de la Paradeplatz zurichoise. Il prendra ensuite ses fonctions de directeur général le 1er novembre.

M. Hamers a été choisi au terme d’un «processus de sélection approfondi et rigoureux», ajoute UBS. Le Néerlandais a rejoint ING Group en 1991. Il a ensuite gravi les échelons jusqu’à en prendre la direction en 2013.

Un nouveau chapitre

«Après près d’une décennie en tant que CEO, le moment est venu d’écrire mon prochain chapitre. UBS est en pleine forme, bénéficie d’une flexibilité stratégique maximale et est bien positionnée pour une croissance durable», explique le Tessinois, cité dans le communiqué.

Issu de la banque d’affaires, Sergio Ermotti avait été propulsé temporairement dans un premier temps directeur général en septembre 2011, après le départ d’Oswald Grübel, à la suite du scandale lié à la fraude d’un trader londonien d’UBS. L’Allemand, déjà sauveur auparavant de Credit Suisse, avait été rappelé de sa retraite pour remettre de l’ordre dans la maison UBS, embourbée dans la crise financière et sauvée de la faillite par l’intervention de la Confédération et de la Banque nationale suisse (BNS).

M. Ermotti avait été nommé définitivement à ce poste deux mois plus tard. Il avait intégré la direction générale d’UBS en avril 2011, chargé alors des activités de la banque en Europe, Afrique et Moyen-Orient. Auparavant, il avait oeuvré durant 18 ans pour la banque américaine Merrill Lynch avant de rejoindre l’établissement italien UniCredit en 2005.

Le futur patron d’UBS est un champion de la numérisation
Le futur directeur de la grande banque UBS, Ralph Hamers, est un dirigeant reconnu pour le virage numérique qu’il a opéré à la tête de l’établissement ING, son actuel employeur. Le groupe bancaire néerlandais a subi une véritable transformation sous la houlette du successeur de Sergio Ermotti, affirment certains observateurs jeudi.
Agé de 53 ans, M. Hamers a été fidèle à ING ces 29 dernières années. Il a occupé diverses fonctions dirigeantes, notamment comme chef de marché en Roumanie ou en Belgique, avant de prendre les rênes du groupe batave en 2013.
ING Group a connu de profonds changements au cours de l’ère Hamers, notamment l’abandon de l’activité assurance, une décision prise par le dirigeant avant même que celui-ci entre en fonction, mais également un vaste programme de réduction des coûts. Ralph Hamers a hérité en 2013 d’un bateau passablement malmené par la tempête financière de 2008.
Les destins d’UBS et de la banque batave sont d’ailleurs similaires. Tout comme le numéro un bancaire helvétique, ING a dû recourir à l’aide de l’Etat - et donc à l’argent du contribuable - pour sortir de l’ornière après la crise. Une bouée de sauvetage sonnante et trébuchante remboursée jusqu’au dernier centime par ING, en 2014.
Le groupe amstellodamois s’y connait également en matière d’ennuis judiciaires. En 2018, il avait dû s’acquitter d’une amende de 775 millions d’euros (822 millions de francs au cours actuel) à la suite d’un vaste scandale de blanchiment d’argent. C’est bien moins que la douloureuse de 3,5 milliards d’euros infligée l’année dernière par la justice française à UBS pour «démarchage bancaire illégal» et «blanchiment aggravé de fraude fiscale».

Grosse revalorisation salariale
Le bilan de Ralph Hamers ne se résume pas simplement à ces péripéties. Le secteur bancaire le considère comme l’un des fers de lance de la transformation numérique et considère l’établissement néerlandais comme un «exemple en la matière», souligne l’analyste Andreas Venditti, de Vontobel. Ce profil spécialisé a certainement pesé lourd dans la balance au moment du choix du nouveau patron d’UBS, affirme ce connaisseur de l’industrie.
Le successeur de Sergio Ermotti a souvent insisté lors d’interventions publiques sur la nécessité pour les métiers de la banque de s’adapter au nouvel environnement numérique. Lors d’une interview à Finews l’année dernière, il a souligné le rôle incontournable des géants technologiques Facebook, Amazon ou Apple dans ce processus de transformation.
Mais cette nomination ne soulève pas seulement de l’enthousiasme. ING est l’hériter de l’ancienne banque postale néerlandaise, donc traditionnellement tourné vers la clientèle de détail, alors que la gestion de fortune figure parmi les priorités stratégiques d’UBS. Ces deux mondes sont totalement différents.
Quoiqu’il en soit, Ralph Hamers peut s’attendre à une revalorisation salariale conséquente. L’actuel patron ING devrait toucher quelque 2 millions d’euros de salaire au titre de 2019, estiment différents médias. Pour rappel, l’augmentation à 3 millions qu’il s’était octroyé en 2018 avait soulevé un véritable tollé aux Pays-Bas.
A titre de comparaison, les jetons de présence perçus par le président d’UBS Axel Weber - 6 millions - dépassent largement le salaire actuel de Ralph Hamers. Sergio Ermotti a touché 13,8 millions l’année dernière.
Une autre comparatif entre UBS et ING est cette fois en faveur de M. Hamers, à savoir le cours de l’action. Depuis octobre 2013, le titre ING Group est passé de 8,64 à 10,25 euros, soit une envolée de près de 19%. Au cours de la même période, l’action UBS a perdu près de 20% de sa valeur, à 13,20 francs actuellement.

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