Nous nous y habituons peu à peu: chaque année quasiment, il se produit des événements que nous pouvions difficilement imaginer un an auparavant. A peine avons-nous plus ou moins surmonté la pandémie qu’à quelques heures de vol de notre pays, une guerre fait rage, dont l’impact est tangible pour l’Europe toute entière et l’économie mondiale, mais aussi pour la Suisse et sa place financière.

Dans une telle période d’incertitude et de changement, il faut qu’en tant que branche, nous puissions faire preuve d’agilité dans notre capacité d’action à court terme et qu’à plus long terme, nous bâtissions sur la base d’un solide et vertueux socle de valeurs. Au cours de la dernière décennie, la place financière suisse a opéré les changements qu’il fallait faire, et elle le fera également au cours de la prochaine. Le secret bancaire à l’égard des clients étrangers a été remplacé par l’échange automatique de renseignements, et la législation sur le blanchiment d’argent a été sans cesse développée et renforcée en conformité avec les normes internationales. Les réserves de fonds propres nécessaires ont, elles aussi, été accrues en conséquence.

Peu s’attendaient à l’époque à ce que le secteur financier fasse preuve d’une telle capacité d’adaptation. C’était ignorer apparemment que nous ne devons pas notre succès à un avantage isolé comme le secret bancaire, mais plutôt à un faisceau de facteurs formant un tout cohérent et basés sur des valeurs helvétiques solides telles que la liberté, le sens des responsabilités, la stabilité, la subsidiarité, la modestie, la fiabilité et la minutie. La place financière suisse est ainsi en mesure d’offrir un très haut niveau de qualité dans le conseil des clients. Sans ce solide socle de valeurs, il eût été impossible de maintenir notre position de leader mondial dans la gestion de fortune.

Cette position n’est toutefois pas gravée dans le marbre vu la concurrence sans cesse plus intense entre les places financières. Pour préserver notre position de force dans le monde, il est essentiel que la branche reste innovante et veille, avec le concours du monde politique et de l’administration, à ce que la Suisse continue de proposer des conditions cadres attrayantes. Cela n’est pas le cas partout pour la branche de la gestion de fortune. L’absence d’accès au marché de l’UE saute particulièrement aux yeux. Des avancées sont indispensables dans ce domaine. La Suisse risque sinon de perdre de la création de la valeur, des emplois et du substrat fiscal.

Les banques doivent elles aussi faire d’importants efforts pour rester compétitives. Cela passe notamment par des investissements et le recours à des technologies nouvelles basées sur la numérisation, afin de tenir compte des changements de comportement des clients. Dans ce domaine, de gros progrès ont été accomplis ces dernières années, grâce aussi au coup d’accélérateur donné par la pandémie.

Enfin, le thème de l’investissement durable gagne toujours plus en importance pour nos clients, et la Suisse est parfaitement positionnée pour renforcer encore sa position de hub de référence pour la finance durable. Avec son initiative sectorielle dans ce domaine, l’ABG s’est clairement positionnée en définissant 16 priorités d’action qui seront régulièrement réexaminées et développées au fur et à mesure. Ces mesures concernent la transparence et la publication, les solutions de placement et la formation ainsi que la réduction des émissions à effet de serre. Notre branche apporte ainsi sa contribution au processus de transformation vers une économie plus durable.

Même si, en raison de facteurs d’incertitude, les défis à relever ne seront à l’avenir pas moins nombreux, j’ai la conviction profonde que la place suisse de gestion de fortune, grâce à son agilité et à son socle de valeurs, pourra continuer demain à tirer parti de ses atouts et à garder son attrait pour les clients du monde entier.

Pour terminer, j’aimerais encore profiter de l’occasion pour remercier les nombreux membres qui s’emploient à défendre les intérêts de la branche de la gestion de fortune au sein d’organes autant internes qu’externes. J’adresse ainsi mes plus chaleureux remerciements à tous nos membres, qui mettent leurs équipes d’experts à notre disposition, ainsi qu’à mes collègues du Comité et du bureau pour leur remarquable collaboration.