Les banques européennes se sont sorties honorablement d’un contexte économique morose en début d’année, ponctué par des annonces d’achats et de cessions de filiales et la fin très attendue de la participation à un fonds de sauvetage.
Les chiffres publiés par les établissements bancaires ces derniers jours «sont plutôt bons», constate auprès de l’AFP Guillaume Larmaraud, associé chez Colombus Consulting. Les activités de financement et d’investissement leur ont permis d’«encaisser un contexte pas extrêmement porteur pour les activités historiques, de banque de détail», notamment en France, ajoute-t-il.
Le géant français BNP Paribas fait toujours figure de référence, avec 3,1 milliards d’euros de résultat net, suivi en France par le groupe Crédit Agricole et ses 2,4 milliards d’euros de bénéfice net entre janvier et mars. Les banques espagnoles, avantagées sur leur marché domestique par la hausse des taux grâce à leur politique de prêts à taux variables, sont aussi dans le groupe de tête.
Santander a ainsi rendu compte d’une activité commerciale solide sur ses principaux marchés et dégagé 2,85 milliards d’euros de résultat net entre janvier et mars (+11%). Son concurrent BBVA a vu dans le même temps son bénéfice net s’envoler de 19%, notamment grâce à de bons résultats opérationnels en Espagne et au Mexique, pour atteindre 2,2 milliards d’euros.
En Allemagne, Deutsche Bank a quant à elle enregistré un résultat net de 1,28 milliard d’euros, en hausse de 10% sur un an et «le meilleur enregistré depuis 2013» pour un début d’année selon le patron Christian Sewing. Les banques italiennes Intesa Sanpaolo et Unicredit n’ont elles pas encore publié leurs résultats du premier trimestre, de même que le suisse UBS.
Appétit et fin du FRU
Le trimestre a été jalonné de coups tactiques de plusieurs acteurs bancaires, se délestant ou s’adjoignant des activités en cohérence avec leur feuille de route stratégique. Société Générale continue par exemple à se retirer du continent africain et a annoncé au début du mois d’avril sa volonté de céder ses activités de financement de biens d’équipements pour les entreprises, regroupées dans sa filiale SGEF.
BPCE, qui regroupe les Banques populaires et les Caisses d’épargne, lui en a offert 1,1 milliard d’euros. BNP Paribas commence de son côté à utiliser son «trésor de guerre», observe M. Larmaraud, garni grâce à la vente d’une filiale aux Etats-Unis, Bank of the West. Le géant français s’est offert mi-avril 9% de l’assureur belge Ageas pour «environ 730 millions d’euros».
De l’autre côté des Pyrénées, le groupe BBVA a annoncé avoir pris contact avec sa concurrente Sabadell pour discuter d’une «possible fusion», trois ans et demi après l’échec d’un premier projet de rapprochement. Les banques européennes ont pu dans une certaine mesure bénéficier d’une base de comparaison favorable par rapport au premier trimestre 2023, puisqu’elles n’ont pas eu cette année à abonder le Fonds de résolution unique (FRU), contrairement à l’an passé.
Le président du Conseil de résolution unique, Dominique Laboureix, l’avait confirmé début février. Ce dispositif européen, destiné à voler au secours d’un établissement qui se retrouverait en difficulté financière, a été alimenté depuis 2016 par les banques européennes. Le FRU est désormais arrivé à sa taille cible, couvrant au moins 1% des dépôts éligibles en Europe.
«C’est un soulagement de ne plus avoir cette contribution à payer», a souligné vendredi lors d’une conférence de presse la directrice financière de la Société Générale, Claire Dumas. «D’autres mécanismes pourraient être mis en place» à l’échelle européenne, prévient cependant Matthieu Prieuret, associé chez Eurogroup Consulting, qui rappelle les difficultés traversées l’an dernier par plusieurs banques régionales aux Etats-Unis.